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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 1.1909

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Nr. 4
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Dorbec, Prosper: Louis Cabat
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https://doi.org/10.11588/diglit.24871#0362

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328

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

cet ordre dont l’éloquent apôtre allait obtenir le rétablissement sur
la terre française. « C’est tout à fait », écrivait de ce dernier le
correspondant de Mme de Swctchine, « la miniature d’Angelico da
Fiesole, une âme irréprochablement pure, bonne, simple, et d’une
foi de grand saint. » Il fut pour Cabat un nouveau compagnon de
travail. Les deux amis échangeaient leurs qualités dans un mutuel
enseignement. Si Besson tirait exemple de son camarade qui, disait-
il, « faisait des paysages comme La Fontaine faisait des fables », il
était son guide dans les montagnes de Tivoli et de Frascati, et son
guide aussi dans l’art de dégager les grands caractères de cette
nature; quand ils ne pouvaient de concert explorer la région, il lui
communiquait ses études1. — Ce fut en hommage à l’amitié dont
l’honorait Lacordaire |que Cabat peignit dans le Dauphiné son beau
paysage du Miracle de saint Dominique traversant une rivière, con-
servé au musée de Grenoble 2.

Déjà en 1838, il avait envoyé au Salon les premiers résultats de
son contact avec ces solennelles contrées. Un chemin de la vallée de
Narni causa une impression profonde par son illusionnant effet de
sous-bois, où le sol fuyait sous les yeux, traversé d’ombres de la
plus légère transparence 3 4.

Il est intéressant de le voir appliquer à ces régions classiques,
surtout aux premiers temps de son commerce avec elles, le serré et
la vigueur de facture qu'il a hérités des paysagistes de Hollande.
Son spiritualisme ne l’achemine pas vers l’inanition. Une toile par
là des plus typiques est la principale de celles qu’il envoya au Salon
de 1840, Le Bon Samaritain '", aujourd’hui au musée d’Amiens. La

1. Cf. Le R. l\ Besson, sa vie, ses lettres, par E. Cartier, Paris, Poussiel-
gue, 1867. Besson avait été élève de Delaroclie. Né à Besançon en 1816, il mourut
en Orient, à Mossoul, en 1861. On voit de lui d'importantes peinLures murales à
Rome, au couvent de Saint-Sixte. « J’ai pu voir les peintures du Père Besson »,
écrivait à Timbal Ilippolyte Flandrin; « elles m’ont beaucoup touché. Les petites
compositions en grisaille surtout ont une simplicité et une sobriété éloquente qui
rappellent les maîtres. 11 y en a d’excellentes. »

2. Parmi les jeunes artistes séjournant alors à Rome se trouvaient un
certain nombre de fervents catholiques comme les Flandrin, le sculpteur Bon-
nassieux, Gounod et l’architecte et critique d'art Alexandre Piel, qui devait aussi
entrer dans l’ordre de Saint-Dominique. Cabat s’était adjoint à eux en vue de
former une société dite « de Saint-Jean » qui avait pour but la régénération de
l'art par son application chrétienne et dont Lacordaire se chargea de rédiger les
règlements. Cette société, qui existe toujours, se trouva fondée le 30 janvier 1840
(cf. Vie de L.-A. Piel, par A. Teyssier, Paris, 1813, in-8).

3. L’Artiste, lre série, t. XV, p. 35.

4. Gravé en 1841, par P.-E. Aubert.
 
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