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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 17.1864

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Nr. 5
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Appendice à l'essai bibliographique sur les ancien modèles de lingerie, de dentelles et de tapisseries: publiés en Italie aux XVIe et XVIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.18740#0449

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ESSAI BIBLIOGRAPHIQUE. 435

chaque partie tiendrait à l’ensemble et n’en pourrait être séparée sans détruire entiè-
rement le plan général. M. Alvin place aussi ces planches de Durer parmi les modèles
de broderie, et son opinion nous encourage à les y maintenir. Si nous avons classé les
six planches sous les dates de '1506-1507, ce n’est point sans motif. Maître Albert,
pendant son séjour à Venise, a dû voir les pièces dites cartes d’entrée à l’Académie de
Léonard de Vinci, établie à Milan, sous le patronage de Louis Le More, vers la fin du
xve siècle. Ces prétendues cartes d’entrée ne sont au fond autre chose que de véritables
modèles d’ornements, de dessin linéaire, souvent aussi des academies, d’après l’an-
tique, à l’usage des élèves peintres, miniaturistes, orfèvres, et môme ouvriers de
toutes sortes fréquentant cette école. Nous aurions bien aussi des idées nouvelles à dé-
velopper ; mais nous nous réservons de les faire connaître dans un travail spécial. En
attendant, nous nous contenterons de constater que ces mêmes dessins de Durer repro-
duisent exactement, ligne pour ligne, trait pour trait, les cartes de Léonard. Les seules
véritables différences à signaler sont dans la légende : « Leonardi Vic.i Achademia, »
au lieu du chiffre de Durer placé au centre, et dans le mode de gravure ; les cartes
de Léonard étant gravées au burin, sur cuivre, tandis que les planches de Durer sont
taillées en bois. A l’Ambrosienne de Milan (carton T), nous possédons quatre de ces
cartes, ce qui nous a donné le loisir de les comparer. Le Cabinet des estampes de la
Bibliothèque impériale, à Paris, conserve aussi deux de ces pièces précieuses, gravées
peut-être par Léonard lui-même. Il en est question dans l’ouvrage de Venturi L
Amoretti, en tête de son livre, a placé, comme fleuron, le motif central d’une de ces
gravures, sur lesquelles il revient plusieurs fois dans le cours de l’ouvrage. M. Clément,
le marchand d’estampes de la Bibliothèque impériale, a Paris, en possédait dernièrement
une feuille. Le style tout italien de ces nœuds, que nous retrouvons fréquemment dans
les manuscrits de Léonard, sous la forme d’enlacements de cordages 1 2, nous porte à
croire que maître Albert n’a fait que copier ces méandres compliqués, en ajoutant sim-
plement dans les coins des ornements fleuronnés, qui portent son cachet et qui lui appar-
tiennent en propre. Durer avait bien le droit de faire, à titre de représailles, de sem-
blables emprunts à l’école italienne qui si souvent se servit de ses compositions.

1. Essai sur les ouvrages physico-mathématiques de Léonard de Vinci, etc., mémoire lu à
la première classe de l’Institut national des sciences et arts, par J.-B. Venturi. Paris, Duprat,
in-4°, an V (1797). G. Libri dans son Histoire des sciences mathématiques en Italie, p. 20, n’hé-
site pas à affirmer que Léonard était l’âme de cette Académie, dont il « grava même sur cuivre
les devises à une époque où ce genre de gravure venait à peine de naître. » C’est sur le témoi-
gnage de Vasari, et surtout de Fra Luca Paciolo, que M. Libri appuie son opinion. ( Voir
VAbecedario de Mariette, vol. 3, p. 175.)

2. Nous rencontrons ce genre tout particulier d’ornements compliqués dans les miniatures
des manuscrits de l’école lombarde à la fin du xve siècle, dans les ornements typographiques
des incunables milanais, dans les grandes initiales de l’ouvrage de Paciolo, où l’on ne saurait
mettre en doute l’influence de Léonard, dans les fers de reliure, les marqueteries, les coffrets
damasquinés, .les armures de fabrique milanaise, et jusque dans les broderies qui enrichissent
les costumes, dans les portraits de l’école, ou de la propre main de Léonard. La Trivultiana
possède un Abécédaire (à l’usage de Maximilieu Sforza fils de Louis le More) orné de délicieuses
miniatures léonardesques, dont la riche reliure, contemporaine du manuscrit, est entièrement
recouverte d’ornements semblables. Les passementeries du costume de Béatrix, d’Este dans
l’admirable portrait de Léonard, à l’Ambrosienne, sont exécutées dans le goût de ces entrelacs
gravés. Ce genre d’ornement nous vient évidemment de l’Orient; Zvan Andrea appelle ces
enlacements : groppi moreschi, arabeschi, corclelle alla damaschina, punlo damaschino, etc.
 
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