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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 10.1884 (Teil 1)

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NOTRE

BIBLIOTHEQUE

CCCXXXIII et CCCXXXIV

Bibliothèque Contemporaine 1. Max O'Rell.
John Bull et son île. Mœurs anglaises contem-
poraines. Un volume in-18 de 02j pages. —
Ch. Séchan, décorateur de l'Opéra. Souvenirs
d'un homme de théâtre, i83i-i855. recueillis
par Adolphe Badin. Un volume in-i8 de
3-22 pages.

La « Zecca » et les « Procuraties nouvelles », a Venise.
Etude pour une des décorations de Stradelta, opéra de Niedermeyer.
Dessin inédit de Charles Séchan.

orsque la maison Michel Lévy frères fonda la
Bibliothèque Contemporaine, la Bibliothèque-
Charpentier avait accaparé la faveur publique
et semblait n'avoir à redouter aucune rivale.
C'était donc risquer une grosse partie ; elle fut
gagnée haut la main, en beau joueur. Non seulement l'entre-
prise nouvelle a tenu les promesses de ses lointains débuts,
mais elle les a très largement et sans cesse dépassées, ses
intelligents éditeurs ne s'endormant jamais sur une victoire et
n'appréciant le succès qu'à titre de stimulant pour faire
mieux encore. C'est ainsi que le cercle de la Bibliothèque Con-
temporaine a toujours été s'élargissant et que le survivant des
deux frères, M. Calmann Lévy, en est arrivé, à la grande satis-
faction des délicats, à accueillir de très excellents écrits qui
touchent aux questions d'art ou en relèvent le plus spirituel-
lement du monde.

John Bull et son île, à peine publié, est devenu grand
favori: les éditions ont succédé aux éditions, et ce n'est pas
moi qui m'inscrirai en faux contre le plus légitime des engoue-
ments ; le livre est écrit de verve par un observateur très fin,
très impartial, même lorsqu'il paraît le plus acerbe, et qui ne
ménage pas plus les vérités à l'emporte-pièce à ses compa-
triotes — ceux-ci feraient sagement d'en tirer profit — qu'à
la nation dont il reçoit l'hospitalité. C'est un Français,
membre fort distingué de l'Université, qui se cache sous le
faux nez de Max O'Rell, pseudonyme qu'il est de bon goût
de respecter. Mais si je suis heureux d'applaudir à trente
chapitres où le bon sens le dispute constamment à la verve,
une verve intarissable à laquelle aucun lecteur ne saurait
demeurer rebelle, je suis forcé de formuler les plus absolues
réserves a'u sujet des deux chapitres qui traitent plus spécia-
lement de l'art. On ne se trompe pas plus radicalement que
M. Max O'Rell en pareille matière ; à parler tout à fait franc,

elle est pour lui lettre close, il n'en sait littéralement pas le
premier mot; c'a été pour moi une grosse déception de voir
un écrivain de cette valeur patauger de la sorte et afficher
la plus incommensurable ignorance à propos des trésors d'art
de la ville qu'il habite et que, sous ses allures frondeuses, il a
la prétention fondée de nous faire sérieusement connaître.

Le Chapitre X est en grande partie consacré aux Musées :
on y apprend que le British Muséum possède une « galerie de
tableaux3», alors qu'il ne possède aucun tableau; que la
National Gallery, « ainsi que l'indique son nom, est presque
entièrement composée des œuvres des grands maîtres anglais:
Hogarth, Reynolds, Gainsborough, Wright, Lawrence, Turner,
Leslie, Edwin Landseer. On y voit aussi des tableaux de
Raphaël, Rubens, Rembrandt, Poussin, Corrège, Léonard de
Vinci, Titien, Van Dyck, Murillo, Velazquez, Salvator
Rosa, etc. 3 » Si ainsi que l'indique son nom est plus que raide
de la part d'un lettré, d'un professeur qui parle l'anglais et
réside depuis longtemps à Londres, on y voit aussi est à ce
point « un comble », que j'en suis à me demander si M. Max
O'Rell a jamais mis les pieds à la National Gallery. Je ne
serais pas non plus fâché de savoir où il a découvert que
Wright et Leslie passent pour être des grands maîtres.
L'Anglais le plus chauvin ne s'aviserait pas de leur faire cet
honneur; en revanche il le réserverait avec raison pour Old
Crome et Constable, par exemple. Il suffit d'avoir visité, ne
fût-ce qu'une seule fois,Te merveilleux Musée de Trafalgar
Square appartenant à la Nation, pour s'être assuré que les
peintres anglais y figurent en forte minorité ; l'illustre Turner
y est seul très largement représenté. Les maîtres célèbres,
grands et petits, dé presque toutes les écoles du continent y
ont force chefs-d'œuvre, et rien n'eût été plus utile à signaler
à la France que la place considérable occupée à Londres parles
primitifs ; il y a beau temps, hélas ! qu'à cet égard la National

1. Paris, Calmann Lévy, éditeur, rue Aubcr, 3, et boulevard des Italiens, 16, à la Librairie Nouvelle.

2. Page 95.

3. Page 97.
 
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