Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux (8.1883)

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lument caractéristique d’une époque déterminée. J’ai montré par plusieurs
exemples qu’il était fort employé aux me et ivc siècles avant notre ère, mais
comme bien d'autres motifs de dessin, le triquètre, par exemple, il est resté
bien longtemps de mode et l’on peut le retrouver sur des objets de date bien
postérieure. Je n’en citerai qu’un exemple : dans une des dernières livraisons
du grand recueil de M. Lindenschmit*, on peut voir une boucle de ceinturon
en argent, recouverte d’une lame d’or estampée sur laquelle se trouvent des S
adossés, de môme style que ceux de notre phalère. Or, cette boucle, aujour-
d'hui conservée dans le Musée de Mayence, a été trouvée à Alzey, sur les bords
du Rhin, dans une sépulture de femme où bon a recueilli une grande fibule
dont la forme très caractéristique indique l’époque franque.

Je ne veux pas exagérer l’importance de ce rapprochement. Mais si plusieurs
siècles se sont écoulés entre la fabrication de cet objet et celle de la plaque
d’Auvers, ne peut-on admettre qu’un ou deux siècles peut-être aient pu s’écouler
entre l’époque où l’on fabriquait cette plaque et celle où l’on déposait dans les
tumulus de Waldalgesheim, de Klein-Aspergle et autres, les objets que je men-
tionnais plus haut?

Je me crois donc autorisé à dire que la phalère découverte à Auvers est
probablement gauloise, mais j’ai peine à croire qu’elle soit plus ancienne que
le second siècle avant notre ère, et je ne serais pas étonné qu’elle appartînt
à une époque plus voisine encore de la conquête romaine.

R. DE LASTEYRIE.

I. Allerthümer, l. III, liv. 10, pl. vi.