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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 11.1925

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Kahn, Gustave: Jozef Israels (1824 - 1911)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24945#0116

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

est durable. Il le sait. C’est sa force et aussi sa douleur. Qu’est-ce que le
destin donnera en spectacle à ces yeux clairs d’observateur. Bonheur?
Malheur? Stagnance? L’impassibilité apparente de Stadel ne vacillera pas. Il
sera égal à tout, tranquillement. C’est une force silencieuse, accablée, prête à
renaître. Sans doute ce portrait ou plutôt cette vision de la rue, est un des
tableaux où Israels a mis le plus de lui-même, où il concentre le plus de
plastique et de littérature personnelles, et qu’on pourrait considérer comme
son chef-d’œuvre. C’est un point culminant de cet art très nuancé, très
souple, très ému et sincère qui est la marque d’Israels.

*

* *

Ce n’est pas un virtuose. C’est un peintre de figures, précis, passionné
d’atmosphère, qui fait concourir cette atmosphère à l’unité du tableau, quand
il ne se sert pas de la lumière comme d’un élément de contraste avec la
tristesse de son sujet. Il s’est écarté du joli. Il ne recherche pas l’agrément,
ni l’amusant détail pittoresque. Il avait tenté de charmer : il s’en est
dégagé ; il veut persuader. Son émotion égale en piété celle de Millet. Dans
le passé de l’art hollandais il a choisi de méditer sur Rembrandt. Il a aimé
les peintres profonds et tristes. Dans un livre sur l’Espagne il explique qu’à
Murillo fastueux il préfère Moralès, peintre plus humain quoique technicien
médiocre dont le tableau : Marie avec le corps du Christ, à Séville est impré-
gné, à son sens, de tout ce qui manque à Murillo, simplicité et sérieux. Tout
désir de briller par la peinture en est banni. Lui aussi, Israels, avait renoncé
à briller en peinture. Il voulait faire réfléchir et émouvoir. Il a souvent
réussi.

*

* *

Il a ressuscité la peinture hollandaise, en dehors des éléments que d’autres
que lui sont venus chercher auprès de Corot et de Daubigny. Il a exercé
une grande influence en Allemagne où Liebermann l’associa dans son culte
à nos grands impressionnistes. Il donna une profonde leçon de sincérité d’art.
C’est un artiste méditatif, simple, neuf et grand.

GUSTAVE KAHN
 
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