Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 1.1909)

RÉCENTES ACQUISITIONS DU MUSÉE DU LOUVRE 153

gonard, Lavreince, Hubert Robert, etc.; des gouaches,.dues à Louis
Moreau, Caresme, Taunay et autres; des miniatures, où, à côté de
Chartier et de Mme Fragonard, la série des œuvres d’un vieil ami
comme J'.-B. Massé est naturellement nombreuse; des émaux, repré-
sentés principalement par Courtois, et des estampes même, où
semble recherchée de préférence la délicieuse production contempo-
raine d’après les plus agréables maîtres du temps, de J.-F. de Troy
ou des Vanloo à Boucher, Greuze etFragonard. Parmi les sculptures,
enfin, Caffieri est particulièrement en honneur; et, jusque dans les
objets d'art et les bronzes, le mobilier et les pièces de pure décoration,
on peut constater dans le luxe un singulier raffinement1.

Le séjour en Italie, quelques joies qu’il ait pu y éprouver, ne semble
pas avoir grandement modifié l’orientation naturelle de ses tendances.
Se retrouvant après comme avantcollectionneur ardent, il reconstitue,
en quelques années, une collection à peu près aussi nombreuse que
la première, et de note sensiblement voisine. La vente qui en futfaite
après décès, dans la maison qu’il habitait, 18, rue de Richelieu,
lorsqu’il meurt en 1813, célibataire et sans postérité, permet de s’en
rendre compte2. D’ensemble, il se montre à peine plus porté qu’avant
vers la pompe et l’emphase académique, vers les solennités du grand
style. S’il s’en est glissé çà et là quelques spécimens dans la collection,
c’est presque uniquement sous l’inlluence des nouvelles modes
régnantes et des infiltrations classiques au goût du jour, qui, dès le
règne de Louis XVI, tendaient de plus en plus à se propager. Il n’a
fait qu’évoluer avec son temps, gardant un fond d’attachement pour
les amours de sa jeunesse, mais conservant jusqu’à la tin, toujours
aussi vivace, sa faculté de renouvellement, sa curiosité avisée et sa

1. Notons au passage, comme complément révélateur cle goûts artistiques, le
n° 245 : « une boîte à couleur, chevalet-et autres ustensiles de peinture », qui
semblerait indiquer des habitudes de peintre amateur, et les nos 252 à 254, com-
prenant toute une série d’« instrumens de musique » (violons de Castagneri, vio-
loncelle, tambourin, flûte, cors). 11 fut certainement musicien, aussi bien que son
frère aîné, le jeune violoniste de Chardin Un charmant petit volume, élégamment
relié par Derôme, dans la collection Trépard (« Recueil de contredanses et me-
nuets choisis et arrangés pour le tambourin appartenant à Mr Godefroy, contrô-
leur général de la marine. A Paris, l’an 1762 ») achève de le prouver

2. Catalogue des tableaux, dessins, gouaches, estampes, marbres, bronzes, vases
précieux, pendules, dorures et autres objets curieux composant le cabinet de feu
M. Godefroy, ancien contrôleur général de la marine. Par H Delaroche. Paris,
décembre 1813, in-8°, 53 p. — Quelques bribes de cette collection, notamment des
tableaux de Vallin (n° 134) ou de Demachy (nos32 et 33), rachetés sans doute à la
vente, se sont conservées, avec les portraits de famille, dans la collection Trépard.

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I. — 4e PERIODE.