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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 10.1884 (Teil 1)

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Hymans, Louis Salomon: Paul Vitzthumb
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https://doi.org/10.11588/diglit.19701#0220

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igo L'ART.

Ce Vitzthumb, dont le prénom était Ignace, naquit à Baden, aux portes de Vienne, et mourut
à Bruxelles, presque centenaire, en 1816. Venu en Belgique au temps de l'archiduchesse Marie-
Elisabeth, il y reçut son éducation musicale, y fonda un théâtre d'opéra, et devint successivement
chef d'orchestre, puis directeur du théâtre de la Monnaie, et maître de chapelle de Charles de
Lorraine. C'était un homme d'une rare intelligence et d'un noble caractère. Sous sa direction,
plus brillante que fructueuse, le théâtre de la Monnaie occupa l'un des premiers rangs en
Europe. Vitzthumb y fit exécuter avec une rare perfection les chefs-d'œuvre de Grétry et le
Barbier de Séville de Beaumarchais.

M. Piot, sous-archiviste du royaume, a publié dans les Bulletins de l'Académie royale de
Belgique d'intéressants détails sur les rapports intimes de Grétry avec Vitzthumb, qui était à la
fois un habile metteur en scène, un compositeur distingué et un virtuose. L'excellent homme fut
redevable de sa ruine au prince de Ligne, dont il mit en musique un libretto intitulé les
Nouveaux Mariages samniies. Cet opéra eut quelque succès, mais les frais de la mise en scène
amenèrent la faillite du directeur, qui fut obligé de déposer son bilan et dépensa son dernier
liard pour satisfaire ses créanciers. C'est après ce désastre que Charles de Lorraine lui donna
une preuve éclatante d'estime en le plaçant à la tète de sa chapelle particulière. Mais Vitzthumb
perdit la faveur des Autrichiens en s'enrôlant parmi les patriotes à l'époque de la Révolution bra-
bançonne. On le retrouve alors chef de musique d'un corps de volontaires. Inutile de dire
qu'après la rentrée des Autrichiens il ne fut pas réintégré dans ses fonctions à la cour. A partir
de ce moment il traîna une misérable existence, donnant des leçons pour vivre, mais assez soucieux
de sa dignité pour conserver l'estime de tous. En différentes circonstances les artistes bruxellois
organisèrent des concerts à son bénéfice. Dans l'une de ces solennités, en i8i5, il dirigea
l'orchestre, bien qu'il fût bien près d'accomplir sa quatre-vingt-dix-neuvième année.

Chose singulière, à partir du jour de sa mort on perd tout souvenir de son nom, qui n est
pas même cité dans VHistoire de Bruxelles de MM. Henné et Wauters.

Ce sont MM. Piot et Frédéric Faber qui ont ressuscité sa gloire, le premier clans ses
brochures, le second dans son excellente histoire du Théâtre français en Belgique. Le Cabinet
des estampes et la Bibliothèque royale possèdent son portrait, gravé par Cardon, avec cette
inscription :

Le calme des vertus et le feu du génie
Sont unis dans ces traits par le burin tracés.
Ses talents et son nom seront par Polymnie
Au temple des humains avec honneur placés.

Quant à Paul Vitzthumb, absolument ignoré de son vivant, il émerge aujourd'hui de l'obs-
curité, grâce aux circonstances que j'ai dites, et refait peut-être, sans y avoir songé, une popularité
à son père.

Louis Hymans,

Membre correspondant de l'Académie royale de Belgique.

CUL-DE-LAMPE

compose et dessiné pour l'Art par J. Habert-Dys,
 
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