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sen; barlag, THURMANN, JOHAN NiEL-
sen, RASMUSSEN; et comme peintres de
genre : ISAACHSEN ; Mme DlETRICHSON et
autres.

Les peintres norwégiens cités jusqu'ici ont,
pour la plupart, reçu leur éducation supé-
rieure à Dusseldorf, après avoir fait des études
préparatoires à l'Académie de Gopehague.
Après la création par Eckersberg, en 1859,
de l'Ecole de Peinture à Christiania, les
jeunes peintres avaient, la plupart, commencé
leurs études avec lui ou avec ses successeurs.
Les paysagistes se sont ensuite généralement
rendus à Carlsruhe comme élèves de Gude,
tandis que les peintres de genre sont allés à
Munich et quelques-uns à Anvers et à Paris.
Parmi ces jeunes artistes nous citerons d'abord
les peintres de genre : ross ; Ellif peters-
sen et wergeland ; ensuite les paysagistes :
schoyen (décédé en 1876); smith-hald ;
Otto Sinding et Normann.

L'activité croissante dans le domaine de
l'art s'est manifestée dans la participation
suivie des artistes norwégiens aux grandes
expositions nationales, où leurs ouvrages,
malgré des circonstances peu favorables, ont
été appréciés de la manière la plus flatteuse.
Dans la plupart des grandes villes norvé-
giennes, on a établi des Réunions artistiques
avec expositions et galeries permanentes et
pourvues de loteries annuelles d'une certaine
importance. Ainsi, outre les trois anciennes
Sociétés de Christiania, Bergen etTrondhjem,
la Norwège possède celles de Christianssand,
Drammen, Arendal, Stavager, Frederikshald,
Tonsberg et autres. Il existe en outre depuis
1859 une Ecole de Peinture à Christiania
subventionnée par lÉ'tat et dirigée aujour-
d'hui par M. K. Bergslien ; enfin, une somme
importante léguée dernièrement par un géné-
reux dilettante à permis d'augmenter consi-
dérablement les subventions accordées aux
artistes. La banque d'Espagne de Christiania
adonné une somme de i3o,ooo couronnes
(La couronne vaut 1,405 fr.) destinée à la
création d'un Musée ,de sculpture dans la
capitale, pour lequel l'État a fourni le terrain.

Le gouvernement s'occupe en ce moment
des travaux préparatoires à l'établissement
d'une Académie des Beaux-Arts à Christiania
dont on se promet les résultats les plus favo
rables au point de vue du développement de
Fart national.

La sculpture n'a pas su jusqu'ici marcher
de pair avec la peinture bien que les points
de ralliement ne lui aient pas fait défaut.

Déjà au moyen-âge la sculpture sur bois
était très développée ainsi que l'attestent un
grand nombre de pièces anciennes et antiques.
Plusieurs échantillons de ces très anciens tra-
vaux sur bois, provenant de la Norwège sep-
tentrionale et du style le mieux fouillé et le
plus intéressant furent envoyés à l'Exposition
de Paris en 1867. De nos jours encore cet
art est assidûment cultivé dans les régions
montagneuses de la Norwège où du reste
presque tous les sculpteurs norwégiens ont
vu le jour, par exemple : h. hansen (décédé
en i858); O. glosimodt; O. fladager;
budal ; jacobsen. Tous, ils avaient com-
mencé leur éducation supérieure chez d'émi-
nents sculpteurs danois, et terminé leurs
études à Rome. La plupart de leurs ouvrages,
d'ailleurs peu nombreux, appartiennent à la
sculpture de genre ou sont des portraits,
parfois ils ont emprunté un sujet à l'époque
légendaire Scandinave. Nous mettons toute-
fois bien au dessus des noms qui précèdent

ceux des sculpteurs de talent MlDDELTHUN
et K. BORGH, le premier se distingue surtout
par ses remarquables bustes, l'autre s'est prin-
cipalement inspiré des traditions des anciens
maîtres nationaux. Citons encore en termi-
nant B. BERGSLIEN (né en i83o) formé aux
ateliers de Copenhague et de Rome, auquel a
été confiée la mission d'exécuter l'ouvrage de
sculpture le. plus important de Norwège : la
colossale statue équestre du roi Charles-Jean,
érigée en 1875 devant le château royal de
Christiania. (A suivre).

EXPOSITION HISTORIQUE BELGE.

(suite).

Degroux est mort à 4o ans avec le genre
qu'il a en quelque sorte créé et dont je re-
trouve le germe dans le crayon de Lemud. Ce
sont les mêmes types de visage, pointus,
hâves, pommettes saillantes, expressionamère,
yeux cernés. Degroux éprouvait une vive sym-
pathie pour ce dessinateur français aujour-
d'hui presque oublié et je me souviens, comme
si c'était d'hier, de sa muette admiration de-
vant les eaux-fortes de Lemud que je lui ap-
portais et que nous analysions ensemble.
« Seulement, disait-il, la douleur manque
là-dessous! » et il disait vrai. On sait ce qu'il
sut mettre lui de douleurs là-dessous!

Un des grands désespoirs de Degroux était
de sentir qu'il ne serait jamais coloriste. Le
besoin d'exprimer l'âme, la nécessité où le
poussait son naturel de l'aire vibrer la douleur
paralysait son pinceau. Il passait légèrement
sur son manque d'éducation comme dessina-
teur, mais sou impuissance vis-à-vis de sa pa-
lette lui arrachait des larmes silencieuses. Le
jour où dans son atelier de la rue du moulin
il me montra son Junius, il me dit de sa voix
basse et voilée : « Me voilà encore une fois
tombé dans le pot au noir et cependant j'avais
résolu de rester dans le clair. » Cette tendance
à tomber dans le pot au noir augmenta chez
lui avec l'âge; elle semble être un symptôme
de décrépitude physique et je me demande ce
qu'eussent été les peintures d'Ypres s'il avait
dû les produire jusqu'au bout. On connait l'in-
succès complet des deux grandes esquisses
qu'il exposa de ces peintures, il y a une dou-
zaine d'années.

Ce qui fera vivre Degroux, ce sont ces œu
vres de chevalet où il a écrit les souffrances
de la petite classe. Il n'a poétisé qu'une chose,
la douleur. Je dirai même que quelquefois
l'expression de cette douleur dépasse la dou-
leur même, c'est ainsi que malgré la réelle
beauté des types, son Pèlerinage à Dieghem
comporte dans certaines physionomies une
souffrance exagérée. On n'y songe pas tant ces
personnages vous captivent et vous navrent,
mais un examen à froid fait bien vite décou-
vrir l'excès que je signale. C'est aussi que le
Pèlerinage à Dieghem n'a pas été compris par
lui comme il eût peut-être fallu le comprendre
et comme l'a admirablement saisi M. Pille
dans le Pardon en Bretagne acheté pour le
musée de Gaud ; chez Degroux il y a plus de
souffrances que de convictions et il semble que
son monde à lui va à l'église comme on va
chez le médecin, froidement et désespéram-
ment. A vrai dire il n'a vu que le côté drama
tique des pèlerinages dont il n'était pas homme
à pénétrer la signification. De plus.il y a dans
sa manière d'exprimer la misère ou le chagrin
une monotonie fatiguante. Cela était devenu
chez lui une formule, à tel point qu'on la re-
trouve chez ceux de ses personnages où elle

n'a aucune raison d'être. La note gaie n'a ja-
mais été la sienne et là même où elle doit
retentir, elle ressemble à un sanglot, témoin
le Retour du conscrit. Mais qu'il est profond et
grand dans cette page déchirante qui s'appelle
le Départ du conscrit et qu'il a gravée sur son
lit de mort! J'ai souvenance d'un mot profond
que prononça un jour Jean Swerts devant cette
toile et devant le Mercredi des cendres : <• De-
groux, me dit-il, d'une voix que l'émotion
assombrissait, Degroux, c'est le Michel-Ange
de la douleur! »

Comme je le disais plus haut, il dessinait
dans le seul but d'indiquer des formes aussi
exactement que possible sans attacher d'im-
portance à cette opération; il peignait par
masses, assez lourdement, puis il jetait dans
tout cela des plaques dans lesquelles il insi-
nuait des gris vagues à la façon de Baron et
de Célestin Nanteuil et comme Leys à une cer-
taine époque. Il réussissait à merveille à repro-
duire l'apparence des phtysiques au dernier
degré. Il avait fait sur la misère du peuple
des observations qui n'appartenaient qu'à lui
et dont il savait tirer un effet certain, et cela
lui était d'autant plus facile que lui aussi
avait connu les mauvais jours et qu'il n'a pas
longtemps profité de l'aisance dont il a joui
plus tard.

Somme toute, Degroux est une personnalité
qui tranche dans notre école moderne. Ce
n'est pas un grand peintre, loin de là, mais
c'est une individualité qui devra de ne pas
disparaître non à son génie, mais à sa manière
fidèle d'exprimer les plus poignantes misères
du siècle: l'ivrognerie et la conscription.

*

M. Fr. Ant. Bossuet a aujourd'hui 82 ans.
Ce doyen des artistes belges a eu de beaux
jours et ceux-ci reviendront quand les im-
pressionnistes auront fait leur temps. Les
hommes de cinquante à soixante ans se rap-
pelleront les cris d'enthousiasme que la foule
poussait devant les œuvres du maître sa-
vant qui représentaient presque toujours des
portes des villes. Il a acquis en ce genre une
incontestable supériorité. Sa manière est
large, grasse, ferme et correcte; son coloris
éclate comme le soleil lui-même; son dessin
avait quelque chose de la précision et de la
netteté des anciens et il a, dans le choix de
ses sujets, un jtact tout particulier pour pro-
duire les effets de lumière qu'il affectionne,
(in n'ignore pas non plus que c'est le plus
grand perspecliviste de l'école. 11 est seul
parmi les artistes de notre école qui ait adopté
ce genre qu'il ne. doit qu'à lui-même, car il
n'eut jamais de maître. Il a énormément tra-
vaillé d'après nature et il a inondé ainsi ses
tableaux de plein air et de soleil comme peu
de ses délracteurs d^anjourd'hui pourraient
le faire. Je dis détracteurs', j'ai tort et devrais
imprimer obscureurs si le mot pouvait se dire.
On feint de ne pas le voir, on le cache,
on fait silence autour de lui. Efforts inutiles!
les Soleils de Bossuet seront aussi recherchés
un jour que le sont aujourd'hui les Lunes
d'Aart Van der Neer. II ne s'agit qne d'at-
tendre.

*

* *

Joseph Van Lerius ne compte à son effectif
que trois œuvres d'une valeur sérieuse : ce
sont : le Triomphe de la vertu,Lady Godivaetle
Portrait en pied d'Erasme. Les Deux barques
et les Vénitiennes captives sont certes des
 
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