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Nr. 1
DOI article:Notre cinquentenaire
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NOTRE CINQUANTENAIRE
7
démicien 1 qui parle des arts dans ce beau style français, originaire de la
plus haute latinité, dont le secret n’est pas encore perdu ; style ferme et
clair, d’une élégance mâle et d’une sobre coloration, qui peint les idées
comme les grands maîtres peignaient leurs fresques, avec ampleur, discré-
tion et autorité. L’un rédige, de cette plume qui a ciselé plus d’un chef-
d’œuvre2, de lumineux rapports sur les monuments historiques de l’an-
cienne France; l’autre, après avoir réédifié ces monuments avec la passion
d’un antiquaire, en parle avec l’érudition élégante d’un architecte rompu aux
délicatesses du style 3. Celui-ci, élevé dans les raffinements de la tradition4,
va ressaisir et manier en maître un des sceptres de la critique, naguère
brisé par la mort ; celui-là, marchant sur les traces glorieuses d’Ottfried
Muller3, restitue les frontons mutilés ou disparus du Parthénon, tandis
qu’un Athénien de Paris6 inscrit fièrement son
nom sur les marches de l’Acropole. Il en est
qui s’appliquent à analyser, de la pointe la
plus fine, les types et les manières des maîtres
graveurs1 ou qui, d’une main émue, dépouillent
la noble correspondance de Poussin8. Il en est
qui, inspecteurs honoraires des musées de
l’Europe 9, les visitent et les décrivent pour
une multitude inconnue de voyageurs séden-
taires. Il en est, enfin, et des plus habiles, qui
nous pardonneront d’être modestes pour leur
compte, parce qu'ils partagent avec nous
depuis plusieurs années les travaux qui nous
ont valu la bienveillance du public. Et pen-
dant ce temps, du fond de leur province, mille et mille amateurs nous
envoient le fruit de leurs arides recherches; de tous côtés surgissent des
Bénédictins de vingt ans qui ont creusé dans les montagnes de parchemin
et savent par cœur le fonds Béthune, le fonds Colbert, le fonds Brienne... »
« Tenir la France au courant de ce qui se passe à l’étranger et
l’étranger au courant de ce qui se passe en France, tel est le but de
cette revue » ; aussi son fondateur s’était-il préoccupé de s’assurer
des correspondants dans toutes les villes d’Europe où le culte et le
commerce des arts étaient en honneur ; mais cela ne suffisait point
encore: il fallait appuyer ces informations d’images fidèles et donner
la configuration des objets anciens et modernes dont il serait parlé
dans le texte.
« N’est-il pas permis de s’étonner, en effet, que dans un temps où l’on
illustre toute chose et où abondent les feuilles pittoresques, personne n’ait
1. Victor Cousin. — 2. Prosper Mérimée. — 3. Viollet-le-Duc. — 4. Henri
Delaborde. — 5. Charles Lenormant. — 6. Ernest Beulé. — 7. Jules Renouvier.
- 8. Philippe de Chennevières. —9. Louis Viardot et Théophile Thoré.
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démicien 1 qui parle des arts dans ce beau style français, originaire de la
plus haute latinité, dont le secret n’est pas encore perdu ; style ferme et
clair, d’une élégance mâle et d’une sobre coloration, qui peint les idées
comme les grands maîtres peignaient leurs fresques, avec ampleur, discré-
tion et autorité. L’un rédige, de cette plume qui a ciselé plus d’un chef-
d’œuvre2, de lumineux rapports sur les monuments historiques de l’an-
cienne France; l’autre, après avoir réédifié ces monuments avec la passion
d’un antiquaire, en parle avec l’érudition élégante d’un architecte rompu aux
délicatesses du style 3. Celui-ci, élevé dans les raffinements de la tradition4,
va ressaisir et manier en maître un des sceptres de la critique, naguère
brisé par la mort ; celui-là, marchant sur les traces glorieuses d’Ottfried
Muller3, restitue les frontons mutilés ou disparus du Parthénon, tandis
qu’un Athénien de Paris6 inscrit fièrement son
nom sur les marches de l’Acropole. Il en est
qui s’appliquent à analyser, de la pointe la
plus fine, les types et les manières des maîtres
graveurs1 ou qui, d’une main émue, dépouillent
la noble correspondance de Poussin8. Il en est
qui, inspecteurs honoraires des musées de
l’Europe 9, les visitent et les décrivent pour
une multitude inconnue de voyageurs séden-
taires. Il en est, enfin, et des plus habiles, qui
nous pardonneront d’être modestes pour leur
compte, parce qu'ils partagent avec nous
depuis plusieurs années les travaux qui nous
ont valu la bienveillance du public. Et pen-
dant ce temps, du fond de leur province, mille et mille amateurs nous
envoient le fruit de leurs arides recherches; de tous côtés surgissent des
Bénédictins de vingt ans qui ont creusé dans les montagnes de parchemin
et savent par cœur le fonds Béthune, le fonds Colbert, le fonds Brienne... »
« Tenir la France au courant de ce qui se passe à l’étranger et
l’étranger au courant de ce qui se passe en France, tel est le but de
cette revue » ; aussi son fondateur s’était-il préoccupé de s’assurer
des correspondants dans toutes les villes d’Europe où le culte et le
commerce des arts étaient en honneur ; mais cela ne suffisait point
encore: il fallait appuyer ces informations d’images fidèles et donner
la configuration des objets anciens et modernes dont il serait parlé
dans le texte.
« N’est-il pas permis de s’étonner, en effet, que dans un temps où l’on
illustre toute chose et où abondent les feuilles pittoresques, personne n’ait
1. Victor Cousin. — 2. Prosper Mérimée. — 3. Viollet-le-Duc. — 4. Henri
Delaborde. — 5. Charles Lenormant. — 6. Ernest Beulé. — 7. Jules Renouvier.
- 8. Philippe de Chennevières. —9. Louis Viardot et Théophile Thoré.