Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 25.1882

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Rayet, Olivier: Adrien de Longpérier
DOI Artikel:
Courajod, Louis: Note sur quelques sculptures vincentines: à propos du bas-relief donné au musée du Louvre par M. Ch. Timbal
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24257#0158

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
142

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pas, ainsi que Giorgione et Titien, à l’école de l’avenir. Gomme graveur,
c’est un artiste hésitant qui va de Mantegna et des Campagnola à Albert
Durer en passant près de Marc-Antoine dans la première période du talent
de ce dernier. II semble de plus que le dessin de Benedetto ait souffert du
contact avec l’Allemagne.

Aux incertitudes dont est déjà semée la biographie de cet artiste, j’en-
treprends d’ajouter de nouvelles complications. Je suis porté à croire que
Benedetto Montagna a sculpté, et voici ce qui m’a conduit à cette conclu-
sion. En 1877, j’ai trouvé à Yicence, chez un marchand d'objets d’art, une
figure de terre cuite datant approximativement du commencement du
xvie siècle. C’est une Vierge assise tenant l’enfant Jésus sur ses genoux et
appuyant la main sur un livre. L’œuvre, dont les dimensions sont celles
de la petite nature, n’est pas esthétiquement irréprochable, mais elle
est absolument authentique. Elle relève incontestablement de l’art
vénitien et rappelle par la gaucherie et la naïveté de son style le
xve siècle plutôt que le xvic. Il y a dans la composition et dans l’exé-
cution comme une inspiration de Mantegna ou de Giovanni Bellini
avec quelques défauts qui demeurent personnels à l’exécutant. Cette
sculpture, quand je l’ai rencontrée à Vicence pour la première fois— elle a
été exposée en vente pendant de longues années — m’a tout de suite fait
penser aux estampes de Benedetto Montagna. J’y retrouvais les qualités et
les défauts du graveur et j'aimais à y étudier un état particulier par où
passa l’art vénitien de la fin du xvc siècle avant les radicales transforma-
tions du xvip. Je lui demandais de m’expliquer quels tiraillements en sens
divers subissait 1a. vieille école qui allait mourir. Depuis, j'ai acquis cette
curieuse pièce, qui m'intriguait comme une énigme, afin de pouvoir l'in-
terroger et l’ausculter tout à loisir.

La supposition qui m’avait fait provisoirement établir lin lien hypothé-
tique entre cette œuvre et Benedetto Montagna s’est rapidement changée
en présomption très grave-quand j’ai découvert, sur la base de la statue, le
monogramme habituel du maître graveur tracé à l’ébauchoir dans la terre
avant la cuisson. Le propriétaire de l'objet, ignorant ce
détail, prétendait que cette sculpture était l’œuvre de
v Mantegna. Cette assertion, prise au pied de la lettre,
était et demeure nécessairement erronée et, à priori, impossible. Mais
elle pourrait avoir quelque valeur et mériterait d’être prise en considé-
ration, si on consentait à voir dans le nom de Mantegna, prononcé pour
Montagna, l’écho altéré d’une tradition locale.

Je ne puis malheureusement pas établir, ni à 'l’aide de documents ni à
l’aide de monuments similaires, que Benedetto Montagna ait sculpté. Vasari
 
Annotationen