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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 11.1885 (Teil 1)

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Diehl, Charles: Ravenne, [5]: étude d'archéologie byzantine
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Un dessin de Panini
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https://doi.org/10.11588/diglit.19703#0213

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RAVENNE.

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le Bon Pasteur. Ce n'est plus ici, comme dans les Catacombes, le berger portant la brebis sur
ses épaules, tenant en main une simple houlette, sans nimbe qui le distingue du reste de l'huma-
nité; dans la mosaïque que nous étudions on a donné au Christ une majesté plus imposante. 11
porte en main, comme un sceptre, la croix, insigne de la foi chrétienne; il est vêtu du manteau
de pourpre qui tombe en plis nombreux et harmonieux. Et non seulement l'attitude est devenue
plus sévère, le type aussi s'est transformé. On a plus d'une fois, et non sans raison, rapproché
cette figure du Christ de celle de l'Apollon antique, et en effet la tète rappelle l'idéal grec plus
que l'art romain ou byzantin. L'exécution est d'ailleurs excellente, les contours précis, les couleurs
bien distribuées, le modelé habile : c'est certainement là une des œuvres les plus parfaites de la
peinture chrétienne, et l'œil ne se lasse point de contempler cette fraîche et charmante idylle.

En face, une scène d'un caractère tout différent, et dont l'interprétation a été longtemps
discutée, montre saint Laurent tenant une longue croix sur l'épaule droite et clans la main gauche
un livre ouvert. Devant lui, un gril, symbole de son martyre, est placé sur le feu; plus loin,
dans une armoire ouverte, on voit les livres des Evangiles. L'exécution ici encore est digne
d'attention : la tète fine du saint, le mouvement calme et sur dont il marche au supplice, sont
fort heureusement traités.

Faut-il, entre ces deux représentations qui s'opposent l'une à l'autre, chercher quelque
rapport d'idée? Il est difficile de l'affirmer. Mais du rapprochement des deux peintures naît à
tout le moins une opposition artistique digne d'être signalée. On y constate, suivant l'ingénieuse
remarque de Richter, la transformation capitale qui s'est accomplie dans l'iconographie chrétienne.
Ici, dans l'image du Bon Pasteur, la peinture symbolique jette son dernier éclat; là, dans le
martyre de saint Laurent, s'ouvre le cycle nouveau des représentations historiques qui désormais
va de plus en plus s'imposer au développement artistique.

Charles Diehl,

{La suite prochainement^] Ancien mombre de l'École Française de Rome, '

Membre de l'Kcole d'Alhènes.
 
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