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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 10.1884 (Teil 1)

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Monceaux, Henri: Les cousin de Sens, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19701#0163

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i36

L'ART.

«..... Mises pour la fondation de Maistre Jehan Cousin chanoine à l'autel N. D. de l'Église

de Sens.

« A Maistre Jehan Raju pour avoir célébré une messe basse par chascun anniversaire de
l'an, six livres dix solz tournois. »

« Le premier jour de Décembre (i5Ô2), à Monsieur Frittard chanoine de Sens, pour avoir
recouvert du notaire Hatin la fondation et constitution de Monsieur Cousin à l'encontre des
Gourreaulx, douze solz tournois. »

Nous nous sommes étendu un peu longuement sur les faits intéressant le chanoine Cousin,
mais cela était nécessaire pour bien établir qu'il n'a rien de commun avec le fils du peintre.

Pour en finir avec les Cousin de Sens, se rattachant au grand artiste cle près ou de loin,
nous n'avons plus à citer qu'un Germain Cousin, chanoine de Saint-Pierre, de i5g3 à 1611.

Nous arrivons maintenant à un personnage qui le touche plus intimement. Jean Cousin
avait un frère, orfèvre à Paris et garde de la Monnaie, marié à Marie Debourge et mort
en i5Ô2. Il était désigné sous le nom de Jehan Cousin F aîné, pour le distinguer du peintre,
qu'on appelait Jehan Cousin le jeune, ou Jehan Louis Cousin le jeune ; ce fait a une grande
importance.

Aujourddiui, en effet, que nous connaissons par la découverte de M. Guiffrey l'existence
d'un fils de Jean Cousin, on sera tenté d'attribuer à l'étudiant cle i5q2 toutes les mentions où l'on
trouvera le nom de Jean Cousin le jeune, tandis que cette appellation n'avait pour but que
cle distinguer le peintre de l'orfèvre. Nous pensions rencontrer aux archives de l'Yonne quelque
document intéressant cet aîné de la famille, mais, jusqu'ici, nous n'y avons trouvé aucune
pièce rappelant son nom et il faut admettre jusqu'à plus ample informé que Jean Cousin l'aîné
était issu d'un premier mariage, ce qui expliquerait suffisamment son éloignement de Sens
et la séparation complète des intérêts des deux frères.

C'est donc à Paris qu'il faudra chercher si l'on veut reconstituer l'existence de ce Jehan
Cousin l'aîné dont la personnalité a peut-être été trop négligée.

C'était en effet un orfèvre distingué; comme beaucoup de ses confrères il s'occupait de gra-
vure et c'est probablement dans son atelier que Jehan Cousin le jeune, son frère, puisa les
premiers principes du dessin et de la gravure, de l'emploi des émaux et de la peinture sur verre.

C'est peut-être aussi chez lui qu'Etienne Delaulne, le fécond graveur Orléanais, fit la connais-
sance du grand peintre sénonais dont il aimait à reproduire les tableaux et les dessins.

M. Albert cle la Fizelière a relevé le nom de Jehan Cousin l'aîné sur une protestation des
orfèvres de Paris, datée cle 1541, contre l'ordonnance de François Ier qui interdisait l'emploi des
émaux opaques, les orfèvres ne devant appliquer sur leurs ouvrages que des émaux clairs1.

La tradition nous dit bien qu'il travailla avec son frère au château d'Anet, mais rien n'est
venu confirmer cette assertion ; il n'y a là qu'une simple présomption basée sur ce fait que Jean
Cousin l'aîné était propriétaire de moulins à Anet, comme le prouvent les registres de l'état civil
d'Anet compulsés par M. de Montaiglon ~.

Comme dernier renseignement sur Jean Cousin l'aîné, nous rappellerons qu'un Jean Cousin,
orfèvre, qui paraît être le même, dénoncé comme partisan de la réforme, fut arrêté en juillet
i5Ô2. Relaxé quelques jours après, faute de preuves, il fut poursuivi clans les rues de Paris par
une troupe de fanatiques et noyé clans la Seine. Les récits de Th. de Bèze et cle Crespin, qui
rappellent ce triste épisode des discordes du xvic siècle, ne laissent aucun cloute à cet égard, et
c'est là, peut-être, qu'il faut chercher l'origine cle la tradition qui a fait un huguenot du peintre

1. « Cette protestation, signée de Richard Toutin, Jehan Cousin l'aîné, Philippe Leroy, Simon Cressé, Jacob Garnier, Jehan Herondelle,
Guillaume Castillon, Jean Lenfant, Mathieu Marcel, Nicolas Lepeuple et de l'un des Hotman, établissait par les raisons les meilleures, d'une
part, que bon nombre de personnes ne voulaient point d'émail clair dans les ouvrages qu'elles commandaient, et, d'autre part, que cet
émail ne pouvait être employé pour les « visages et carnations de figures, filets appliqués à bordure, carcans, chaînes, boutons et autres
« joyaux», pour lesquels l'émail opaque était indispensable. L'art était donc en péril; aussi les orfèvres demandaient-ils qu'il leur fût
permis d'employer toutes sortes d'émaux, comme ils l'avaient toujours fait par le passé. » {L'Orfèvrerie française, par Albert de la Fizelière.
Paris, 1861.) Nous avons voulu rappeler ici la substance de cette protestation, car elle nous prouve que Jehan Cousin l'aîné comptait parmi
les plus autorisés de sa corporation, ce que son titre de garde de la Monnaie nous apprenait déjà. Mais l'on cherche en vain d'autres
renseignements sur ce personnage, dont la biographie mériterait d'être essayée.

2. Mémoires de la Société des Antiquaires de France, année 1881, tome XLII, page 208.
 
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