12 COUPE D'ARGENT DE LA DÉESSE NANA-ANAT.
deux longs bouts flottent au vent et ressemblent, à ne s'y pas tromper, aux bouts du
AosAf des Mazdëens, tel surtout que le représentent les images sculptées et
ciselées' de la dernière période des arts iraniens.
Sur les quatre figures des groupes latéraux, il en est deux qui ont la tête couverte
d'un large, capuchon, retombant sur les épaules et cachant l'avant-bras; une troisième
se présente la tête nue avec des cheveux courts et aussi crépus que ceux d'un nègre ; la
dernière enfin porte sur son chef une étroite calotte sans tresse ni voile. Du reste, aucune
trace de barbe ni de moustaches. Ce sont des visages glabres et bouffis, assez sem-
blables à ceux de leurs compagnes à cheveux tressés. Nous dirions que les traits des
quatre figures latérales sont efféminés si nous n'étions pas obligé de constater chez tous
les personnages de la coupe, en général, une certaine épaisseur uniforme dans tous les
traits. C'est l'un des caractères donnés, sans distinction, par les arts des Hindous, aux
figures humaines des deux sexes.
Avant de passer à la description des objets que chacun des personnages porte dans
ses mains, notons que l'espace qui sépare les têtes des deux femmes du groupe
supérieur, ainsi que la place correspondante dans le groupe inférieur, sont occupés par
une tête plus petite, à cheveux crépus, posée dans un large, croissant, qui plane dans
l'espace, tout près de l'orle du vase. Ce sont, à coup sûr, des images d'un dieu lunaire.
Les habitants de l'Asie Mineure adoraient, sous une forme toute semblable, le dieu
MênL Telles aussi se sont déjà présentées à nous, sur des monnaies indo-scythiques de la
Bactriane, les divinités dénommées MAO et APAOXPO, dont les têtes sont encadrées
dans un croissant. Ce détail, que nous retrouvons sur la coupe de Nana-Anat, n'a donc
rien d'insolite dans une œuvre d'art religieux appartenant à la Bactriane.
Les places réservées à ces deux divins simulacres de la lune, — dont lun est à son
apogée, c'est-à-dire au dessus de la tête de la grande déesse, tandis que l'autre est à son
déclin, c'est-à-dire sous les pieds de Nana-Anat, — ces places, disons-nous, ne sont pas
choisies au hasard. Ce qui le prouve, c'est que, d'un côté comme de l'autre, les person-
nages féminins qui se trouvent à la droite du croissant n'ont pas d'autre rôle que de
marquer, par la pose de leurs mains, le respect religieux que ces images leur inspirent.
Celle du groupe supérieur montre le dieu avec l'index de sa droite, et rabaisse la
1. M. de Longpérier (EaipûcatmK d'imc coMpe sassam&,
dans ses Û&MV. t. I, p. 81-82) décrit et exptiqueces
iongues banderolles gaufrées qui, sous forme de ceintures,
sont l'un des accessoires indispensables dans les images
des adorateurs du feu. C'était pour ceux-ci le /msû sucre.
Mais ne faudrait-il pas croire que les artistes iraniens
avaient déjà donné, avant la restauration officielle du
Mazdéisme, cette même forme aux voiles dont les femmes
de l'Orient se sont enveloppé la tête de tout temps? En
tout cas, sur notre patère, cet ornement est presque
exceptionnel.
2. Ces images sont trop connues pour que nous insistions
à les énumérer. Bornons-nous à rappeler la jolie paire de
patères d'argent qui, dans la précieuse trouvaille faite en
1869 à Hildesheim, portent comme cmMcwmfu centrales ,
l'une la déesse Cy&cfc, avec sa couronne murale crénelée
comme celle de la déesse tetrachère de notre première
coupe permienne , et avec le derrière l'épaule ;
l'autre le dieu Afcu, coiffé du bonnet phrygien qui domine
les deux cornes du croissant posé sur son dos ; Mao et la
déesse qualifiée Apooxpo ont la même charge dans les
monnaies indo-scythiques. Voy. Wieseler, dcr J%Mcs-
ficmc?' 1869, p. 16-19, pl. iu, pl. H et m.
deux longs bouts flottent au vent et ressemblent, à ne s'y pas tromper, aux bouts du
AosAf des Mazdëens, tel surtout que le représentent les images sculptées et
ciselées' de la dernière période des arts iraniens.
Sur les quatre figures des groupes latéraux, il en est deux qui ont la tête couverte
d'un large, capuchon, retombant sur les épaules et cachant l'avant-bras; une troisième
se présente la tête nue avec des cheveux courts et aussi crépus que ceux d'un nègre ; la
dernière enfin porte sur son chef une étroite calotte sans tresse ni voile. Du reste, aucune
trace de barbe ni de moustaches. Ce sont des visages glabres et bouffis, assez sem-
blables à ceux de leurs compagnes à cheveux tressés. Nous dirions que les traits des
quatre figures latérales sont efféminés si nous n'étions pas obligé de constater chez tous
les personnages de la coupe, en général, une certaine épaisseur uniforme dans tous les
traits. C'est l'un des caractères donnés, sans distinction, par les arts des Hindous, aux
figures humaines des deux sexes.
Avant de passer à la description des objets que chacun des personnages porte dans
ses mains, notons que l'espace qui sépare les têtes des deux femmes du groupe
supérieur, ainsi que la place correspondante dans le groupe inférieur, sont occupés par
une tête plus petite, à cheveux crépus, posée dans un large, croissant, qui plane dans
l'espace, tout près de l'orle du vase. Ce sont, à coup sûr, des images d'un dieu lunaire.
Les habitants de l'Asie Mineure adoraient, sous une forme toute semblable, le dieu
MênL Telles aussi se sont déjà présentées à nous, sur des monnaies indo-scythiques de la
Bactriane, les divinités dénommées MAO et APAOXPO, dont les têtes sont encadrées
dans un croissant. Ce détail, que nous retrouvons sur la coupe de Nana-Anat, n'a donc
rien d'insolite dans une œuvre d'art religieux appartenant à la Bactriane.
Les places réservées à ces deux divins simulacres de la lune, — dont lun est à son
apogée, c'est-à-dire au dessus de la tête de la grande déesse, tandis que l'autre est à son
déclin, c'est-à-dire sous les pieds de Nana-Anat, — ces places, disons-nous, ne sont pas
choisies au hasard. Ce qui le prouve, c'est que, d'un côté comme de l'autre, les person-
nages féminins qui se trouvent à la droite du croissant n'ont pas d'autre rôle que de
marquer, par la pose de leurs mains, le respect religieux que ces images leur inspirent.
Celle du groupe supérieur montre le dieu avec l'index de sa droite, et rabaisse la
1. M. de Longpérier (EaipûcatmK d'imc coMpe sassam&,
dans ses Û&MV. t. I, p. 81-82) décrit et exptiqueces
iongues banderolles gaufrées qui, sous forme de ceintures,
sont l'un des accessoires indispensables dans les images
des adorateurs du feu. C'était pour ceux-ci le /msû sucre.
Mais ne faudrait-il pas croire que les artistes iraniens
avaient déjà donné, avant la restauration officielle du
Mazdéisme, cette même forme aux voiles dont les femmes
de l'Orient se sont enveloppé la tête de tout temps? En
tout cas, sur notre patère, cet ornement est presque
exceptionnel.
2. Ces images sont trop connues pour que nous insistions
à les énumérer. Bornons-nous à rappeler la jolie paire de
patères d'argent qui, dans la précieuse trouvaille faite en
1869 à Hildesheim, portent comme cmMcwmfu centrales ,
l'une la déesse Cy&cfc, avec sa couronne murale crénelée
comme celle de la déesse tetrachère de notre première
coupe permienne , et avec le derrière l'épaule ;
l'autre le dieu Afcu, coiffé du bonnet phrygien qui domine
les deux cornes du croissant posé sur son dos ; Mao et la
déesse qualifiée Apooxpo ont la même charge dans les
monnaies indo-scythiques. Voy. Wieseler, dcr J%Mcs-
ficmc?' 1869, p. 16-19, pl. iu, pl. H et m.