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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 11.1885 (Teil 1)

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https://doi.org/10.11588/diglit.19703#0110

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NOTRE BIBLIOTHÈQUE.

9i

une salle des chefs-d'œuvre de la lithographie ? De quel
immense intérêt ne serait-elle pas 1 ?» Il dit encore de
Jules Jacquemart, après avoir parlé de « Fromentin, mûr
pour l'Institut, lorsque la mort l'a enlevé 2 » :

« Une autre perte bien considérable a été celle de mon
ami Jules Jacquemart, qui promettait une carrière encore
plus vaste.

« Il avait débuté par des eaux-fortes; — sa nature l'en-
traînait aux sommets.

« Presque tous les dimanches il venait me voir, conti-
nuellement préoccupé des grands principes de notre art.
Il était très lié avec Lalanne, à qui il dut beaucoup. Aussi
lui témoignait-il une reconnaissance sans bornes, pour
l'avoir initié au dessin et à la couleur, c'est-à-dire aux
plans et aux tons, dont il finit par se servir mieux que
personne.

« Ses premières aquarelles de Nice et de Menton eurent

quemment accentué par de nombreux points d'exclama-
tion : « A l'entendre, Raphaël était venu au monde pour
tuer la peinture; mais elle, oh ! oh ! elle ne s'y laissait pas
prendre ! Elle savait bien que lesvieux maîtres, les précur-
seurs de Raphaël, étaient les seuls vrais, les seuls qu'on
dût suivre! ... 1 » Eh bien, ici Jacquemart, que j'ai beau-
coup connu, se séparait, sans hésiter, de M. Gigoux et se
gardait de sj moquer d'opinions semblables à celle de
M lle de Fauveau ; je l'ai entendu se rallier très nettement à
l'avis, à la conviction profonde, — c'est la mienne, — que
Raphaël n'est autre que le premier de tous les maîtres de
décadence.

Jacquemart n'était pas homme non plus à s'écrier avec
M. Gigoux, à propos de Courbet — panlo minora ca-
namus — « C'est un vrai maître - » ; il eût excusé cet
enthousiasme — ne s'agit-il pas d'un pays ? — mais eût. le
plus poliment du monde, établi que Courbet ne fut pas

un succès immédiat à Paris, un même un grand artiste, mais bien

succès immense et mérité, mais 1111 S rana peintre, ce qui n'est pas

d'après les lettres qu'il m'écrivait. MÏ^ffiM ' a V' VC a(^ m' rat' on °> c l'auteur pour

« Malheureusement, sa fin était ^^mÙ^^^^. ' art ^ e P ra^' er- 'liais eût protesté

proche. Kn vaillant qu'il était, il gg^jy^PJ^WB^^- chaleureusement avec lui contre

s'était enrôlé dans les francs-tireurs Tm-"lM$fai£i3ÈttÈMÈKÈ^^^ l'indigne ostracisme dont Rude fut

pendant la guerre ; niais les fatigues ^9^|^^H^K9H^SHK[ victime de la part de Pradier, de

climat de Menton ne put même ^j^^^^^^^^^^^^^^^^SHj^ tainement toujours applaudi, c'est

Je ne crois pouvoir mieux re- ^^^^fW^'W ''^''^^^^^^SÊSÊSi r' t'- v< a * a très agréable lecture

connaître t..m le plaisir éprouvé à |BE^ f^l^^^^^^^BBBj qu'elles constituent et au piquant

la lecture de cette page de M. Gi- ^»:'û|^n%lM /^^^ffll des portraits qui y abondent. Il n'en

gou.x . appréciation si vraie d'un ll|lfS '%■ - fi i^Vsfc -';! yÊmKBÊB est probablement pas de plus im-

artiste de tant Je talent, trop pré- 'mjr*! ^ ^ ^^^^^ ^SÈ^Êt P r^ vu i ue celui d'un des intimes

rendu des fac-similés de superbes ^^^^a^^^^^^^^^^^^^^^ écrire Longperrier, tout comme

dessins inédits de Jacquemart, des- yS^^^BF^^ÊS^Wm^^lTMr^ '' ' mP r' mc Dutuy pour Dutuit :

sins qu'appréciera mieux que per- ^^^^^^^^^Ê^s^^^^m ('-'était un antiquaire pur

sonne un fanatique tel que l'auteur ^^^^S^^^^^^^^^^^^Ss-- sang, et il avait pris pour spécia-

culte pieux des maîtres il a collée- laquelle son esprit chercheur rendit

tionné et recherché toujours leurs Iîrocca. de réels services. Il se souciait peu

dessins, ces merveilleux premiers FUence de in fabrique d'Urbino. des gros traitements, mais il était

jets de leurs plus belles créations. Décor de grotesques dans le goût de Raphaël. avide d'honneurs, de croix, de situa-

Je crois assister à un des entre- (Collection de M. le baron Gustave de Rothschild.) tion £ de brillantes relations. Nul.

. , . T , Dessin de Jules Jacquemart. . . . ,

tiens de Jules Jacquemart et de mieux que lui, n'a su préparer son

M. Jean Gigoux, lorsque ce dernier chemin dans la vie; il parvint rapi-

dement à l'Institut, et il est mort commandeur de la
Légion d'honneur.

« En attendant, tout cela ne l'empêchait pas de se
réjouir avec nous. Il était littéralement l'âme de mes petites
soirées. Comme j'avais dessiné un portrait au crayon de
chacun de nos camarades, il s'était chargé d'y mettre au
bas des légendes très amusantes, en vers. Voici celle de
Francis Wey, pour vous en donner une idée :

« Wey, celle que ton cœur adore,
T'aime sans doute tendrement;
Mais ne la trahis pas encore,
Car je lui dirais : « Wey te ment! »

« Il y en avait aussi sur Cabat, sur Tourneuse, un
peintre qui est mort jeune, mais qui donnait de belles
espérances; sur Gavant! ; bref, sur tous. Je ne sais ce que
tout cela est devenu :i. »

1. Page ai3.

2. Page 119.
!l. Pages 56 et b~.

s'exprime ainsi :

« L'Ecole française a toujours été placée au-dessous
des écoles de Venise et de Hollande; car ces écoles avaient
la vie, tandis que la nôtre n'aimait que la convention. Le
Poussin lui-même n'a pas les tons ; aussi la vie manque-
t-elle à sa peinture. Lesueur, malgré son charme, ne les a
pas non plus.

« Met-il un fond de paysage dans un tableau ? Les ter-
rains et les arbres sont gris et éteints. Voyez, au contraire,
ceux du Giorgione ou de Rembrandt, comme cela vit ! 1 »

Lorsqu'il parle de M" e de Fauveau, de Besançon,
comme lui, et il en parle longuement, M. Gigoux est trop
courtois pour imprimer qu'elle possédait un assez joli
coup de marteau, mais il le donne suffisamment a deviner.
Ce passage, est, à ses yeux, un document à l'appui, élo-

Pa

ge 1.17.

2. Page 270.

3. Pages 270 et 271.

4. Pages 142 et 143.
 
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