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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 1.1909

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Nr. 5
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Goujon, Pierre: Les Salons de 1909, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24871#0428

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386

GAZETTE DES BEAUX-A11TS

avides de vivre. C’est le spectacle de la vie qu’ils veulent retrouver
dans les œuvres qu’ils contemplent avec des expressions de vérité et
des formes d’idéal qui pourraient durer dans l’art alors qu’elles
fuient dans la vie. Curieux de se développer et de s’enrichir, c’est,
la plus forte joie pour eux d’entrer, comme par prodige, au cœur
d’une intelligence et d’une sensibilité, d’y retrouver et d’y nourrir
une partie d’eux-mêmes. S’échapper de la vie banale, être en voyage,
libre, dans la lumière et dans l’atmosphère qui vraiment mettent
toutes les forces à l’aise, découvrir les gîtes heureux, familiers ou
miraculeux après les étapes dont on a été le maître, puis repartir :
tout ce besoin et tout cet espoir, malgré les désillusions annuelles,
renaîtront toujours, avec le printemps, dans les bosquets réchauffés
des Champs-Elysées.

J’entends protester contre l’abondance. A quoi bon? Rien de
plus propre à produire le plaisir et l’émotion que cette poursuite
difficile au milieu de tant d’œuvres laides et mortes, des œuvres qui
ont fleuri comme d’elles-mêmes ou qu’une volonté a créées. Rien de
plus propre à l’éducation du public et des artistes eux-mêmes que
cette mêlée du meilleur, du médiocre et du pire, que cette bataille
des procédés et des genres. Les œuvres de qualité émergent natu-
rellement, avec plus d’éclat, au-dessus de cette foule.

J’entends protester contre l’indiscipline et conlre le désordre.
Qu’est-ce à dire? Je l'écris à dessein et sans honte : il m’est
parfaitement indifférent de ne pas découvrir que tous ces
exposants obéissent à un idéal commun et suivent le même che-
min. La seule discipline nécessaire dans l’art, je l’aperçois dans
l’application et la sincérité individuelles. Ce qui apparaît à certains
esprits, dans la diversité et le particularisme des recherches,
comme un sombre malheur, fait mon plaisir et mon espoir, comme
une preuve, tout au moins comme une promesse, d’originalité et de
renouvellement. Je vais directement à l’œuvre où se marquent un
tempérament solitaire, une méditation qui a peu emprunté; et
tant mieux si elle révèle un peu d’orgueil.

Aussi bien je me sens très pauvre, incapable d’idées générales et
de rédiger une consultation d’ensemble sur l’art contemporain.
Contre les esprits moroses, je crois à sa vitalité, à ses ressources.
Il a une destination idéale : l’union de l’art et delà vérité. Beaucoup
d’artistes, dans cette foule de producteurs, ont pu voler jusqu’à sa
hauteur ou sont en route vers elle, — quelques-uns tout près. Les
plus grands sont morts; d’autres ont interrompu leur effort. Plu-
 
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