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https://doi.org/10.11588/diglit.4053#0554
524 LIVRE HUITIÈME. — CHAP. 3.
d'aplomb étaient préparées de même, et les démanchements en
plan comme en élévation étaient toujours rigoureusement tracés
au moyen de ciselures sur les assises où ils commençaient. Ces soins
qui nous paraissent superflus, dont nos ouvriers ne sont plus même
capables pour les ravalements définitifs, leur permettaient d'arriver
à des résultats qui nous paraissent incompréhensibles; il faut
ajouter que la peine inouïe qu'ils prenaient pour obtenir ces
résultats sur le marbre, qui n'était recouvert que de couleur, ils
ne craignaient pas de la prendre également pour la pierre qui dispa-
raissait entièrement sous un enduit de stuc. Cette précieuse exécu-
tion existe déjà dans les plus anciens temples qui nous ont été
conservés : la crainte religieuse, qui pousse les artistes, les ouvriers
d'un peuple encore jeune à rendre les temples aussi dignes que
possible de leur destination, trouva le génie des Grecs, si investi-
gateur, si amoureux du beau et du vrai, admirablement disposé à
subir cette impression, à lui faire produire ses résultats les plus
parfaits. Il n'est donc pas étonnant que plus tard, aux époques de
la plus haute civilisation, cette belle et heureuse tradition, survi-
vant aux sentiments qui l'avaient fait naître, se retrouve toujours
aussi merveilleusement appliquée dans les temples aux matériaux
magnifiques que, sous le voile de la religion, l'orgueil national
s'élevait à lui-même (1).
(1) La volonté constante de bien faire est certainement devenue chez les artistes
et les ouvriers delà Grèce une habitude si invétérée, que la malfaçon ou la négli-
gence leur étaient impossibles. Il n'en est pas ainsi chez les Romains ni chez les
peuples de la Renaissance, et nous-mêmes sommes bien inférieurs à ceux-ci. Les
œuvres des architectes de notre temps ne le cèdent en rien à celles de toutes les
autres époques par la grandeur, le caractère élevé de leur conception, l'habile solu-
tion donnée aux exigences des programmes, la hardiesse et la science de la construc-
tion : malgré cela le manque de soin et de savoir chez les coopérateurs, l'excessive
célérité, l'économie relative qu'il faut apporter à leur exécution, empêcheront tou-
jours ces monuments de rivaliser victorieusement avec les merveilleux exemples que
nous a laissés l'ancienne Grèce.
d'aplomb étaient préparées de même, et les démanchements en
plan comme en élévation étaient toujours rigoureusement tracés
au moyen de ciselures sur les assises où ils commençaient. Ces soins
qui nous paraissent superflus, dont nos ouvriers ne sont plus même
capables pour les ravalements définitifs, leur permettaient d'arriver
à des résultats qui nous paraissent incompréhensibles; il faut
ajouter que la peine inouïe qu'ils prenaient pour obtenir ces
résultats sur le marbre, qui n'était recouvert que de couleur, ils
ne craignaient pas de la prendre également pour la pierre qui dispa-
raissait entièrement sous un enduit de stuc. Cette précieuse exécu-
tion existe déjà dans les plus anciens temples qui nous ont été
conservés : la crainte religieuse, qui pousse les artistes, les ouvriers
d'un peuple encore jeune à rendre les temples aussi dignes que
possible de leur destination, trouva le génie des Grecs, si investi-
gateur, si amoureux du beau et du vrai, admirablement disposé à
subir cette impression, à lui faire produire ses résultats les plus
parfaits. Il n'est donc pas étonnant que plus tard, aux époques de
la plus haute civilisation, cette belle et heureuse tradition, survi-
vant aux sentiments qui l'avaient fait naître, se retrouve toujours
aussi merveilleusement appliquée dans les temples aux matériaux
magnifiques que, sous le voile de la religion, l'orgueil national
s'élevait à lui-même (1).
(1) La volonté constante de bien faire est certainement devenue chez les artistes
et les ouvriers delà Grèce une habitude si invétérée, que la malfaçon ou la négli-
gence leur étaient impossibles. Il n'en est pas ainsi chez les Romains ni chez les
peuples de la Renaissance, et nous-mêmes sommes bien inférieurs à ceux-ci. Les
œuvres des architectes de notre temps ne le cèdent en rien à celles de toutes les
autres époques par la grandeur, le caractère élevé de leur conception, l'habile solu-
tion donnée aux exigences des programmes, la hardiesse et la science de la construc-
tion : malgré cela le manque de soin et de savoir chez les coopérateurs, l'excessive
célérité, l'économie relative qu'il faut apporter à leur exécution, empêcheront tou-
jours ces monuments de rivaliser victorieusement avec les merveilleux exemples que
nous a laissés l'ancienne Grèce.