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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 1.1909

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Nr. 1
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Leprieur, Paul: Les récentes acquisitions du département des peintures au Musée du Louvre (1907 - 1908), 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24871#0078

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

rangées désormais au nombre des chefs-d’œuvre classiques, dans la
glorieuse atmosphère du Louvre. Ce n’est heureusement pas seule-
ment dans les romans et dans les contes que la vérité et le bon droit
ont tôt ou tard cause gagnée.

Par suite d’un hasard de donations heureuses, en même temps
que d’une volonté réfléchie et méditée dans les achats, c’est l’école
française en ses diverses périodes, du xvie au xixe siècle, qui a, d’ail-
leurs, le plus largement bénéficié des enrichissements nouveaux.
11 est douteux qu’on ait lieu de s’en plaindre. Chaque pays n’a-t-il
pas, en effet, ses devoirs? et l’obligation première n’y est-elle pas,
avant tout, de veiller scrupuleusement à ce que la riche floraison
d’art épanouie sur son sol même soit justement représentée de la
façon la plus brillante, là où I on peut le mieux la sentir et l’aimer?
C’est affaire d’harmonieuse convenance presque autant que d’hon-
neur national. Quelques joies que puisse apporter ce dilettantisme
cosmopolite, dont les musées sont la grande école, il faut avouer
pourtant que les œuvres d’art, de même que les fruits et les fleurs,
transportées loin de leur terre natale, n’ont plus tout à fait même
saveur ni même parfum. Où saurait-on goûter plus pleinement un
Fra Angelico ou un Botticelli, sinon sous la douceur du ciel florentin ?
et n’est-ce pas aussi en France surtout qu’un Clouet, un Fragonard
ou un Chardin sont le plus nettement compréhensibles, dans toute
la délicatesse de leur charme vivant ?

Le souci de restituer dans la mesure du possible, au moins à
l’aide des rares débris conservés, l’histoire encore si obscure des
origines de la peinture française n’est pas resté, cette fois plus que
la précédente, étranger aux préoccupations du département des
Peintures. S’il n’avait tenu qu’aux conservateurs seuls, nous aurions
dès aujourd’hui à fêter l’entrée au Louvre d’un rare et précieux
morceau de la fin du xve siècle, presque aussi enviable en son genre
que Y Homme au verre de vin. L’image si véridique et si sincère du petit
Dauphin, Charles-Orlant, fils de Charles VIII, dont l’importance, dès
longtemps connue, avait été plus glorieusement que jamais mise en
lumière par l’Exposition des Primitifs français, n’a pu malheureu-
sement, par suite de précédents néfastes et d’un parti pris de résistance
déplorable, venir occuper sans obstacle, entre Fouquet et Clouet, la
place où il était en quelque sorte attendu. Du moins, la peine
tourna-t-elle vite en joie, grâce à la délicatesse courtoise d’un grand
collectionneur étranger, habitant Paris et Français, s’il en fut, de
cœur, qui s’empressa de sauver le tableau d’un nouvel exil et ne
 
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