LE MUSÉE DE SALZBOURG.. 169
les cœurs, dans les esprits. On sait jusqu'à quel profond degré d'abaissement tombèrent les
beaux-arts; la génération d'alors, écrasée, exténuée, impuissante à produire, ne pouvait plus
même supporter la vue des chefs-d'œuvre du passé; elle ne les comprenait plus.
« En Allemagne, c'était un toile presque universel contre les plus belles créations du xvc au
xvme siècle inclusivement. Ces vieilleries de mauvais goût, ainsi qu'on osait les appeler, étaient
proscrites à l'envi des églises, des châteaux, des édifices publics et privés, vendues à des prix-
dérisoires à des israélites plus clairvoyants, dispersées aux quatre coins du monde, brutalement
brisées même pour l'unique plaisir de détruire ce qui avait été en faveur aux générations anté-
rieures.
Sceau en cire rouge de l'archiduc Rodolphe d'Autriche (1362),
attaché à une lettre patente portant autorisation de passer sur une route.
(Musée de Salzbourg.) — Dessin de M"° V. M. Herwegen, de la grandeur de l'original.
« Bien rares étaient les esprits généreux et sensés qui s'attristaient de ce barbare spectacle
et qui, ayant gardé l'amour et le respect du passé, espéraient, avaient fermement foi en l'avenir.
« Fait curieux, hasard aussi étrange que significatif, à Salzbourg ce fut l'inspecteur du Mont-
de-Piété, Vincent Sùss — un nom à retenir avec respect — qui le premier conçut, en 1833, l'idée
de s'opposer de tout son humble pouvoir à l'œuvre de destruction, de rassembler et de conserver
autant qu'il dépendrait de lui les épaves d'un passé qui, à ses yeux, valait bien, et de reste, le
présent.
« Son fort modeste début de collection fut formé d'anciens drapeaux bavarois, d'armes de
toute espèce, des canons de l'ancienne garde civique, etc.
« Le bourgmestre lui accorda, probablement avec un sourire de pitié aux lèvres, la
permission d'entasser son cher sauvetage, ses reliques vénérées, dans une petite salle d'un
magasin communal.
Tome XXXVI. 26
les cœurs, dans les esprits. On sait jusqu'à quel profond degré d'abaissement tombèrent les
beaux-arts; la génération d'alors, écrasée, exténuée, impuissante à produire, ne pouvait plus
même supporter la vue des chefs-d'œuvre du passé; elle ne les comprenait plus.
« En Allemagne, c'était un toile presque universel contre les plus belles créations du xvc au
xvme siècle inclusivement. Ces vieilleries de mauvais goût, ainsi qu'on osait les appeler, étaient
proscrites à l'envi des églises, des châteaux, des édifices publics et privés, vendues à des prix-
dérisoires à des israélites plus clairvoyants, dispersées aux quatre coins du monde, brutalement
brisées même pour l'unique plaisir de détruire ce qui avait été en faveur aux générations anté-
rieures.
Sceau en cire rouge de l'archiduc Rodolphe d'Autriche (1362),
attaché à une lettre patente portant autorisation de passer sur une route.
(Musée de Salzbourg.) — Dessin de M"° V. M. Herwegen, de la grandeur de l'original.
« Bien rares étaient les esprits généreux et sensés qui s'attristaient de ce barbare spectacle
et qui, ayant gardé l'amour et le respect du passé, espéraient, avaient fermement foi en l'avenir.
« Fait curieux, hasard aussi étrange que significatif, à Salzbourg ce fut l'inspecteur du Mont-
de-Piété, Vincent Sùss — un nom à retenir avec respect — qui le premier conçut, en 1833, l'idée
de s'opposer de tout son humble pouvoir à l'œuvre de destruction, de rassembler et de conserver
autant qu'il dépendrait de lui les épaves d'un passé qui, à ses yeux, valait bien, et de reste, le
présent.
« Son fort modeste début de collection fut formé d'anciens drapeaux bavarois, d'armes de
toute espèce, des canons de l'ancienne garde civique, etc.
« Le bourgmestre lui accorda, probablement avec un sourire de pitié aux lèvres, la
permission d'entasser son cher sauvetage, ses reliques vénérées, dans une petite salle d'un
magasin communal.
Tome XXXVI. 26