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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 25.1882

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https://doi.org/10.11588/diglit.24257#0094

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

secondaire dans son travail. 11 nous permettra sans doute d’emprunter
pour un instant ses idées et son style; nos lecteurs lui en sauront gré.

« Dans les arts, les Romains eurent, en parvenus enrichis, le goût de
Mummius pour les statues et les tableaux : ils en voulurent partout ;
mais je les soupçonne d’avoir été aussi incapables de sculpter la Vénus de
Milo que d’en comprendre la chaste beauté; car, à voir Scaurus réunir
pour un théâtre d’un jour trois mille statues, la cité en renrei'mer peut-
être soixante-dix mille, on ne peut s’empêcher de croire qu’ils tenaient
surtout à la quantité. Et quand Valère Maxime montre Fabius Piclor livré
à un métier qu’il appelle sordide, j’ai grand’peur qu’il n’exprime l’opi-
nion commune d’un peuple qui n’avait pas pour les arts cette estime
singulière sans laquelle il ne se produit ni grands artistes ni belles œu-
vres. Au lieu de fonder de véritables écoles de peintres et de sculpteurs,
ils laissèrent s’organiser une immense industrie d’art qui remplit les
cités, les palais et les villas de marbres taillés au plus juste prix dans les
ateliers de Grèce et d’Asie, où l’on travailla pour l’exportation, et de pein-
tures exécutées encore par des Grecs affranchis ou esclaves, qui, à défaut
de grand style, donnèrent du moins à leurs figures et à leur décoration
une rare élégance. L’influence romaine ne se montre dans la sculpture
que par un mérite dont les Grecs ne paraissent pas avoir eu un souci
sérieux: leurs bustes sont des portraits; et à ces fronts anguleux et bas,
à ces physionomies obstinées et dures, on reconnaît bien la race qui
d’une main si vigoureuse pressura la terre et les peuples...

« Nul doute, cependant, que la sculpture n’ait encore produit de fort
belles œuvres à l’époque romaine, depuis la statue d’Agrippine l’aînée,
qu’on voit au Capitole, d’une pose si noble et si fi ère, jusqu’à celles
d’Antinous, qu’Hadrien multiplia par tout l’empire. Mais ce furent des
mains grecques qui les firent...

« La peinture fut moins romaine encore, si c’est possible. Les grands
tableaux que l’on voyait à Rome étaient un butin de guerre, sauf quel-
ques-uns qui furent achetés. Parmi les acheteurs, je cite avec plaisir
Agrippa; je suis même forcé d’ajouter Tibère, pour une œuvre de
Parrhasios. Agrippa avait voulu, dans un discours qu’on admire beau-
coup, persuader aux particuliers de placer, sous les portiques de la cité,
les statues et les tableaux cachés dans leurs villas, estimant que les
propriétaires de ces belles choses en devaient la jouissance au peuple.

« L’art ne peut vivre longtemps en des mains serviles. Vitruve, du
temps d’Auguste, se plaignait déjà du mauvais goût des peintres, et, un
demi-siècle plus tard, Pline disait : a La peinture se meurt... les peintres
sont aujourd’hui chassés par les marbriers et les doreurs. » Lt ce que
 
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