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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
l’ordre qui depuis longtemps était traditionnel : il semble que Bréa,
après son émancipation des premiers jours, soit rentré dans les
voies communes.
Il ne tarda pas à retourner à Gênes : le 22 juin 1503, il était
associé avec Laurent Fazolo, de Pavie, et Jean Barbazelala. Les
trois artistes passaient convention pour la peinture de la chapelle
de Pierre de Persio et d’un retable pour son aulel, en l’église des
Carmes. On spécifiait qu’ils auraient à employer comme couleur un
azur, sinon meilleur, au moins semblable à celui dont ils s’étaient
servis pour la chapelle de la Vierge en la cathédrale1. Or, c’était
Barbazelata qui avait passé marché pour celte dernière à la date
du 7 juin 15022. Ilest donc vraisemblable qu’il avait pris lui-même
l’initiative d’appeler Bréa à ses cotés.
Deux ans plus tard, Louis Bréa était rentré dans son pays : le
Ie1' avril 1505, il achevait la Pietà, dont le curé de Monaco, Antoine
Teste, lui avait confié le soin3. Sans doute le tableau, dans l’inscrip-
tion qui donne la date, ne reproduit pas son nom, et l’on ne possède
aucun document contemporain qui le concerne; cependant, il a tou-
jours passé pour être du maître niçois, et cette attribution semble
bien rendue définitive par les comparaisons avec ses œuvres authen-
tiques.
Le panneau principal montre la Vierge portant sur ses genoux le
corps inanimé de son Fils ; elle le contemple avec affliction, en
croisant les mains4. À sa gauche, la Madeleine, aux cheveux blonds
tombant en boucles sur ses épaules, est enveloppée d’un manteau
d’un beau rouge, qui laisse apercevoir sa robe d’un bleu foncé;
agenouillée, elle ouvre la boîte de parfums traditionnelles. De l’autre
côté, saint Jean, également à genoux6, soutient de la main droite
dans les Comptes rendus des réunions des Sociétés des Beaux-Arts des départements,
19U, p. 71, 76 et 77.
1. Alizeri, t. Il, p. 203, note 1.
2. Alizeri, t. II, p. 69, note 1.
3. Ce tableau, qui avait été décrit précédemment par M. E. Jolivot, op. cit.,
p. 115 et suiv., signalé par M. G. Saige, La Seigneurie de Monaco, p. 61, a été
longuement étudié, commenté et comparé avec les autres œuvres de Bréa par le
signataire de cet article, dans Nice historique, février 1912, p. 58 à 71. Il porte à
l’Exposition le n° 24.
4. Ces mains nouées se retrouvent aux Vierges contemplant le Christ de
douleur dans les retables du Baptême du Christ et de Saint Nicolas et sur la
prédelle du retable de Samt Georges à Montalto Ligure.
5. Le geste de la main soulevant le couvercle se retrouve dans le retable de
saint Nicolas; la forme du vase est la même que dans ce dernier tableau, etc.
6. Remarquer les plis du manteau plaqués contre la cuisse : on en retrouve
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l’ordre qui depuis longtemps était traditionnel : il semble que Bréa,
après son émancipation des premiers jours, soit rentré dans les
voies communes.
Il ne tarda pas à retourner à Gênes : le 22 juin 1503, il était
associé avec Laurent Fazolo, de Pavie, et Jean Barbazelala. Les
trois artistes passaient convention pour la peinture de la chapelle
de Pierre de Persio et d’un retable pour son aulel, en l’église des
Carmes. On spécifiait qu’ils auraient à employer comme couleur un
azur, sinon meilleur, au moins semblable à celui dont ils s’étaient
servis pour la chapelle de la Vierge en la cathédrale1. Or, c’était
Barbazelata qui avait passé marché pour celte dernière à la date
du 7 juin 15022. Ilest donc vraisemblable qu’il avait pris lui-même
l’initiative d’appeler Bréa à ses cotés.
Deux ans plus tard, Louis Bréa était rentré dans son pays : le
Ie1' avril 1505, il achevait la Pietà, dont le curé de Monaco, Antoine
Teste, lui avait confié le soin3. Sans doute le tableau, dans l’inscrip-
tion qui donne la date, ne reproduit pas son nom, et l’on ne possède
aucun document contemporain qui le concerne; cependant, il a tou-
jours passé pour être du maître niçois, et cette attribution semble
bien rendue définitive par les comparaisons avec ses œuvres authen-
tiques.
Le panneau principal montre la Vierge portant sur ses genoux le
corps inanimé de son Fils ; elle le contemple avec affliction, en
croisant les mains4. À sa gauche, la Madeleine, aux cheveux blonds
tombant en boucles sur ses épaules, est enveloppée d’un manteau
d’un beau rouge, qui laisse apercevoir sa robe d’un bleu foncé;
agenouillée, elle ouvre la boîte de parfums traditionnelles. De l’autre
côté, saint Jean, également à genoux6, soutient de la main droite
dans les Comptes rendus des réunions des Sociétés des Beaux-Arts des départements,
19U, p. 71, 76 et 77.
1. Alizeri, t. Il, p. 203, note 1.
2. Alizeri, t. II, p. 69, note 1.
3. Ce tableau, qui avait été décrit précédemment par M. E. Jolivot, op. cit.,
p. 115 et suiv., signalé par M. G. Saige, La Seigneurie de Monaco, p. 61, a été
longuement étudié, commenté et comparé avec les autres œuvres de Bréa par le
signataire de cet article, dans Nice historique, février 1912, p. 58 à 71. Il porte à
l’Exposition le n° 24.
4. Ces mains nouées se retrouvent aux Vierges contemplant le Christ de
douleur dans les retables du Baptême du Christ et de Saint Nicolas et sur la
prédelle du retable de Samt Georges à Montalto Ligure.
5. Le geste de la main soulevant le couvercle se retrouve dans le retable de
saint Nicolas; la forme du vase est la même que dans ce dernier tableau, etc.
6. Remarquer les plis du manteau plaqués contre la cuisse : on en retrouve