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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
réception des apprentis et compagnons. Elle représente un renard (le
grand-maître) qui préside la cérémonie, ayant à sa droite un per-
roquet monté sur un perchoir (l’orateur), à côté duquel se tiennent
debout un castor (l’architecte), un loup (un procureur), un âne (un
médecin), un porc (un financier), un singe tenant un éventail (un
abbé); un chat fait les fonctions de secrétaire et prend des notes sur
une feuille de papier. Devant ces personnages est représenté sur le
sol un temple avec deux colonnes et des emblèmes maçonniques.
L’assemblée accueille le récipiendaire, qui est un dindon entre deux
chiens (les surveillants). A gauche, un lion tient un glaive : c’est
le « frère terrible ».
Les aérostats. — Les premiers inventeurs des aérostats, plus
encore que les révélateurs de ces initiations mystérieuses, furent
tournés en ridicule. « Voici une chose qu’on traitera de folie », écri-
vait d’Argenson. « Je suis persuadé qu’une des premières fameuses
découvertes à faire et réservée peut-être à notre siècle, c’est de
trouver l’art de voler en l’air. » En 1755, un Dominicain, le P. Galien,
avait déjà publié un Art de naviguer dans les airs, amusement
démontrant la possibilité de cette tentative.
En 1783, pour la première fois, les frères Montgolfier construi-
sirent à Annonay un globe de taffetas à air chaud sous lequel ils
allumèrent un feu de paille, et la montgolfière s’enleva dans les airs.
L’expérience d’Annonay produisit à Paris une grande admiration1.
Les frères Robert voulurent l’imiter, en exécutant non pas un ballon
franc-maçon novice conduit par un autre dans un salon. — Voir aussi les carica-
tures contre Gagliostro et le Rite égyptien.
1. Il faut citer aussi Blanchard, qui, le 5 mai 1782, n’ayant pu faire une
ascension, fut attaqué dans une estampe satirique. Aux incrédules de Paris(Cabinet
des estampes, Ib 2, fol. 22). Une autre caricature, intitulée : « Nous sommes ici en
admirant — Le départ des vaisseaux volants » (ibid., Ib 2, fol. 41) montrait un
cercle formé par des aveugles, des ânes à lunettes, un singe armé d’une loupe,
un renard placé devant un télescope observant le vaisseau volant qui ne volait
pas. La légende disait :
Ah! le bel oiseau, vraiment,
Qui s’est mis dans cette cage,
Ah! le bel oiseau, vraiment
Depuis vingt mois on l’attend.
Le 2 mars 1784 Blanchard ne fut pas plus heureux en essayant un ballon propul-
seur à rames. Une caricature le représente dans un ridicule traîneau, au milieu
d’oies et de pourceaux. La légende est : Sic reditur ab astris. En 1785 il se servit
d’un parachute qu’il lança de sa nacelle avec un chien attaché à l’appareil, ce qui
donna naissance à une série de caricatures contre le parachute.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
réception des apprentis et compagnons. Elle représente un renard (le
grand-maître) qui préside la cérémonie, ayant à sa droite un per-
roquet monté sur un perchoir (l’orateur), à côté duquel se tiennent
debout un castor (l’architecte), un loup (un procureur), un âne (un
médecin), un porc (un financier), un singe tenant un éventail (un
abbé); un chat fait les fonctions de secrétaire et prend des notes sur
une feuille de papier. Devant ces personnages est représenté sur le
sol un temple avec deux colonnes et des emblèmes maçonniques.
L’assemblée accueille le récipiendaire, qui est un dindon entre deux
chiens (les surveillants). A gauche, un lion tient un glaive : c’est
le « frère terrible ».
Les aérostats. — Les premiers inventeurs des aérostats, plus
encore que les révélateurs de ces initiations mystérieuses, furent
tournés en ridicule. « Voici une chose qu’on traitera de folie », écri-
vait d’Argenson. « Je suis persuadé qu’une des premières fameuses
découvertes à faire et réservée peut-être à notre siècle, c’est de
trouver l’art de voler en l’air. » En 1755, un Dominicain, le P. Galien,
avait déjà publié un Art de naviguer dans les airs, amusement
démontrant la possibilité de cette tentative.
En 1783, pour la première fois, les frères Montgolfier construi-
sirent à Annonay un globe de taffetas à air chaud sous lequel ils
allumèrent un feu de paille, et la montgolfière s’enleva dans les airs.
L’expérience d’Annonay produisit à Paris une grande admiration1.
Les frères Robert voulurent l’imiter, en exécutant non pas un ballon
franc-maçon novice conduit par un autre dans un salon. — Voir aussi les carica-
tures contre Gagliostro et le Rite égyptien.
1. Il faut citer aussi Blanchard, qui, le 5 mai 1782, n’ayant pu faire une
ascension, fut attaqué dans une estampe satirique. Aux incrédules de Paris(Cabinet
des estampes, Ib 2, fol. 22). Une autre caricature, intitulée : « Nous sommes ici en
admirant — Le départ des vaisseaux volants » (ibid., Ib 2, fol. 41) montrait un
cercle formé par des aveugles, des ânes à lunettes, un singe armé d’une loupe,
un renard placé devant un télescope observant le vaisseau volant qui ne volait
pas. La légende disait :
Ah! le bel oiseau, vraiment,
Qui s’est mis dans cette cage,
Ah! le bel oiseau, vraiment
Depuis vingt mois on l’attend.
Le 2 mars 1784 Blanchard ne fut pas plus heureux en essayant un ballon propul-
seur à rames. Une caricature le représente dans un ridicule traîneau, au milieu
d’oies et de pourceaux. La légende est : Sic reditur ab astris. En 1785 il se servit
d’un parachute qu’il lança de sa nacelle avec un chien attaché à l’appareil, ce qui
donna naissance à une série de caricatures contre le parachute.