monuments des belles époques de l’art; mais si l’on considère qu’il appartient,
suivant toute apparence, à cette période de décadence artistique qui envahit
presque toute l’Europe pendant plusieurs siècles, on doit reconnaître qu’il offre
un spécimen relativement remarquable de l’art à cette époque et que l’artiste
qui en fut l’auteur était un homme vraiment habile pour son temps.
Au point de vue iconographique, ce petit monument se recommande également
par certaines particularités dont il y a lieu de dire quelques mots.. Le Christ
forme le centre de la composition. Son attitude sur la croix est celle que nous
lui voyons dans un grand nombre de miniatures et d’ivoires du xe et du xie siècles.
Sa tête n’est point coiffée de la couronne d’épines, mais le fait est trop
commun dans les Christs antérieurs au xme siècle, pour qu’il y ait lieu de s’y
arrêter. Il n’est pas nimbé, contrairement à l’usage habituel depuis la fin de
l’époque carlovingienne.
Au dessus des bras de la croix, nous voyons deux disques qui contiennent les
figures malheureusement mutilées du soleil et de la lune. Il n’v a pas lieu
d’insister sur ce détail, c’est pour ainsi dire un accessoire obligé du crucifie-
ment, surtout à l’époque romane. On sait que le soleil et la lune sont le plus
habituellement représentés sous la forme d’une tête radiée et d’un disque plus
ou moins échancré ou sous la figure de deux petits personnages en buste, l’un
coiffé de rayons, l’autre d’un croissant1 2, c’est sous cette dernière forme qu’ils
devaient être ici. Senlement, au lieu d’avoir le visage dirigé vers la croix,
comme c’est la règle, ils sont tournés en sens contraire3.
1. C’est ainsi qu’ils sont figurés dans line minia-
ture de la célèbre bible syriaque du vie siècle
conservée à la bibliothèque Laurentienne. Voir
l’excellente reproduction de cette miniature donnée
par Labarte dans son Histoire des Arts industrielSj pl.
lxxx de la 1re édition.
2. Dans les ivoires publiés par Labarte et par les
pères Cahier et Martin, on en peut voir de nombreux
exemples.
3. Rien n’est plus rare que cette attitude. Les
Pères Cahier et Martin , dans leurs Mélanges d’archéo-
logie , M. Labarte dans l’atlas de son Histoire des
Arts industriels, ont publié une nombreuse série
d’ivoires, de reliures, d’objets d’orfèvrerie, etc.,
sur lesquels nous voyons le soleil et la lune tournés
vers la croix. 11 y a cependant quelques très
anciennes exceptions à cette règle. Ainsi, sur une
ampoule du vie siècle, appartenant au trésor de
Monza, Je soleil et la lune sont représentés sous la
forme de deux tètes adossées à la figure du Christ
ou du Père éternel en buste qui domine la croix.
(Martigny, Dict. des antiq. chrét. 2e éd., p. 226.) Le
P. Garrucci a publié deux autres ampoules de même
date, dans lesquelles le soleil et la lune sont repré-
sentés de la même façon. (Garrucci, pl. 434,
nos 2 , o et 6.)
suivant toute apparence, à cette période de décadence artistique qui envahit
presque toute l’Europe pendant plusieurs siècles, on doit reconnaître qu’il offre
un spécimen relativement remarquable de l’art à cette époque et que l’artiste
qui en fut l’auteur était un homme vraiment habile pour son temps.
Au point de vue iconographique, ce petit monument se recommande également
par certaines particularités dont il y a lieu de dire quelques mots.. Le Christ
forme le centre de la composition. Son attitude sur la croix est celle que nous
lui voyons dans un grand nombre de miniatures et d’ivoires du xe et du xie siècles.
Sa tête n’est point coiffée de la couronne d’épines, mais le fait est trop
commun dans les Christs antérieurs au xme siècle, pour qu’il y ait lieu de s’y
arrêter. Il n’est pas nimbé, contrairement à l’usage habituel depuis la fin de
l’époque carlovingienne.
Au dessus des bras de la croix, nous voyons deux disques qui contiennent les
figures malheureusement mutilées du soleil et de la lune. Il n’v a pas lieu
d’insister sur ce détail, c’est pour ainsi dire un accessoire obligé du crucifie-
ment, surtout à l’époque romane. On sait que le soleil et la lune sont le plus
habituellement représentés sous la forme d’une tête radiée et d’un disque plus
ou moins échancré ou sous la figure de deux petits personnages en buste, l’un
coiffé de rayons, l’autre d’un croissant1 2, c’est sous cette dernière forme qu’ils
devaient être ici. Senlement, au lieu d’avoir le visage dirigé vers la croix,
comme c’est la règle, ils sont tournés en sens contraire3.
1. C’est ainsi qu’ils sont figurés dans line minia-
ture de la célèbre bible syriaque du vie siècle
conservée à la bibliothèque Laurentienne. Voir
l’excellente reproduction de cette miniature donnée
par Labarte dans son Histoire des Arts industrielSj pl.
lxxx de la 1re édition.
2. Dans les ivoires publiés par Labarte et par les
pères Cahier et Martin, on en peut voir de nombreux
exemples.
3. Rien n’est plus rare que cette attitude. Les
Pères Cahier et Martin , dans leurs Mélanges d’archéo-
logie , M. Labarte dans l’atlas de son Histoire des
Arts industriels, ont publié une nombreuse série
d’ivoires, de reliures, d’objets d’orfèvrerie, etc.,
sur lesquels nous voyons le soleil et la lune tournés
vers la croix. 11 y a cependant quelques très
anciennes exceptions à cette règle. Ainsi, sur une
ampoule du vie siècle, appartenant au trésor de
Monza, Je soleil et la lune sont représentés sous la
forme de deux tètes adossées à la figure du Christ
ou du Père éternel en buste qui domine la croix.
(Martigny, Dict. des antiq. chrét. 2e éd., p. 226.) Le
P. Garrucci a publié deux autres ampoules de même
date, dans lesquelles le soleil et la lune sont repré-
sentés de la même façon. (Garrucci, pl. 434,
nos 2 , o et 6.)