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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 25.1882

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Nr. 5
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Blondel, Spire: Les modeleurs en cire, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24257#0479

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LES MODELEURS EN CIRE.

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Le goût des objets en cire devint par la suite si commun en Grèce
que les enfants grattaient souvent leurs tablettes et s’amusaient, en ca-
chette de leurs maîtres, à modeler de petites maisons, comme le jeune
Phidipide, dont parle Aristophane dans les Nuées, ou des animaux et des
personnages, comme Lucien de Samcsate, lequel dit en parlant de lui-
même, dans le traité intitulé le Songe: « Quand je revenais de l’école,
je prenais de la cire et j’en façonnais des bœufs, des chevaux et, par
Jupiter ! même des hommes, le tout fort gentiment et au goût de mon
père. Mais, ajoute-t-il, ce talent m’avait déjà attiré quelques soufflets de
mes instituteurs. »

Un grand nombre de ces figurines étaient loin d’avoir une origine
aussi innocente. Par suite des fausses idées attachées à de certaines pra-
tiques religieuses, les modeleurs profitèrent de la crédulité du peuple
pour exhiber des statuettes de cire auxquelles ils attribuaient des vertus
magiques, et la foule s’empressait de les acheter, dans un but plus ou
moins avoué de sorcellerie. Platon, livre XI des Lois, parlant des dif-
férentes espèces d’enchantements, dit en effet qu’il est bien difficile de
savoir au juste ce qu’il y a de vrai dans tout cela, et il ajoute : « 11 est
même inutile d’entreprendre de prouver à de certains esprits fortement
prévenus contre ces sortes de choses, qu’ils ne doivent point s’inquiéter
des petites figures de cire qu’on aurait mises ou à leur porte, ou dans les
carrefours, ou sur le tombeau de leurs ancêtres ; et de leur dire de les
mépriser, parce qu’ils n’ont aucun principe certain sur la vertu des
maléfices. »

Malheureusement ces bons conseils ne furent pointsuivis. Que peuvent
d’ailleurs, contre la superstition et l’ignorance, les meilleurs raison-
nements des sages ? Le commerce des figures de cire y gagna, il est vrai,
et la coutume de les faire servir dans les grossières opérations de la
magie resta en vigueur longtemps encore. Les poètes en offrent plusieurs
exemples. Ainsi, dans la seconde idylle de Théocrite, une jeune fille,
nommée Simœthe, fait un enchantement pour ramener à elle son amant
qui la délaisse: « Sous les auspices d’une déesse, cette cire fond dans
les flammes. Qu’à l’instant l’Amour fonde et dissolve de même Delphis le
Myndien ! » s’écrie-t-elle.

L’usage des statuettes en cire, d’abord assez répandu chez les Grecs,
le fut bien davantage lors de l’introduction à Athènes du culte d’Adonis,
le Tammuz phénicien et syrien, lequel était, dans la pensée des Asia-
tiques, le symbole de la nature mourante et renaissante. En effet,
pendant les deux jours que duraient ces fêtes religieuses, qui se célé-
braient au solstice d’été et dont les rites, relatifs à la mort prématurée et
 
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