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devenir monotone. Il en est toujours ainsi des œuvres qui, tout en ayant une
certaine originalité, manquent de profondeur. » Les têtes de femmes qu’il
sculpte, vaguement souriantes ou empreintes d’une rêveuse sérénité, ont cons-
tamment une grâce extrême, mais un peu superficielle, avec un singulier
mélange de simplicité et de maniérisme. L’exécution, finie à l’excès, tombe
dans la sécheresse et dans le cassant. Le modelé est roide et tendu. Le marbre
trop poli semble passé au brunissoir et donne une sensation de porcelaine. Les
yeux sont toujours rendus par le même procédé, tout à fait personnel : l’iris est
dessiné sèchement par une incision circulaire, la pupille, très petite, exprimée
par un coup profond de trépan. & Mino, remarque de plus M. Courajod, a une
manière spéciale de représenter les seins des femrnes.il les dessine sous l’étoffe
delà robe; il en esquisse très nettement le relief et les contours en leur donnant
toujours le même galbe uniformément pyramidal. A l’aide de cette formule
quasi-géométrique, il produit un effet d’une exquise et adorable décence.
Toutes ces particularités si caractéristiques sont marquées de la façon la plus
frappante dans le marbre du Cabinet des médailles, qui offre ce grand intérêt
d’être, avec le merveilleux portrait d’homme de la collection de M. Dreyfus, le
seul morceau signé de Mino qui existe à Paris, celui, par conséquent, auquel
doivent être comparées ses sculptures non signées pour en déterminer l’attri-
bution.
Une circonstance encore digne de remarque dans ce bas-relief est qu’il a
conservé en grande partie la coloration des yeux, la peinture bleue étendue sur
le vêtement, ainsi que la dorure appliquée au bord de ces vêtements et sur les
cheveux. Mino da Fiesole peignait et dorait assez généralement ses marbres. Ils
en offrent souvent des traces, que l’on peut, par exemple, fort bien observer
dans ses sculptures de la cathédrale de Fiesole et dans celles du rétable de
l’église San-Pietro de Pérouse.
Fr. LENORMANT.
devenir monotone. Il en est toujours ainsi des œuvres qui, tout en ayant une
certaine originalité, manquent de profondeur. » Les têtes de femmes qu’il
sculpte, vaguement souriantes ou empreintes d’une rêveuse sérénité, ont cons-
tamment une grâce extrême, mais un peu superficielle, avec un singulier
mélange de simplicité et de maniérisme. L’exécution, finie à l’excès, tombe
dans la sécheresse et dans le cassant. Le modelé est roide et tendu. Le marbre
trop poli semble passé au brunissoir et donne une sensation de porcelaine. Les
yeux sont toujours rendus par le même procédé, tout à fait personnel : l’iris est
dessiné sèchement par une incision circulaire, la pupille, très petite, exprimée
par un coup profond de trépan. & Mino, remarque de plus M. Courajod, a une
manière spéciale de représenter les seins des femrnes.il les dessine sous l’étoffe
delà robe; il en esquisse très nettement le relief et les contours en leur donnant
toujours le même galbe uniformément pyramidal. A l’aide de cette formule
quasi-géométrique, il produit un effet d’une exquise et adorable décence.
Toutes ces particularités si caractéristiques sont marquées de la façon la plus
frappante dans le marbre du Cabinet des médailles, qui offre ce grand intérêt
d’être, avec le merveilleux portrait d’homme de la collection de M. Dreyfus, le
seul morceau signé de Mino qui existe à Paris, celui, par conséquent, auquel
doivent être comparées ses sculptures non signées pour en déterminer l’attri-
bution.
Une circonstance encore digne de remarque dans ce bas-relief est qu’il a
conservé en grande partie la coloration des yeux, la peinture bleue étendue sur
le vêtement, ainsi que la dorure appliquée au bord de ces vêtements et sur les
cheveux. Mino da Fiesole peignait et dorait assez généralement ses marbres. Ils
en offrent souvent des traces, que l’on peut, par exemple, fort bien observer
dans ses sculptures de la cathédrale de Fiesole et dans celles du rétable de
l’église San-Pietro de Pérouse.
Fr. LENORMANT.