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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 25.1882

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Nr. 3
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Bonnaffé, Edmond: Meubles et bois sculptés: collections de M. Spitzer
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https://doi.org/10.11588/diglit.24257#0269

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LES BOIS SCULPTÉS DE LA COLLECTION SPITZER. W

damasquine comme le fer, on le débite en lames ou en mosaïques comme
le marbre. Aucune substance ne tient mieux la feuille d’or et ne se laisse
pénétrer aussi bien par la peinture.

Quanta la durée du bois, qui paraît de prime abord bien compromise
par l’eau, le feu et les vers, nous n’en dirons qu'un mot : les statuettes,
les panneaux et les meubles du musée de Boulaq comptent pour le moins
soixante siècles d’existence.

Tous les peuples ont pratiqué l’art du bois, chacun suivant son génie,
ses mœurs et son climat; chez nous, c’est un art de prédilection. La Pro-
vidence nous a donné peu de capital, mais le talent de le faire valoir : une
langue pauvre, sans accent, des matières premières communes, sans
éclat et sans valeur, mais le savoir-faire, l’ingéniosité, le goût et l’esprit
des ajustements. Si bien que cette langue, maniée par nos écrivains, a
créé des chefs-d’œuvre qui sont l’honneur de la littérature universelle, et
que ces matériaux incolores, travaillés par nos artistes, ont produit
l’émaillerie limousine, les porcelaines de Sèvres, les faïences d’Oiron et de
Palissy, les meubles de la Benaissance, l’ébônisterie métallique de Boule
et les incomparables boiseries du xvme siècle.

On comprend dès lors que les premières collections de meubles et de
bois sculptés soient d’origine française; nos amateurs devaient, comme
de raison, montrer l’exemple et sauver les reliques d’un art devenu pour
ainsi dire national. Malheureusement, ces collections sont nées d’hier et
leur histoire commence avec le siècle ; elle ne sera pas longue à raconter.

Alexandre Lenoir donna le signal et posa les premiers jalons ; il avait
lui-même recueilli quelques fragments de meubles qui furent vendus avec
son cabinet en 1837. Denon et Willemin suivirent son exemple. Bévoil à
son tour se mit en campagne; Millin parle déjà de son cabinet en 1811.
Bévoil avait débuté dans l’atelier de David ; appelé à Lyon comme profes-
seur à l’école de dessin, il quitta Paris pour sa ville natale et commença
ses fouilles dans cette région, l’une des plus fécondes et des plus renom-
mées de la production nationale. En 1828, Charles X fit acheter la collec-
tion pour le Musée royal; la belle armoire du Louvre, un des plus nobles
échantillons de la hucherie française au xvr siècle, la chaire épiscopale
de Vienne, la porte de Gaillon, d’autres morceaux d’un excellent choix
faisaient partie de ce cabinet.

Du Sommerard est le contemporain de Bévoil. Passionné comme lui
pour l’art familier de nos aïeux, il s’attacha d’une façon particulière aux mo-
numents de bois. C’était alors le bon temps : le pays était neuf, le sol vierge,
la concurrence inoffensive; les gens du xvne et du xvliD siècle avaient
passé à côté sans daigner détourner les yeux. Aussi que de trouvailles et
 
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