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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
sait Claude Bourdict, qui, selon toute apparence, était Lyonnaise. Peut,
être même est-ce à Lyon que s’est marié l’artiste. Y a-t-il donc témérité
à chercher la date de la statue de Saint-TNizier vers l’époque où Coyzevox
est redevenu Lyonnais de cœur et de pensée ?
Debout, vêtue d’une robe aux plis abondants et légers sur laquelle
passe une ample draperie, la Vierge dirige son regard vers sa gauche.
D’une main, elle soutient l’Enfant nu, debout sur un tronc d’arbre placé à
sa droite. La draperie, qui de l’épaule droite de la Vierge tombe avec
élégance, enveloppe le corps et vient Botter sur la hanche gauche, est
habilement ramenée vers l’arbre qu’elle recouvre, afin que la rude écorce
de ce fût naturel n’offense pas les pieds nus de l’Enfant. De la main droite,
la Vierge soutient le bras de Jésus et lui apprend à bénir. La tête sou-
riante de l’Enfant se penche dans un mouvement opposé à celui de sa
mère, pendant que ses bras se sont ouverts, et la paume de la main de-
meurée libre pose sans effort sur le cœur de la Vierge.
Des critiques sévères regretteront peut-être que cette œuvre manque
d'unité. Si le rythme de ce marbre délicat est d’une cadence exquise,
il semble que les deux personnages cèdent à une impulsion différente.
La Vierge s’incline vers la gauche, tandis que le geste de l’Enfant comme
son attitude sont dans la direction contraire. Ce défaut, sensible peut-être
à l’église Saint-Nizier, ne l’était pas lorsque l’œuvre décorait la maison
d’angle des rues Sirène et Bât-d’ Argent. Il est aisé de s’en rendre compte.
La niche pratiquée sur l’ordre de Coyzevox existe toujours. Elle explique,
par la place qu’elle occupe, les exigences décoratives auxquelles l’artiste
ne pouvait impunément se soustraire. Il fallait que, de quelque côté
qu’on l’aperçût, la statue satisfît le regard.
L’élégance du costume, le voile négligemment jeté sur les cheveux
de la Vierge, et dont les plis flottent derrière la nuque, la recherche de
la chaussure seront-ils imputés à Coyzevox comme autant de détails peu
compatibles avec la sévérité de fart religieux? Il serait excessif de for-
muler de tels reproches. La Vierge de Saint-Nizier n’a rien de déplacé
dans une église. C’est une œuvre pleine de convenance. Sans nul doute,
le statuaire l’eût comprise autrement, si tout d’abord elle eût dû prendre
place sur l’autel de la collégiale. Les voiles flottants sont l’indice que la
Vierge a été sculptée pour être en plein air. De même pouvons-nous
croire que l’artiste a voulu répandre sur ses personnages une grâce d’au-
tant plus saisissante qu’ils devaient être vus par des passants occupés ou
distraits. Telle n’est pas la disposition d’esprit des fidèles qui prient dans
un temple.
Ces réserves ôtant faites, il nous reste à constater l’aisance du mou-
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
sait Claude Bourdict, qui, selon toute apparence, était Lyonnaise. Peut,
être même est-ce à Lyon que s’est marié l’artiste. Y a-t-il donc témérité
à chercher la date de la statue de Saint-TNizier vers l’époque où Coyzevox
est redevenu Lyonnais de cœur et de pensée ?
Debout, vêtue d’une robe aux plis abondants et légers sur laquelle
passe une ample draperie, la Vierge dirige son regard vers sa gauche.
D’une main, elle soutient l’Enfant nu, debout sur un tronc d’arbre placé à
sa droite. La draperie, qui de l’épaule droite de la Vierge tombe avec
élégance, enveloppe le corps et vient Botter sur la hanche gauche, est
habilement ramenée vers l’arbre qu’elle recouvre, afin que la rude écorce
de ce fût naturel n’offense pas les pieds nus de l’Enfant. De la main droite,
la Vierge soutient le bras de Jésus et lui apprend à bénir. La tête sou-
riante de l’Enfant se penche dans un mouvement opposé à celui de sa
mère, pendant que ses bras se sont ouverts, et la paume de la main de-
meurée libre pose sans effort sur le cœur de la Vierge.
Des critiques sévères regretteront peut-être que cette œuvre manque
d'unité. Si le rythme de ce marbre délicat est d’une cadence exquise,
il semble que les deux personnages cèdent à une impulsion différente.
La Vierge s’incline vers la gauche, tandis que le geste de l’Enfant comme
son attitude sont dans la direction contraire. Ce défaut, sensible peut-être
à l’église Saint-Nizier, ne l’était pas lorsque l’œuvre décorait la maison
d’angle des rues Sirène et Bât-d’ Argent. Il est aisé de s’en rendre compte.
La niche pratiquée sur l’ordre de Coyzevox existe toujours. Elle explique,
par la place qu’elle occupe, les exigences décoratives auxquelles l’artiste
ne pouvait impunément se soustraire. Il fallait que, de quelque côté
qu’on l’aperçût, la statue satisfît le regard.
L’élégance du costume, le voile négligemment jeté sur les cheveux
de la Vierge, et dont les plis flottent derrière la nuque, la recherche de
la chaussure seront-ils imputés à Coyzevox comme autant de détails peu
compatibles avec la sévérité de fart religieux? Il serait excessif de for-
muler de tels reproches. La Vierge de Saint-Nizier n’a rien de déplacé
dans une église. C’est une œuvre pleine de convenance. Sans nul doute,
le statuaire l’eût comprise autrement, si tout d’abord elle eût dû prendre
place sur l’autel de la collégiale. Les voiles flottants sont l’indice que la
Vierge a été sculptée pour être en plein air. De même pouvons-nous
croire que l’artiste a voulu répandre sur ses personnages une grâce d’au-
tant plus saisissante qu’ils devaient être vus par des passants occupés ou
distraits. Telle n’est pas la disposition d’esprit des fidèles qui prient dans
un temple.
Ces réserves ôtant faites, il nous reste à constater l’aisance du mou-