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La chronique des arts et de la curiosité — 1874

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Nr. 17 (25 avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26614#0173
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N1 17 — 1874,

BUREAUX, 3, RUE LAFFITTE.

25 avril

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITE

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

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Mémoire de Velasquez sur quarante et . un

TABLEAUX ENVOYÉS PAR PHILIPPE IV A L'ESCU-
rial. — Réimpression de l’exemplaire unique
(1658) avec introduction, t aduction et nole-s par
le bâton Ch. Davillier, et un portrait de Vi-las-
quez, gravé à l’eau lor:e par Fortuny. Pa-is,
Aubry 1874, in-8» de 14 et 64 pages

Velasquez ne fut pas seulement un artiste
éminent, le plus grand peintre de l’Espagne :
il remplit en même temps, à Madrid, d’im-
portantes charges de cour. Son goût et ses
connaissances l'avaient fait nommer Aposen-
tador mayor de Palacio (grand maréchal du
Palais). Il fut, à ce titre, conservateur des
objets d’art de la couronne d’Espagne et eut à
rédiger, à l’occasion de ces fonctions, un cata-
logue descriptif de peintures précieuses. Pa-
lornino rapporte, dans son Museo pictorico,
qu’en 1658 1e roi Philippe IV ordonna à son
peintre favori d’envoyer à l’Escurial quarante
et un tableaux, dont quelques-uns provenaient
de la vente de Charles Ier, et d’autres avaient
été apportés d’Italie et offerts au roi par des
personnages de la cour. « Le grand peintre, »
ajoute-t-il, « écrivit un mémoire contenant la
description des tableaux, mentionnant leurs
qualités, leurs sujets et le nom des auteurs,
ainsi que les endroits où ils furent placés; il
le fit avec autant d’élégance que d’exactitude
et y montra son érudition et une grande con-
naissance de l’art. »

On comprend facilement l’intérêt que peu-
vent présenter pour nous une appréciation
raisonnée, écrite par Velasquez sur des chefs-
d’œuvre de peinture, et l’admiration profes-
sée par un maître sur les peintres illustres
qui Tout précédé. Ce mémoire, dont l’exis-
tence se trouve si bien constatée par Palo-
mino, était considéré comme perdu. On en
était même arrivé à douter qu’il eût jamais été
imprimé. M. Davillier, dont la foi n’avait pas
été ébranlée, estparvenu, aidé par une décou-
verte de don Adolfo de Castro, bibliophile de

Cadix, à retrouver le fameux mémoire impri-
i mé, qui a vu le jour à Rome en 1658. Il n’en
reste plus qu’un seul exemplaire, exemplaire
qu’on peut, en toute sécurité, qualifier d’w-
nique, après la recherche ardente et passion-
née dont l’ouvrage a été depuis longtemps
l’objet. C’est là la pièce inappréciable que
M. Davillier vient, en la réimprimant, de sau-
ver à jamais et de mettre à la disposition de
tout le monde.

En nous rendant ce texte si intéressant, le
spirituel et savant auteur du Voyage en Espagne
n’a pas songé aux seuls compatriotes de Ve-
lasquez, ni aux rares érudits français qu’une
langue étrangère n’arrête pas dans leurs in-
vestigations. Il a voulu venir en aide aux
lettrés et aux amis des arts qui ne lisent pas
l’Espagnol ; et il a joint au texte original une
élégante traduction française éclairée par des
notes et de's commentaires comme en sait
écrire un connaisseur aussi compétent.

Il est inutile, je pense, d'insister sur la va-
leur du document qui jette un jour tout nou-
veau sur la biographie d’un grand artiste et
contient de si curieuses contidences sur ses
opinions esthétiques et ses croyances en ma-
tière de peinture. Par exemple, on a prétendu,
à la légère, que Velasquez n’aimait pas Ra-
phaël. « Il est certain, dit M. W. Stirling, qu’il
ne se pénétra jamais du génie antique et qu’il
n’apprécia pas Raphaël. » La publication de
M. Davillier venge la mémoire du maître espa-
gnol de cette injurieuse imputation. Velas-
quez n’avait pas besoin d’imiter le Sanzio pour
le comprendre et l'admirer. Après avoir copié
avec amour bon nombre des œuvres du peintre
d’Urbin, Velasquez a parlé avec enthousiasme
de Raphaël. Voilà des faits désormais indiscu-
tables.

Quant aux quarante et un tableaux dont il
est question dans le catalogue de Velasquez, ils
sont tout à fait digues d’occuper l’atteution
du lecteur. Il s’agit des plus belles œuvres de
la peinture italienne, de toiles qui, signées
par Raphaël, Titien, Sébastien del Piombo,
 
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