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Journal des beaux-arts et de la littérature — 22.1880

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https://doi.org/10.11588/diglit.18917#0109
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91 —

l'anatomie, mais le naturel, le "mouvement, la
vie, où sont-ils?

P. S. Je ne puis clore cette chronique sans
vous dire un mot de la médaille d'honneur ou
mieux du Bon Samaritain, de M. Morot. Ce
n'est point un chef-d'œuvre, toutefois il y a de
la grandeur et de la correction dans le dessin,
en même temps qu'une mâle énergie dans la
couleur. Nous souhaiterions que la scène évan-
gélique eût été plus raisonnée, mieux com-
prise, mais n'oublions pas que M. Morot vient
de rendre service à l'art en remportant la mé-
daille d'honneur. Sans lui c'eut été M. Bastien
Lepage qui eût conquis le rameau d'or et sa
Jeanne d'Arc, abaissée, vulgaire, triviale, sans
jeunesse, sans beauté, sans intelligence, sans
inspiration, sans rayonnement, ne devait pas
prétendre à tant de succès. M. Morot, conqué-
rant heureux, a empêché une usurpation.Nous
devons lui en savoir gré.

Henry Jouin.

REVUE DES ARTS DÉCORATIFS.

C'est la maison Quantin qui prend pied
en France pour la publication des livres d'art
et de luxe. A ceux qui ont déjà été mention-
nés dans notre journal, joignons aujourd'hui
la Revue des arts décoratifs dont la seconde
livraison mensuelle vient de paraître. Elle ren-
ferme la suite du curieux article de M. Chi-
piez sur ['exposition des œuvres de Viollet-
le Duc avec quatre dessins typiques inédits
de l'illustre maître; l'exposition et le juge-
ment du concours de Sèvres par M. Louvrier
de Lajolais; la Collection céramique de
M. Gasnault par M. Edouard Garnier, etc.,
etc. Le Bulletin toujours si instructif de
l'union centrale des Beaux-Arts termine cette
livraison accompagnée de trois planches hors
texte : deux représentent des dessins de fer-
rures pour portes par Viollet-le Duc et une
reproduit par la photogravure des verre-
ries orientales du musée de Limoges. Cette
dernière planche est d'une finesse et d'une
précision remarquables.

La Revue des arts décoratifs ne comble
pas une lacune comme on dit communément,
mais elle apporte une part solide et sérieuse
au développement continu des arts ornemen-
taux. Pour notre part nous la recommandons
instamment aux établissements de dessin de
tous les pays : le texte en est instructif,
agréable et savant sans tomber dans le pédan-
tisme. Il initie aux excellents travaux de
l'Union centrale et se complète par une série
de gravures dont l'utilité pratique n'échappera
à personne.

DU BAS RELIEF.
(Suite).
XXI.

L'un des procédés en usage dans le bas-
relief consiste à faire choix du profil. Sur
huit personnages de ce fragment hors de pair

des Panathénées, que possède notre Louvre,
sept sont vus de profil. Un seul se présente
de trois quarts.

XXII.

La saillie du modelé est également soumise
à un principe inflexible. Le bas-relief est
d'autant plus rayonnant que le méplat y do-
mine davantage. Je n'en veux pour exemple
que les Panathénées. La vigueur du modelé
est tout entière écrite dans le contour. C'est
la ligne terminale, tracée d'un .doigt souple,
mais ferme, qui constitue la netteté, l'élégance
et la force de la composition. Sculpter un
bas-relief d'après les lois de la ronde bosse
serait un contre-sens.

XXIII.

Mais le bas-relief, avons-nous dit, n'est
pas une œuvre pleinement indépendante. Il
est la parure ordinaire d'un monument.
L'architecture lui impose diverses conditions
en dehors desquelles il n'aurait plus de sens.
Il est donc évident qu'en rappelant, comme
nous venons de le faire, la syntaxe du bas-
relief, nous n'avons pas pensé que le style
dût relever d'une règle conventionnelle.

Le style est commandé par l'édifice.

Tandis que la composition repose sur des
principes certains, indiscutables, consacrés
par le raisonnement non moins que par la
tradition, le style est tour à tour égyptien,
perse, étrusque, grec, romain, germanique
ou français.

L'heure et le lieu décident du style.

Il découle du génie d'un peuple, et rien au
monde n'est plus singulier que le génie.
Vertu individuelle ou nationale, le génie est
la marque toujours nouvelle de la force
intellectuelle d'une époque. Il y aura sans
nul doute des degrés, des points d'arrêt dans
cette manifestation de l'esprit; mais on ne
prévoit pas le sublime, et c'est à l'heure où
l'on doute du génie que ce Dieu qui ne con-
naît point de préceptes apparaît. Il est et il
commande. La raison de son existence, les
ressources ou la durée de sa souveraineté ne
sont écrites nulle part de main d'homme.

Il concentre sa puissance dans le style.

Ce que nous constatons ici est d'ailleurs
d'une application générale. La langue écrite
ou parlée a ses règles grammaticales ; le
style de l'écrivain ou de l'orateur n'en a pas.

Ainsi pour la langue modelée. La con-
struction du discours, je me trompe, de la
ronde bosse ou du bas relief, repose sur une
grammaire ; mais le style de cette page bien
construite ne connait aucune loi.

Analyser les styles dont les modèles sont
venus jusqu'à nous, en dépit de l'espace ou
du temps, serait une œuvre trop longue.
Qu'il nous suffise de constater l'étroite cor-
rélation de style entre les monuments de
l'architecture et le bas-reliel, chez tous les
peuples et à toutes les époques. Telle scène

modelée se rattache par le style à l'ordre tos-
can, telle autre à l'ordre corinthien ou com-
posite*

Que conclure au point de vue français?
XXIV.

La France a son architecture au caractère
éminemment national. Mais que dévolutions,
que d'aspects variés, depuis le style roman
jusqu'au style ogival ! Il semble que l'habi-
leté des maîtres d'oeuvres leur soit à eux-
mêmes un stimulant. Trois siècles leur suffi-
sent pour parcourir le cycle curieux et vrai-
ment français qui embrasse l'ogive primitive,
rayonnante et flamboyante.

Et encore n'était-ce là que les transforma-
tions dernières. Aux âges précédents, les
écoles du Poitou, d'Aquitaine, d'Auvergne,
de Bourgogne et de Normandie, avaient
attesté par la richesse et les oppositions de
leurs styles l'originalité féconde de l'architec-
ture française. Toutefois, le mouvement,
l'action, paraissent inséparables de notre gé-
nie. La pierre elle-même s'anime et palpite
sous la main fiévreuse de nos artistes.

XXV.

La sculpture, le bas-relief surtout, devait
subir l'influence de cette mobilité. Une agi-
tation savante, pondérée, distingue les
scènes plastiques des cathédrales de Paris,
de Reims, de Rouen, d'Amiens.

La vie est, en fin de compte, la dominante
de notre style national dans les arts du des-
sin.

Un critique l'a dit avant nous : « Quelle
que soit en théorie la loi originelle de la sta-
tuaire, il faut bien nous avouer à nous-
mêmes que la sculpture française n'a jamais
été une sculpture très-tranquille. »

Et cependant notre école de sculpture, de
Michel Colombe jusqu'à Rude, peut sans
crainte rappeler ses gloires.

Qu'est-ce à dire, sinon que le style, les lois
primordiales de l'art étant sauves, est essen-
tiellement variable et personnel ?

Il appartient aux sculpteurs éminents de
se bien pénétrer du milieu où doit être posé
leur bas-relief; cette notion clairement
acquise, le goût sera le meilleur guide de
l'artiste, et dût-il parcourir la distance qui
sépare les suaves compositions de Phidias
des pages tourmentées de Carpeaux, il peut
avoir son style et parler en maître.

H. JOUIN.

ÀUeina|)iie.

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de la maison seejiann, a leipzig.

Geschichte der Malerei.
(Histoire de la peinture).
C'est la septième livraison de cette œuvre
remarquable entreprise par le regretté Wolt-
 
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