RÉCENTES ACQUISITIONS DU MUSÉE DU LOUVRE 67
en pareil cas, d’une infinie prudence et se garder de prêter la main
aux combinaisons plus ou moins avouées de marchands (il en est
même, hélas ! parmi les collectionneurs) soucieux avant tout de
donner une plus-value aux œuvres qu’ils possèdent, en vue d une
vente future, le plus souvent c’est au grand profit des musées qu’y ont
été accueillies les propositions généreusement désintéressées d’amis
excellents, consentant à se priver pour un temps, soit de quelque
pièce rare, soit même d’un précieux ensemble choisi parmi leurs
trésors. Cette glorieuse épreuve, qui est généralement pour les œuvres
prêtées une pierre de touche d’une capitale importance, devient sou-
vent, par l’accoutumance, l’acheminement discret vers une donation
définitive, quand elle n’en est même pas d’avance le prélude. C’est,
en tout cas, un stimulant d’activité et de progrès, par les liens d’ama-
bilité réciproque établis entre le musée et les collectionneurs, et dont
le public est le premier à tirer profit. L’expérience déjà longue de
l’étranger est assez significative à cet égard, pour qu’on puisse bien
augurer chez nous d’une telle innovation. N’en a-t-on pas ressenti,
d’ailleurs, dès le début les heureux effets, puisque M. le comte Potocki
a pu ainsi nous révéler, par de généreux prêts successifs, quelques-uns
des chefs-d’œuvre qu’il nous réserve dans l’avenir, et que M. Félix
Doistau, en nous confiant même, pour un temps à peu près indéter-
miné, une section délicieusement charmante de ses collections si
nombreuses, ne s’est pas montré pour nous moins bienfaisant ami?
Pour rester au niveau de ces apports multiples, définitifs ou
temporaires, et garder également aux achats une belle tenue, digne
en tous points d’un grand musée, le département des Peintures n’a
eu qu’à observer fidèlement la ligne de conduite dont, il y a deux
ans, il avait pris en quelque sorte l’engagement ici même L C’est
moins à l’abondance qu’à la qualité des œuvres qu’il a visé; et, si
les enrichissements ont peut-être été de ce fait plus limités, du
moins ne se montrent-ils pas à beaucoup près d’importance moindre.
Malgré les difficultés et les luttes qu’il a fallu parfois soutenir pour
s’en emparer, et le plus souvent non sans un sérieux sacrifice pécu-
niaire, ce sont généralement des pièces maîtresses qui, dans les
diverses séries, ont pu être conquises, s’y plaçant d’emblée au
premier rang. On oublie facilement et l’effort passé, et l’inanité
de telles ou telles attaques perfides autant qu’absurdes, en
revoyant aujourd’hui les œuvres si paisiblement triomphantes, 1
1. Gazette des Beaux-Arts, 1907, t. I, p„ 1 et suiv.
en pareil cas, d’une infinie prudence et se garder de prêter la main
aux combinaisons plus ou moins avouées de marchands (il en est
même, hélas ! parmi les collectionneurs) soucieux avant tout de
donner une plus-value aux œuvres qu’ils possèdent, en vue d une
vente future, le plus souvent c’est au grand profit des musées qu’y ont
été accueillies les propositions généreusement désintéressées d’amis
excellents, consentant à se priver pour un temps, soit de quelque
pièce rare, soit même d’un précieux ensemble choisi parmi leurs
trésors. Cette glorieuse épreuve, qui est généralement pour les œuvres
prêtées une pierre de touche d’une capitale importance, devient sou-
vent, par l’accoutumance, l’acheminement discret vers une donation
définitive, quand elle n’en est même pas d’avance le prélude. C’est,
en tout cas, un stimulant d’activité et de progrès, par les liens d’ama-
bilité réciproque établis entre le musée et les collectionneurs, et dont
le public est le premier à tirer profit. L’expérience déjà longue de
l’étranger est assez significative à cet égard, pour qu’on puisse bien
augurer chez nous d’une telle innovation. N’en a-t-on pas ressenti,
d’ailleurs, dès le début les heureux effets, puisque M. le comte Potocki
a pu ainsi nous révéler, par de généreux prêts successifs, quelques-uns
des chefs-d’œuvre qu’il nous réserve dans l’avenir, et que M. Félix
Doistau, en nous confiant même, pour un temps à peu près indéter-
miné, une section délicieusement charmante de ses collections si
nombreuses, ne s’est pas montré pour nous moins bienfaisant ami?
Pour rester au niveau de ces apports multiples, définitifs ou
temporaires, et garder également aux achats une belle tenue, digne
en tous points d’un grand musée, le département des Peintures n’a
eu qu’à observer fidèlement la ligne de conduite dont, il y a deux
ans, il avait pris en quelque sorte l’engagement ici même L C’est
moins à l’abondance qu’à la qualité des œuvres qu’il a visé; et, si
les enrichissements ont peut-être été de ce fait plus limités, du
moins ne se montrent-ils pas à beaucoup près d’importance moindre.
Malgré les difficultés et les luttes qu’il a fallu parfois soutenir pour
s’en emparer, et le plus souvent non sans un sérieux sacrifice pécu-
niaire, ce sont généralement des pièces maîtresses qui, dans les
diverses séries, ont pu être conquises, s’y plaçant d’emblée au
premier rang. On oublie facilement et l’effort passé, et l’inanité
de telles ou telles attaques perfides autant qu’absurdes, en
revoyant aujourd’hui les œuvres si paisiblement triomphantes, 1
1. Gazette des Beaux-Arts, 1907, t. I, p„ 1 et suiv.