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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 25.1882

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Nr. 3
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Gonse, Louis: Exposition de maîtres anciens à la "Royal Academy" de Londres
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https://doi.org/10.11588/diglit.24257#0317

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EXPOSITION DE MAITRES ANCIENS A LONDRES.

291

Entre tant de noms je n’en retiendrai que quatre : Hogarth, Gains-
borongh, Reynolds et David Wilkie, qui sont représentés dans leur plus
haute valeur, par des œuvres absolument éminentes. David Wilkie ira
rien fait qui dépasse cette École, peinte en 1841, qui appartient à
M. John Graham, et Hogarth rien peut-être qui égale l’étonnant, robuste,
naturel et souriant Portrait de George, deuxième comte de Maeclcs-
field. Quant à Reynolds et à Gainsborough, on peut dire que cette expo-
sition est pour eux une véritable apothéose. Elle vous édifie sur la
valeur respective de ces deux maîtres. Reynolds n’a rien peint de plus
délicat, de plus anglais, de plus élégant, de plus frais comme coloris que
ce Portrait de lady Smyth et de ses enfants, exposé par M. Stirling
Crawfurd. Il est daté de 1787. C’est une merveille de distinction et il
ne me paraît pas que Reynolds ait eu jamais la main aussi complètement
heureuse. Son nom figure d’ailleurs sous vingt-quatre toiles. C'est la
réunion la plus grande et la plus variée de ses œuvres qui ait encore été,
je crois, réalisée.

Mais tout pâlit, sauf ce Portrait de lady Smyth, de Reynolds, devant
trois ou quatre portraits de Gainsborough. Gainsborough, il n’y a pas à
en douter, est le plus grand peintre de l’Angleterre, et l’un des huit ou
dix plus grands portraitistes du monde, un profond interrogateur du
visage humain. Nos lecteurs ont souvent entendu l’éloge du Portrait de
miss Graham. Il y a aussi beau ici, sinon plus beau au point de vue de
l’étude de la physionomie, dans le Portrait de Margaret Burr, superbe
et léger comme un pastel, à M. Robert Loder, dans le Portrait de lady
Mendif âgée, creusé et vivant comme un La Tour, au comte de Norman-
ton, dans celui de la fille du peintre, au même M. Loder, chef-d’œuvre
d’une élégance suprême, quoique inachevé, et surtout dans cet incom-
parable portrait pâle et gris de Miss Clarges dont l’indéfinissable et froid
sourire s’incruste dans votre souvenir, vous obsède comme celui d’une
sorte de Joçonde du Nord. Le modelé de la figure, de face, en pleine et
tranquille lumière, est un prodige de force et de délicatesse. S’il me fal-
lait choisir une demi-douzaine de tableaux dans cette exposition, je pren-
drais le Berceau de Rembrandt, la Bacchanale du Poussin, le Cuyp, et le
petit Ostade, le Portrait de lady Smyth de Reynolds et ce Gainsborough.
S’il me fallait n’en choisir qu’un je prendrais sans remords la Miss Clarges
de Gainsborough. Et dire que le Louvre, qui achète avec tant de persévé-
rance des Mino de Fiesole et des Fra Angelico, ne possède pas une toile
de Gainsborough ! Il y a bien d’autres choses, hélas ! que nous ignorons
en France.

LOUIS GONSE.
 
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