Vue d'ensemble du château de Chantilly.
Château du Moyen-Age, avec le Chatelet de la Renaissance, d'après la gravure de Pérelle. —
Dessin de Maurice Deville.
LE CHATEAU DE CHANTILLY
A réédification complète du château de Chantilly, par le duc
d'Aumale, représente un des plus grands efforts de l'initiative
privée, en matière de constructions; elle est aussi une nouvelle
étape (nous voudrions dire la dernière) dans l'histoire du château,
plusieurs fois modifié, aménagé, reconstruit à nouveau, jusqu'au
jour où la Révolution française en a fait table rase et où on
établit une promenade en terrasse sur son emplacement. A trois
reprises, à deux siècles de distance l'une de l'autre, les grandes
personnalités qui y avaient fixé leur séjour s'étaient plu à
embellir Chantilly et à y laisser leur trace; aussi, sans tenir
compte des caprices des successeurs intermédiaires, ni même
des grands efforts de personnalités moindres qui voulurent
affirmer à leur tour leur passage, est-il difficile de visiter Chantilly sans que l'imagination évoque
le nom du connétable de Montmorency et celui du grand Condé. Le nom du duc d'Aumale, par
le seul fait que Chantilly renaît de ses cendres, devient inséparable aujourd'hui de celui de
ses deux prédécesseurs.
Des tendances communes aux deux héros qui l'habitèrent au xvi c et au xvn e siècle, le goût
instinctif de la grandeur, la recherche de la noblesse de la forme, et l'amour du beau dans
toutes ses manifestations — dans deux périodes très déterminées de l'histoire de l'art français,
périodes également grandes et empreintes au même degré, quoique sous des formes bien diffé-
rentes, des qualités qui résultent de notre génie national — ont fait du château de Chantilly
un monument historique et un musée. La Révolution est venue qui a effacé la trace des efforts
des deux héros. Une troisième fois, le monument surgit, empruntant aux deux autres qui l'ont
précédé quelques-uns des éléments qui lui donnaient son double caractère; on comprendra donc
que la description et l'étude de ce qui est restent inséparables de l'étude de ce qui fut.
Il est impossible, en effet, de se rendre compte de la raison qui a motivé la forme actuelle
et le parti pris architectural de Chantilly, si on ne jette pas un coup d'ceil sur son histoire, et
si on ne se rend pas compte de ses transformations successives. Des conditions toutes locales,
le but primitif de la construction, la nature du sol, ont imposé des lois qu'on a dû respecter à
Château du Moyen-Age, avec le Chatelet de la Renaissance, d'après la gravure de Pérelle. —
Dessin de Maurice Deville.
LE CHATEAU DE CHANTILLY
A réédification complète du château de Chantilly, par le duc
d'Aumale, représente un des plus grands efforts de l'initiative
privée, en matière de constructions; elle est aussi une nouvelle
étape (nous voudrions dire la dernière) dans l'histoire du château,
plusieurs fois modifié, aménagé, reconstruit à nouveau, jusqu'au
jour où la Révolution française en a fait table rase et où on
établit une promenade en terrasse sur son emplacement. A trois
reprises, à deux siècles de distance l'une de l'autre, les grandes
personnalités qui y avaient fixé leur séjour s'étaient plu à
embellir Chantilly et à y laisser leur trace; aussi, sans tenir
compte des caprices des successeurs intermédiaires, ni même
des grands efforts de personnalités moindres qui voulurent
affirmer à leur tour leur passage, est-il difficile de visiter Chantilly sans que l'imagination évoque
le nom du connétable de Montmorency et celui du grand Condé. Le nom du duc d'Aumale, par
le seul fait que Chantilly renaît de ses cendres, devient inséparable aujourd'hui de celui de
ses deux prédécesseurs.
Des tendances communes aux deux héros qui l'habitèrent au xvi c et au xvn e siècle, le goût
instinctif de la grandeur, la recherche de la noblesse de la forme, et l'amour du beau dans
toutes ses manifestations — dans deux périodes très déterminées de l'histoire de l'art français,
périodes également grandes et empreintes au même degré, quoique sous des formes bien diffé-
rentes, des qualités qui résultent de notre génie national — ont fait du château de Chantilly
un monument historique et un musée. La Révolution est venue qui a effacé la trace des efforts
des deux héros. Une troisième fois, le monument surgit, empruntant aux deux autres qui l'ont
précédé quelques-uns des éléments qui lui donnaient son double caractère; on comprendra donc
que la description et l'étude de ce qui est restent inséparables de l'étude de ce qui fut.
Il est impossible, en effet, de se rendre compte de la raison qui a motivé la forme actuelle
et le parti pris architectural de Chantilly, si on ne jette pas un coup d'ceil sur son histoire, et
si on ne se rend pas compte de ses transformations successives. Des conditions toutes locales,
le but primitif de la construction, la nature du sol, ont imposé des lois qu'on a dû respecter à