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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 5
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Baschet, Armand: Pierre-Paul Rubens, [1], Son séjour en Italie et son premier voyage en Espagne, d'après ses lettres et autres documents tous inédits: peintre de Vincent Ier de Gonzague, Duc de Mantoue (1600 - 1608)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0415

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PIERRE-PAUL RUBENS.

A 03

contré depuis longtemps déjà, et surtout depuis la publicité qui a été
donnée à ses lettres, quelqu’un qui soit venu à Mantoue, avec l’esprit
ambitieux de répandre la lumière sur les années de voyage du peintre,
dans sa vive jeunesse? Mais il faut bien le reconnaître, Mantoue, quoique
si célèbre par le Mantua me garnit et par le dulcia linquimus arva du
poète des Bucoliques, est tout aussi célèbre aujourd’hui par les forte-
resses qui la dominent. Et d’ordinaire, on imagine peu qu’il puisse y
avoir de bien curieuses archives dans un lieu de tant de canons. Les
méchantes langues assurent aussi que la fièvre y exerce de faciles ra-
vages en raison des marais, du sein funeste desquels Mantoue paraît
sortir. Le voyageur, le curieux, y viennent, mais ils traversent cette terre
à la façon rapide dont l’étoile filante sillonne le ciel, pendant les soirs
échauffés de l’été. À peine ont-ils donné leur coup d’œil exercé sur les
grandes œuvres de Jules Romain et sur les marbres antiques, derniers
vestiges des collections des Gonzague, ils tirent avec hâte, qui du côté
de la Lombardie, qui du côté du Tyrol. Il en est que leur honnête et
vénérable amour du classique porte jusques aux premières pierres de
Pietola, où la tradition, appuyée par le dire des académies, se plaît à
penser qu’était bâtie la maison de 'Virgile, sous le consulat de Pollion,
qui lui fut si propice, mais il faut bien convenir que ces dévoués sont
rares. A tort donc, Mantoue n’a point les faveurs de la foule et la stra-
tégie seule la comble de ses dons. A entendre son peuple, il lui plairait
mieux recevoir les hommages de la première que les bonnes grâces de
la seconde. C’est ainsi qu’ayant passé longtemps pour ne pas être d’un
accès commode, quelques-uns de ses trésors, parmi lesquels les papiers
d’État de ses princes, ont été délaissés par des étrangers qui n’ont point
agi de même, pour le bonheur de l’histoire, avec Florence, Milan, Venise
et Turin. Mais, pourra-t-on dire, ses habitants, ses érudits? Mantoue n’a
jamais manqué de ces derniers? Et sous les Gonzague aussi bien que sous
Marie-Thérèse, elle avait des académies qui florissaient? Le nom seul qui
servait, il y a peu de temps encore, à désigner le lieu où ces papiers sont
conservés me permettra de répondre afin d’éloigner toute médisance. C’é-
tait TArchicio segreto, et la libéralité qui, depuis peu de temps, autorise
l’accès de ces archives en les dépouillant de cette qualification de secrètes,
n’était pas la même, il y a quelques ans. Ne fallut-il pas au comte d’Arco,
à qui nous devons de si intéressants ouvrages relatifs à son pays de Man-
toue, une sorte de privilège spécial pour qu’il lui fût loisible de recher-
cher et de publier les pièces et documents auxquels nous devons son
ouvrage sur la personne et les œuvres de Jules Romain? D’ailleurs nous
aurions mauvaise grâce à trop nous plaindre du retard qui aurait pu être
 
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