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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 17.1864

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Nr. 6
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Jacquemart, Albert: Les Beaux-Arts et l'industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18740#0530

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LES BEAUX-ARTS ET L’INDUSTRIE.

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engagé leur fortune, sans calculer si la France les récompenserait par
un peu de reconnaissance. Est-ce assez? L’initiative privée pourra-t-elle,
chez nous comme en Angleterre, remuer les masses habituées à ne se
mouvoir, même en grondant, qu’à la seule voix du pouvoir? Espérons-le,
pour la prospérité de nos industries d’art.

Toutefois, il n’est pas impossible que l’administration, émue par
l’exemple, instruite dé ce qu’il y a à faire, veuille prendre sa part du
mouvement, en le secondant de sa puissante initiative; alors ce ne serait
plus par de timides essais qu’il faudrait procéder : c’est en rompant fran-
chement avec les traditions du passé, en transformant, non pas seule-
ment l’enseignement professionnel, mais l’éducation générale.

Expliquons-nous. 11 n’est nul pays au monde où l’enseignement du
dessin soit plus abaissé qu’en France; le langage même en fait foi : par-
tout, dans les lycées, dans les écoles privées, il est relégué parmi ces
choses superflues qu’on étudie dans les moments de loisir et qu’on appelle
en conséquence arts d'agrément. Encore si le dessin y occupait le pre-
mier rang : mais non, la musique, la danse et les autres exercices du
corps lui disputent la préséance. Est-ce tout? Non ; comme si une sorte
de conspiration s’était ourdie contre cette manifestation de l’intelligence,
comme si l’on voulait persuader à la jeunesse que l’art est une chose
manuelle et patiente, où l’esprit n’a rien à voir, de longues années se
passent à lui faire ressasser de prétendus principes, qui n’en sont pas, à
ranger minutieusement des hachures les unes contre les autres, d’après
de froides lithographies, en sorte que les plus habiles et les plus aptes,
châtrés par ce stupide exercice, y perdent leurs belles qualités, et que la
masse emporte le dégoût des arts dont on n’a pas su lui montrer les
véritables chemins. Et l’on s’étonne quand le goût se pervertit et s’étiole !
Et Ton gémit en trouvant le public de plus en plus indifférent à nos
expositions de peinture et à ces luttes d’école aujourd’hui presque
éteintes !

Ravivez donc l’esprit par la jeunesse, effacez du vocabulaire de l’uni-
versité des noms qui souillent les choses, dites que l’art, cette autre
poésie, doit entrer dans le cœur de tous avec la connaissance des chefs-
d’œuvre des écrivains anciens ou modernes. Laissez-vous à des profes-
seurs ignorants ou paresseux la faculté de retenir la jeunesse pendant des
années sur les rudiments des langues mortes, sauf à la jeter dans la
société avec un brevet de nullité et d’impuissance? Non, vos classes sont
graduées; le progrès doit s’y faire dans un temps déterminé; le but est
désigné d’avance, et chacun doit l’atteindre. Qu’il en soit de même pour
les arts, ceci est simplement l’affaire d’un programme.

63

xvn.
 
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