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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
debout avec l’inscription : Mars le gerrier (sic) dans sa main tout enserre.
Les deux autres panneaux représentent, l'un, la Force, avec la devise :
Force et vigueur en tout cas aura • l’autre, la Justice et la devise : à un
chacun jus Lise (sic) en son droit. Au-dessous règne une frise à tiroir ver-
miculé, soutenue par une décoration d’architecture qui va en se rétrécis-
sant et se termine par un seul tiroir carré, orné de trophées et accosté de
consoles. Le tout repose sur un coffre à deux portes et à trois gaines.
Signalons en passant les vermiculations familières à la fabrique burgundo-
lyonnaise, les bossettes saillantes et les guirlandes serrées d’un foire tout
particulier. Bien que l’ornementation de ce beau meuble soit d’une
grande richesse, elle se lit aisément, n’empiète pas sur l’architecture et
respecte les lignes essentielles de la construction.
A partir du xvne siècle, la géographie du meuble devient impossible,
la province a perdu son individualité, elle abdique; Paris seul donne le
ton et toute la France emboîte le pas. L’art du bois décline rapidement,
les profils s’empâtent, la colonne, ferme et droite, se déforme et devient
torse, le décor vieillit, les cuirs, que la Renaissance savait si bien décou-
per en agrafes élégantes, s’étalent maintenant ramollis et détrempés: le
style auriculaire est à la mode. L’Amérique et les Indes nous envoient leurs
bois de couleur, le marqueteur et l’ébéniste vont entrer en scène ; le
meuble de sculpteur a vécu.
EDMOND BONNAFFÉ.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
debout avec l’inscription : Mars le gerrier (sic) dans sa main tout enserre.
Les deux autres panneaux représentent, l'un, la Force, avec la devise :
Force et vigueur en tout cas aura • l’autre, la Justice et la devise : à un
chacun jus Lise (sic) en son droit. Au-dessous règne une frise à tiroir ver-
miculé, soutenue par une décoration d’architecture qui va en se rétrécis-
sant et se termine par un seul tiroir carré, orné de trophées et accosté de
consoles. Le tout repose sur un coffre à deux portes et à trois gaines.
Signalons en passant les vermiculations familières à la fabrique burgundo-
lyonnaise, les bossettes saillantes et les guirlandes serrées d’un foire tout
particulier. Bien que l’ornementation de ce beau meuble soit d’une
grande richesse, elle se lit aisément, n’empiète pas sur l’architecture et
respecte les lignes essentielles de la construction.
A partir du xvne siècle, la géographie du meuble devient impossible,
la province a perdu son individualité, elle abdique; Paris seul donne le
ton et toute la France emboîte le pas. L’art du bois décline rapidement,
les profils s’empâtent, la colonne, ferme et droite, se déforme et devient
torse, le décor vieillit, les cuirs, que la Renaissance savait si bien décou-
per en agrafes élégantes, s’étalent maintenant ramollis et détrempés: le
style auriculaire est à la mode. L’Amérique et les Indes nous envoient leurs
bois de couleur, le marqueteur et l’ébéniste vont entrer en scène ; le
meuble de sculpteur a vécu.
EDMOND BONNAFFÉ.