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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 3)

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Müntz, Eugène: Recherches sur l'histoire de la tapisserie en Allemagne d'après des documents inédits, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19460#0214

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RECHERCHES SUR L’HISTOIRE DE LA TAPISSERIE EN ALLEMAGNE

D’APRÈS DES DOCUMENTS INÉDITS1

A partir de 1612 la fabrique de Munich décline. Ralentis-
sement des travaux, départ de plusieurs ouvriers, tels sont les
premiers symptômes de décadence. Le 2 octobre 1613 on
renvoie Joseph von Allerszkhirch, à cause de sa négligence. Le
3 décembre 1614 Hanns von der Plaschen demande une sub-
vention pour rentrer dans sa patrie2; le4 juillet 1615, Wilhelm
von Triesz obtient un secours de 20 florins 3 ; moins exigeant,
Jean Rogiers ne sollicite que la faveur d’un passeport (8 avril
1615); il ne tarde pas à être suivi de Jean de Boschen, auquel
le duc accorde, le 3o juin de la même année, un sauf-conduit
rédigé en termes très élogieux, enfin par Jean van der Biest
Dans l’intervalle prennent naissance plusieurs pièces de la
suite des Grotesques, une pièce du Mois de juillet (par Jacob de
Nis, Paulus von Neuhoffen, et Martinus de Schmidt), le Jour,
la Nuit, les Quatre Saisons.
Les maîtres flamands se séparèrent de Maximilien dans
les meilleurs termes possibles : nous en avons pour preuve la
commande que le duc leur fit de certaines tentures qu’ils
devaient exécuter dans leur patrie. Cette dernière convention
mérite de nous arrêter. Le duc confie à Jean van der Biest et
à Jean van der Bosch l’exécution d’une suite de tapisseries,
en laine et en fil (von Lana fina, oder zarter Woll und Gara),
et deux suites en soie (von gerechter gueter bestendigen fris-
clien Seyden). Les tapisseries ne doivent pas être exécutées à
la manière flamande (c’est-à-dire probablement en basse lisse),
mais « auf den Schlag » (expression que j’éprouve quelque
embarras à traduire), de même que celles qui ont été fabriquées
à Munich. Pour les figures de petites dimensions on prendra
du « caparol » ou d’autres soies de bonne qualité. Les cartons
seront imités avec toute l’exactitude possible; les visages, les
mains, les parties nues seront confiés aux plus habiles tapis-
siers en figures (die besten Gesichtmacher), en particulier à
Wilhelm von Driesz. Le duc de son côté promet de payer
7 gulden, de 60 kreutzers chacun, pour chaque aune de tapis-
serie, le versement devant être effectué à Anvers.
Les deux maîtres s’engagent en outre à tisser 806 aunes
de tapisseries de soie, aussi bonnes que les tapisseries d’or qui
ont été faites à Munich. Ils commenceront cette suite dès que
la première, c’est-à-dire celle en laine et fil, sera terminée.
Le travail leur sera payé à raison de i3 écus l’aune : vu la
nécessité de faire une provision de soie, ils recevront une
avance de 2,000 écus dès que les métiers seront dressés3 5 б..
Dès le mois de novembre 1616 Jean van der Biest envoie
à Munich quatre pièces, mesurant chacune 7 aunes braban-
çonnes 1/2 1 pouce de haut, et 5 aunes 3/4 de large, soit pour

chaque pièce q3 aunes carrées 1/4, au total 173 aunes. Le
20 février 1618 Jean van der Bosch, tapissier à Enghien
(Tappeziermeister zu Enngern), reçoit à son tour, pour tapis-
series destinées à la nouvelle salle, un acompte de 2,000 flo-
rins. Le 24 février suivant pareille somme est versée aux
héritiers de Hanns von der Piest (le maître était donc mort
dès cette époque °). Le 5 août 1618 enfin, Jean van der Bosch
reçoit le payement pour solde7.
Le principal des peintres chargés de l’exécution des car-
tons destinés à la manufacture ducale était Pierre Candido ;
c’est à lui que nous devons entre autres les Saisons et les Mois.
Originaire de Bruges, Pierre de Witte (le mot Candido est la
traduction italienne de son nom), avait visité, jeune encore,
Rome; il séjourna ensuite à Florence, où il exécuta vers i56o,
sous la direction de Vasari, des cartons que le duc de Toscane
fit traduire en tapisserie8. Fixé à Munich, il y mourut en
1628.
Le collaborateur de Candido s’appelait Hanns Krumpper,
de Weilhaimb. En sa qualité de peintre à la cour (Hofmaler),
ce maître recevait un traitement de 400 florins9. Puis venait
Christophe Zimmermann, qui reçut le 11 février 1616 une
augmentation de traitement (35o florins au lieu de 3oo), afin
de pouvoir terminer dans le plus bref délai les nouveaux car-
tons de tapisseries. Zimmermann avait sous ses ordres Hanns
Khæppler et Hanns Prlinderl, dont le traitement fut porté, poul-
ie même motif, à 3oo florins (ordonnance du 7 mars 1616).
Comme la manufacture de Munich n’existait plus à cette date,
il est probable que les compositions de ces trois artistes
furent tissues à l’étranger, probablement à Bruxelles, par Jean
van der Biest et Jean van der Bosch.
Le principal ouvrage de Jean van der Biest et de ses com-
pagnons existe encore; il se trouve au Musée national de
Munich. C’est une suite des Douze Mois, sujet si souvent traité
en tapisserie (tapisseries de Vigevano, au marquis Trivulce ;
du Bacchiacca, aux Offices; de Lucas de Leyde, au Garde-
Meuble national, etc.) Chaque pièce, de dimensions colossales,
est tissue de laine, de soie et d'or. Deux troncs d’arbres cou-
verts de feuillage et mariant leurs branches encadrent la com-
position principale, qui est coupée en deux par un troisième
tronc. Aux angles inférieurs le chiffre de l’électeur Maximi-
lien-Emmanuel. La plupart des pièces portent en outre, dans
la lisière bleue, la signature : hans vand’ biest, son mono-
gramme et les armoiries de Munich (écusson à champ blanc
avec un enfant debout, les bras étendus). Deux inscriptions
latines servent de commentaire à chaque composition ; nous

1. Voir l’Art, S" année, tome H, page 194, et tome III, pages 5g et 98.
а. N» 218.
3. Fol. 236; voir aussi fol. 229.
4. i6i5. h Ultimo Junii. Maximilianus, etc. Universis et singtllis præsentes inspecturis, lecturisve salutcm, mutila officia et gratiam impertimur, ac olforimüs,
notumque facimus harum exhibitorem Joannem de Boschen, e civitate Enghen, in Belgio, oriundum, inter eos artifices, qili ex auro, serico, atque aliis preciosis
materiis tapetia texunt, nobis annorum undecim spacio fideliter et intégré, atque ita inserviisse ut ejus ministerio ac opéra omnino contenti simus, eumque inter hæc
tempora etiam quoad mores, quantum nobis constet, honcste se gessirit, et commendationem liane nostram oplimo jure promereatur : idcirco eam ipsi denegarc non
voluimus. » (Archives de Munich, 11° 23q.)
5. N° 238.
б. N»> 240, 246, 247.
7- N» 252.
S. Voyez mon Histoire de la Tapisserie italienne, page 93,
9. Fol. 49, v» 1.
 
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