52
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
C’est par cette pénible déclaration que se termine cette tragédie, résultant des
exigences de la Corporation de Saint-Luc qui osa imposer à l’un de ses membres
les dures conditions, rejetées du reste par l’artiste d’un caractère fier et résolu :
« Toute personne ayant renoncé à son commerce dans la ville, ne pourra en aucun
cas être autorisée à ouvrir boutique, soit en public, soit à huis clos ».
La liquidation des affaires de Rembrandt, relativement à sa cession judiciaire, se
présentait à la fin de décembre 1660 sous un aspect favorable : les plus importantes
créances avaient été payées et l’artiste avait pris, avec ses amis Francen et van Ludick,
des mesures qui lui permettaient d’amortir régulièrement ses dettes grâce à son
travail.
De son côté, Rembrandt avait entièrement satisfait à ses obligations : les ventes
aux enchères de ses biens, de ses trésors artistiques et de sa maison étaient ter-
minées, tandis que le réglement final qui devait avoir lieu plus tard, ne le regardait
nullement; la part des biens provenant du régime de la communauté et attribuée à
Titus, se trouvait encore sous la tutelle de Louys Crayers.
Par suite du décès de Govert Flinck, en février iôfio, Rembrandt semble avoir
reçu la mission de reprendre au moins une partie des travaux de Flinck, qui avait
été chargé de peindre des sujets historiques destinés à orner quatre cloisons de la
« Groote Burgerzaal » du nouvel Hôtel de Ville d’Amsterdam, aujourd’hui le Palais
Royal. Il s’agissait de panneaux représentant le soulèvement des Bataves contre la
domination romaine. Bembrandt s’acquitta de cette mission en peignant un grand
tableau de forme carrée, mesurant 5ra,5o de côté, arrondi à la partie supérieure et
représentant la Conspiration de Julius Civilis, d’après le récit emprunté à l’histoire
de Tacite. Le tableau fut remis à l’Hôtel de Ville et placé contre une cloison cintrée
de la « Groote Burgerzaal » au-dessus de la Trésorerie Générale, mais le tableau
semble d’ailleurs ne pas avoir donné complète satisfaction, car plus tard on voyait à
la même place un tableau, qui représentait le même sujet et dû au pinceau d’un
Allemand, Jürgen Ovens (1628-1678), élève de Rembrandt en i64o, et dans la
suite, peintre attitré des ducs de Gottorp en Schleswig, mais qui a travaillé à
Amsterdam entre i656 et 1662.
A cette époque, l’œuvre d’art aujourd’hui si fameuse semble ne pas avoir répondu
à l’attente et fut rendue à Rembrandt probablement au mois d’août 1662. La place
du tableau, restée vide, choqua sans doute les regards, surtout à l’occasion du dîner
offert lors de la visite officielle que l’archevêque Maximilien Henri de Bavière, élec-
teur de Cologne, fit à la capitale, le 24 septembre 1662.
Jürgen Ovens fut chargé, d’après l’historien Philippe von Zesen (Beschreibung
der Stadt Amsterdam, i664), de terminer au plus tôt et à l’huile les esquisses ori-
ginales de Govert Flinck, dessinées au fusain et peintes à l’eau sur toile peinte en
détrempe. Quatre jours n’avaient pas suffi à Ovens pour achever son œuvre; pour-
tant il avait profité de l’occasion pour ajouter une douzaine de figures au sujet pri-
mitif. Le travail fut terminé à temps. Un poème de Vondel est relatif à cette fête.
On a dû se résigner selon toute apparence et se contenter de ce travail. 11 y a quelque
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
C’est par cette pénible déclaration que se termine cette tragédie, résultant des
exigences de la Corporation de Saint-Luc qui osa imposer à l’un de ses membres
les dures conditions, rejetées du reste par l’artiste d’un caractère fier et résolu :
« Toute personne ayant renoncé à son commerce dans la ville, ne pourra en aucun
cas être autorisée à ouvrir boutique, soit en public, soit à huis clos ».
La liquidation des affaires de Rembrandt, relativement à sa cession judiciaire, se
présentait à la fin de décembre 1660 sous un aspect favorable : les plus importantes
créances avaient été payées et l’artiste avait pris, avec ses amis Francen et van Ludick,
des mesures qui lui permettaient d’amortir régulièrement ses dettes grâce à son
travail.
De son côté, Rembrandt avait entièrement satisfait à ses obligations : les ventes
aux enchères de ses biens, de ses trésors artistiques et de sa maison étaient ter-
minées, tandis que le réglement final qui devait avoir lieu plus tard, ne le regardait
nullement; la part des biens provenant du régime de la communauté et attribuée à
Titus, se trouvait encore sous la tutelle de Louys Crayers.
Par suite du décès de Govert Flinck, en février iôfio, Rembrandt semble avoir
reçu la mission de reprendre au moins une partie des travaux de Flinck, qui avait
été chargé de peindre des sujets historiques destinés à orner quatre cloisons de la
« Groote Burgerzaal » du nouvel Hôtel de Ville d’Amsterdam, aujourd’hui le Palais
Royal. Il s’agissait de panneaux représentant le soulèvement des Bataves contre la
domination romaine. Bembrandt s’acquitta de cette mission en peignant un grand
tableau de forme carrée, mesurant 5ra,5o de côté, arrondi à la partie supérieure et
représentant la Conspiration de Julius Civilis, d’après le récit emprunté à l’histoire
de Tacite. Le tableau fut remis à l’Hôtel de Ville et placé contre une cloison cintrée
de la « Groote Burgerzaal » au-dessus de la Trésorerie Générale, mais le tableau
semble d’ailleurs ne pas avoir donné complète satisfaction, car plus tard on voyait à
la même place un tableau, qui représentait le même sujet et dû au pinceau d’un
Allemand, Jürgen Ovens (1628-1678), élève de Rembrandt en i64o, et dans la
suite, peintre attitré des ducs de Gottorp en Schleswig, mais qui a travaillé à
Amsterdam entre i656 et 1662.
A cette époque, l’œuvre d’art aujourd’hui si fameuse semble ne pas avoir répondu
à l’attente et fut rendue à Rembrandt probablement au mois d’août 1662. La place
du tableau, restée vide, choqua sans doute les regards, surtout à l’occasion du dîner
offert lors de la visite officielle que l’archevêque Maximilien Henri de Bavière, élec-
teur de Cologne, fit à la capitale, le 24 septembre 1662.
Jürgen Ovens fut chargé, d’après l’historien Philippe von Zesen (Beschreibung
der Stadt Amsterdam, i664), de terminer au plus tôt et à l’huile les esquisses ori-
ginales de Govert Flinck, dessinées au fusain et peintes à l’eau sur toile peinte en
détrempe. Quatre jours n’avaient pas suffi à Ovens pour achever son œuvre; pour-
tant il avait profité de l’occasion pour ajouter une douzaine de figures au sujet pri-
mitif. Le travail fut terminé à temps. Un poème de Vondel est relatif à cette fête.
On a dû se résigner selon toute apparence et se contenter de ce travail. 11 y a quelque