FIGURES D’APPLIQUE EN BRONZE
DU CABINET DES MEDAILLES.
(Planche 36.)
Les deux figures d’applique en bronze que reproduit dans leur grandeur naturelle
notre planche 36, ont fait partie, jadis, de la collection d’antiquités de l’intendant
Foucault, puis, en 1727, elles sont entrées dans le Cabinet du roi. L’une d’elles, celle de
droite, a été publiée par Gaylus qui, dans le commentaire insignifiant qui accompagne
son médiocre dessin, paraît admettre que la statuette provient d’Italie : c’est, du moins,
ce que l’on peut inférer d’une phrase dans laquelle il nous apprend que c’est en Italie
que la figurine a été appliquée sur la plaque de marbre jaune qui lui sert encore aujour-
d’hui de support1. L’autre statuette, dont Caylus ne parle point, a manifestement subi
le même sort et à la même époque.
Ces figurines sont intéressantes à plus d’un titre, et elles m’ont semblé dignes d’être
tirées de l’obscurité où elles sont restées jusqu’ici. En tout cas, je crois qu’on en a méconnu
le véritable caractère en les considérant comme des canéphores d’ancien style grec :
on s’est évidemment laissé tromper aux apparences et surtout à la forme et aux plis du
vêtement des deux femmes. Ce sont, nous croyons pouvoir le démontrer, des œuvres
archaïsantes de la dernière période de l’art grec, sinon même de l'époque romaine.
Commençons par en donner une description circonstanciée.
La première, celle qui marche en regardaut de côté, c’est-à-dire droit devant nous, a la
tête surmontée d’un haut stéphanos, comme Iléra d’Argos; ses traits sont réguliers et
graves ; ses cheveux, partagés au milieu du front, se développent sur les tempes en ban-
deaux plats et ondulés; un long voile lui couvre la nuque, descend sur ses épaules, puis,
ramassé sur le bras gauche, retombe comme une ample et fine draperie presque jusqu’à
la cheville. Par dessus sa tunique talaire, elle porte un long diploïdion qui fait deux fois
le tour du corps et dont l’une des extrémités est rejetée sur l’épaule gauche, sous le voile.
Sur la main gauche, elle tient un Sîuxoç chargé de pommes et d’autres fruits; de la
main droite baissée, elle porte une œnochoé. Cette figure d’applique est en très haut
relief, en demi ronde-bosse -, les deux pieds sont restaurés ; l’oxydation a altéré surtout le
visage. Patine brune; hauteur 145 millimètres.
figures d’applique portent les nos 3067 et 3068.
1. Caylus, Recueil d’antiquités, t. IV, p. 214 et
pl. lxviii. Dans le Catalogue de M. Chabouillet, nos deux
DU CABINET DES MEDAILLES.
(Planche 36.)
Les deux figures d’applique en bronze que reproduit dans leur grandeur naturelle
notre planche 36, ont fait partie, jadis, de la collection d’antiquités de l’intendant
Foucault, puis, en 1727, elles sont entrées dans le Cabinet du roi. L’une d’elles, celle de
droite, a été publiée par Gaylus qui, dans le commentaire insignifiant qui accompagne
son médiocre dessin, paraît admettre que la statuette provient d’Italie : c’est, du moins,
ce que l’on peut inférer d’une phrase dans laquelle il nous apprend que c’est en Italie
que la figurine a été appliquée sur la plaque de marbre jaune qui lui sert encore aujour-
d’hui de support1. L’autre statuette, dont Caylus ne parle point, a manifestement subi
le même sort et à la même époque.
Ces figurines sont intéressantes à plus d’un titre, et elles m’ont semblé dignes d’être
tirées de l’obscurité où elles sont restées jusqu’ici. En tout cas, je crois qu’on en a méconnu
le véritable caractère en les considérant comme des canéphores d’ancien style grec :
on s’est évidemment laissé tromper aux apparences et surtout à la forme et aux plis du
vêtement des deux femmes. Ce sont, nous croyons pouvoir le démontrer, des œuvres
archaïsantes de la dernière période de l’art grec, sinon même de l'époque romaine.
Commençons par en donner une description circonstanciée.
La première, celle qui marche en regardaut de côté, c’est-à-dire droit devant nous, a la
tête surmontée d’un haut stéphanos, comme Iléra d’Argos; ses traits sont réguliers et
graves ; ses cheveux, partagés au milieu du front, se développent sur les tempes en ban-
deaux plats et ondulés; un long voile lui couvre la nuque, descend sur ses épaules, puis,
ramassé sur le bras gauche, retombe comme une ample et fine draperie presque jusqu’à
la cheville. Par dessus sa tunique talaire, elle porte un long diploïdion qui fait deux fois
le tour du corps et dont l’une des extrémités est rejetée sur l’épaule gauche, sous le voile.
Sur la main gauche, elle tient un Sîuxoç chargé de pommes et d’autres fruits; de la
main droite baissée, elle porte une œnochoé. Cette figure d’applique est en très haut
relief, en demi ronde-bosse -, les deux pieds sont restaurés ; l’oxydation a altéré surtout le
visage. Patine brune; hauteur 145 millimètres.
figures d’applique portent les nos 3067 et 3068.
1. Caylus, Recueil d’antiquités, t. IV, p. 214 et
pl. lxviii. Dans le Catalogue de M. Chabouillet, nos deux