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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 1.1909

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Nr. 4
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Lemoisne, Paul-André: Les primitifs de l'estampe Japonaise
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https://doi.org/10.11588/diglit.24871#0380

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

personnels et, cependant, cette personnalité ne s’accusa qu’asscz tard,
car peu d'artistes ont subi autant d’influences diverses et cherchèrent
aussi longtemps leur voie. Massanobou commença à produire tout
au début du xvme siècle, peut-être même, d’après M. W. von Seidlitz,
à la fin du xvne siècle, et vécut jusqu’en 1751 ou 1752 ; il était libraire
à Yedo, son nom vulgaire, Hon-nya, veut dire « boutique de livres »,
et peut-être est-ce à cette profession que nous devons ses illustra-
tions de livres et ces gravures sur fond noir, dans le style Ishisuri1,
où Massanobou s’est inspiré des illustrations historiques tradition-
nelles dans les livres. Deux de ces estampes, qui paraissent des
débuts de l’artiste, étaient exposées. L’une2 représente Harihira,
traversant à cheval le pont de Sano no Watari, dans un très beau
paysage montagneux, par un temps d’hiver; il se couvre la tête de
son manteau pour s’abriter de la neige; dessous on lit : « Il est
pénible, quand tombe la neige et que la nuit vient, de se trouver
en voyage, sans un arbre ni une maison pour s’abriter. » L’autre
estampe3, de la même série, représente le prêtre Saïgio monté sur
un bœuf aux cornes fleuries, et méditant au pied du Fuji; elle porte
la légende suivante : « Ainsi que les vapeurs qui s’élèvent du cône
du Fuji disparaissent sans laisser de trace, ainsi l’esprit supérieur
qui anime les hommes s’évanouit sans qu’il soit possible de savoir
ce qu'il devient. »

La grande influence qu’eut sur lui Moronobon est très visible,
particulièrement dans le frontispice4 d’un album tiré en noir, où
nous voyons un peintre en train de signer un paravent qu’il vient
déterminer, devant un jeune homme et une jeune fille; le dessin
très large de cette gravure, la façon de faire les personnages un peu
courts et trapus, mais plus arrondis, tout rappelle le faire de Moro-
nobou. Cette estampe a, de plus, un autre intérêt, car l’on croit que
Massanobou lui-même s’est représenté dans le peintre. La seconde
influence que subit Massanobou est assurément celle de Kwaigetsudo
Norishigé, ainsi qu’en témoigne cette courtisane, vêtue d'une robe

une forte présomption, nous parait insuffisant pour trancher la question; nous
ne pouvons, à l’heure actuelle, que constater l’apparition de ces estampes à cette
époque sans en attribuer la paternité plutôt à Shigenaga qu’à Massanobou.

1. « Qui imite l’empreinte d’une pierre gravée. »

2. N° 130, à M. Jacquin.

3. N° 139, à M. Jacquin.

4. N° 130, à M. Haviland ; dans le même cadre, il y avait un autre état avec
une légère variante; le peintre, cette fois, au lieu de signer, écrivait la préface de
son livre sur le paravent.
 
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