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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 25.1882

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Nr. 1
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Lefort, Paul: Ribera et son tableau du "Pied-Bot" au Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24257#0049

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RI BER A. Ai

reprises et pour complaire à ses protecteurs faire poser devant lui de bien
étranges modèles.

Le Louvre possède une de ces représentations réalistes, inscrite sous
le n° 32 au catalogue de la collection La Caze. Ce n’est rien moins que le
portrait d’un «pied-bot» illustre peut-être de son temps et à quelque
méchant titre parmi le populaire de Naples. Fier comme Artaban et de
mine impudente, ce jeune mendiant, vêtu d’une casaque et d’un haut-de-
chausse couleur d’amadou, sa cap a brune roulée en manière de besace
autour des reins, se tourne vers le spectateur et lui rit irrévérencieuse-
ment au nez. Portant crânement sa béquille sur l’épaule, comme un sol-
dat sa pique, il tient dans sa main gauche une longue pancarte où se lit
cette belle adjuration latine : Du mihi elimosinam propter amorem Dei
laquelle nous induit à supposer qu’à tous ses avantages extérieurs, ce
malandrin joint encore cette infirmité, précieuse pour s’attirer la compas-
sion publique, d’être muet.

Ribera a superbement enlevé, en pleine lumière, sur un fond de paysage
largement indiqué, la vivante et picaresque silhouette de ce truand, et
cela, avec une intensité de caractère et de vérité triviale qui donne à cette
peinture chaude et puissante on ne sait quelle sauvage et fière tournure.

Commandée peut-être par quelque grand seigneur, cette toile est
signée en toutes lettres : Jusepe de Ribera espanol, f. 1642.

Il existe en Espagne, soit dans les musées, soit dans les collections
particulières, quelques autres spécimens de ces représentations grotesques
ou simplement singulières.

De Ribera, le musée du Prado conserve, entre autres, le portrait d’un
sculpteur aveugle que le livret nomme el ciego de Gambazo, sans autres
détails sur le personnage représenté : un vieillard, au masque triste et
intelligent, cherchant à l’aide du toucher à se rendre compte du modelé
et des proportions d’une tête cl’Apollon.

Mais la palme de l’étrangeté reviendrait à coup sûr au tableau qui
fait partie de la galerie do l’Académie de San Fernando, à Madrid.

Sur le corps d’une femme donnant le sein à un enfant au maillot,
Ribera a peint une tête vieillotte, ridée, aux traits durs et masculins et
portant une épaisse barbe noire : en arrière se tient un vieillard, le mari
de cette curieuse femme à barbe. Dans un coin de la toile, on lit l’expli-
cation suivante écrite en espagnol : Portrait de Madeleine Ventura} née
dans les Abruzzes, âgée de 52 ans. Plie en avait trente-sept lorsqu’il
commença à lui pousser une longue barbe. Elle eut trois enfants
de son époux Félix de Amici. Peint d’après nature, pour l’admi-
ration des vivants par Josef de Ribera » .

xxv. — 2e PERIODE.

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