Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 17.1864

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Appendice à l'essai bibliographique sur les ancien modèles de lingerie, de dentelles et de tapisseries: publiés en Italie aux XVIe et XVIIe siècle
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18740#0448

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

hok

Vasari, dans les cartons du Spedalingo (Vincenzo Borghini) ? Nos grands graveurs flo-
rentins et bolonais : Maso Finiguerra, Pollajuolo, Baldini, Robetta, Nicoletto Rosex,
les deux Campagnol a, Francia et Marc-Antoine lui-même, et tutti quanti n’étaient au
début de leur carrière que des orfèvres; plusieurs même n’ont jamais cessé de pratiquer
cet art qui touche de si près au métier. Durer, en Allemagne, n’était-il pas orfèvre lui-
même, fils d’orfévre et élève d’un orfèvre? Si nous voulions multiplier nos citations à
l’infini, nous n’aurions que l’embarras du choix. Les artistes de cette heureuse époque
n’étaient que des ouvriers plus intelligents que les autres. Les lecteurs de la Gazelle
n’ont pas oublié les précieux documents touchant Raphaël, donnés par notre savant
compatriote le marquis Campori, de Modène. Si le divin maître n’a pas dédaigné de
travailler aux décors d’un théâtre, Zvan Andrea ne pouvait-il pas, sans déroger, graver
des bois pour l’illustration des livres 1 ?

— 1506-1507 —

Albert Durer a gravé sur bois une suite de six planches, décrites par
Bartsch sous les nos 140... 145. Sous le titre de : Dédales, cette suite de six
ronds offre des dessins d’entrelacs blancs très-compliqués et variés, sur fond noir.
Ces pièces, deux exceptées, portent le monogramme du maître, soit dans une tablette,
soit dans un médaillon réservé au centre. On connaît des épreuves avant le mono-
gramme. Nous n’avons pas cru faire un acte de hardiesse et de présomption, en faisant
entrer dans notre cadre ces dédales ou labyrinthes, appuyé que nous sommes sur l’au-
torité de Bartsch, d’Ottley, qui les dit : ,« Six circles conlaining patlerns for em-
broidery, » et aussi de Passavant, qui ne les qualifie pas autrement. Si ces témoignages
ne suffisent pas, nous en appellerons à Durer lui-même. Dans son journal de voyage
aux Pays-Bas, il raconte qu’il a envoyé en présent à maître Dietrich le vitrier (Glasser),
ou plutôt peintre sur verre, les six dessins de nœuds (Knoten). C’est même en partant
de ce passage du journal de Durer, que nous croyons pouvoir dire que ces planches ne
représentent nullement des labyrinthes, mais bien des véritables patrons de passemen-
terie. Le fait du croisement et de la superposition des lignes rend très - inexactes les
expressions de dédales ou labyrinthes, employées par Bartsch. Si ces planches avaient
été tracées pour servir de modèles à des labyrinthes, les lignes se suivraient, se rap-
procheraient pour s’éloigner aussitôt, sans jamais se toucher, et encore moins se
croiser2. Le mot allemand Knoten aune tout autre signification, et donne même une
idée exactement contraire. Ces entrelacs sont dessinés de manière à être séparés en
plusieurs bandes plus simples et d’un usage plus pratique dans les travaux de broderie,
ce qui ne pourrait être, si ces pièces étaient des modèles de labyrinthes, car alors

1. Une grande obscurité a régné de tout temps sur les débuts et les travaux de ce maître,
devenu la victime des confusions les plus étranges. Voir ce qu’en disent Duchesne et Cicognara,
qui, tout en tançant vertement le premier pour avoir supprimé un artiste en confondant Zvan
Andrea avec Zvan Antoine de Bresse, admet pourtant que Zvan Andrea, dit Vavassore et Gua-
dagnino, était un artiste graveur de grand mérite. Quant aux travaux secondaires, sentant le
métier dont il a été si prodigue, il faut les mettre sur le compte de son avarice stigmatisée par
ses contemporains.

2. Voir dans l’ouvrage de M. J. Gailhabaud, l’Architecture du ve au xme siècle, et les Arts
qui en dépendent, tome II, les labyrinthes des cathédrales de Sens, de Chartres, de Saint-
Quentin et d’Amiens, reproduits aussi dans le Moyen Age et la Renaissance.
 
Annotationen