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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 25.1882

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Rubens, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24257#0020

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12

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

S'il était le serviteur de Vincent de Gonzague, il était aussi le protégé de
son souverain l’archiduc Albert, gouverneur des Pays-Bas. C’est même
l’archiduc qui lui lit faire son premier travail important. Dans une lettre
qu’il adresse, le 12 janvier 1602, au secrétaire Cheppio, Arregoni, qui
représentait à Piome la maison des Gonzague, demande « pour le peintre
flamand » T autorisation de rester encore quinze ou vingt jours, afin de
pouvoir achever l’ouvrage qu'il a commencé à la prière de l’archiduc
Albert. Ce travail consistait, non en un triptyque, comme l’a écrit M. Bas-
chet, mais en trois peintures destinées à la décoration d’une des chapelles
de l’église de Santa-Croce in Gerusalemme. Un contemporain, Baglione,
en parle avec quelque précision. Pour l’un des autels, Rubens avait peint
sainte Hélène embrassant la croix miraculeusement retrouvée; les deux
autres tableaux représentaient le Couronnement cVépines, effet de nuit,
« cli colorito mnlio oscuro », et la Mise en croix, premier essai du glo-
rieux motif que le maître traita plus tard à Anvers. Ce tableau, dit Baglione,
est exécuté con forza e con buon gusto. Filippo Titi, parlant en 1686 de
ces trois peintures, ajoute que la dernière, la Mise en croix} est au nombre
des plus belles choses que Rubens ait jamais faites l. On lit dans les
livres modernes que ce tableau, acheté parle comte Woronzow, aurait péri
en mer dans la traversée de Rome à Saint-Pétersbourg. Nous ignorons ce
que les deux autres sont devenus.

En lisant les textes italiens du xvne siècle, on croit comprendre que les
Romains de cette époque aimaient et glorifiaient dans le jeune Rubens un
artiste qui s’était converti à leurs doctrines. Baglione dit en propres termes
qu’il avait adopté unci maniera buona italiana. Ce qui le frappe surtout
dans les peintures de Santa-Croce, c’est la force du pinceau, et ici le
mot s’applique aussi bien au caractère du dessin ressenti qu’à l’intensité
de la coloration. Il ne dit pas que Rubens a pu faire et qu’il a fait alors
des tableaux roux et même des tableaux tirant sur le noir. Cette aventure

\. Ammaestramento di pittura nette chiese di Roma, p. 198. — L’ouvrage de
Filippo Titi ayant été réimprimé et remis à la mode en 1763, on voit que le tableau de
Sainte Hélène embrassant la croix n’était plus sur l’autel du milieu. « Questa La-
vola é stata trasportala in libreria, perché avevapalito. » (Descrizione dette pii-
lare esposte in Roma ; p. 224). Un peu plus tard, lors du voyage de l’abbé Richard,
dont la relation a été imprimée en 1769, on ne voyait plus la Sainte Hélène, etlesdeux
autres tableaux avaient cessé de décorer la chapelle. « Dans la galerie par laquelle on
monte à la sacristie, écrit l’abbé Richard, sont deux tableaux, l’un du Sauveur assis
après la flagellation, l’autre de Y Élévation du Christ en croix ; on les dit tous
deux de Rubens. Ils sont cependant plus dans le goût de l’école vénitienne. » (Des-
cription historique de VItalie, t. V, p. 444).
 
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