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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 17.1864

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Nr. 5
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Lenormant, François: Les collections de M. le Duc de Luynes, [3]: les médailles; les cabinets d'amateurs à Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.18740#0430

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Zi 16

du monde. En général, la numismatique ancienne des peuples orientaux
constitue une des principales richesses de cette admirable collection ; le
noble académicien est en effet le premier qui ait fait, chez nous, entrer
dans une voie scientifique cette branche de l’étude des monuments moné-
taires de l’antiquité, encore dans le chaos il y a vingt ans, et aujourd’hui
si développée.

Les peuples de l’Italie, dont la numismatique, après celle de l’Orient,
était l’objet d’une des prédilections de M. le duc de Luynes, ont connu
la monnaie par les colonies de la Grande-Grèce. La destruction de
Sybaris, ville dont on a des monnaies incuses en grand nombre, survenue
dans l’année 511 av. J.-G., suffit pour constater l’antériorité de la mon-
naie grecque dans cette partie de l’ancien monde. Comme d’ailleurs nous
ne possédons pas cl’as romain qui puisse remonter beaucoup au delà de
la prise de Rome par les Gaulois (390 av. J.-G.), et comme tous les as
italiques, ainsi que l’a surabondamment démontré mon père, sont posté-
rieurs à ceux de Rome, l’intervalle de plus d’un siècle qui existe entre la
destruction de Sybaris et l’expédition du premier Brennus ne rend admis-
sible aucune des suppositions qui ont fait de Yæs grave une invention
indépendante de toute influence grecque. Les raisons d’art viennent à
l’appui de cette opinion; les as de Rome et du Latium ont été exécutés
par des artistes élevés à l’école des Grecs. Cependant si la monnaie de
bronze existait déjà en Grèce à l’époque de l’invention de Yæs grave,
elle n’y avait reçu encore qu’un très-faible développement. Des pièces
coulées et non frappées, d’une dimension aussi forte que les as, consti-
tuaient de plus, en quelque métal que ce fût, une nouveauté considérable.
Toutefois il n’y avait pas encore là de déviation aux règles de l’art. Ce
qui fait, sous ce rapport, la différence des as et de leurs divisions d’avec
la monnaie grecque, c’est l’indication matérielle des valeurs au moyen
de chiffres, de lettres ou de globules. Ces signes, adoptés par les Étrus-
ques de Populonia, se propagèrent avec l’inlluence romaine dans la
Grande-Grèce, et les Mamertins les portèrent en Sicile.

Un autre changement notable consista dans l’introduction des sujets
positifs. Le système de Yæs grave en offre un exemple chez les Gaulois
Senones d’Àriminum qui représentent, au lieu d’un dieu ou d’un héros,
le buste d’un guerrier de leur nation; autant en font les Samnites, les
Mamertins de Sicile, les Campaniens et les peuples ligués contre les
Romains, qui eux-mêmes s’associent de bonne heure à cette tendance.
Une monnaie d’or, frappée au nom de Rome dans la Campanie à l’époque
où la ville éternelle s’empara de la souveraineté de ce pays, retrace la
scène de la conclusion de l’alliance entre les Romains et les gens de
 
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