Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1874

DOI issue:
Nr. 12 (21 mars)
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.26614#0121
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
N° 12 — 1874.

BUREAUX, 5, RUE LAFFITTE.

21 mars.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN,

Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.

Un an,

PARIS ET DÉPARTEMENTS .
. 12 fr. | Six mois. .

8 fr.

EXPOSITION DE REIMS

L’exposition organisée à Reims par la So-
ciété des Amis des Arts compte cette année
1106 numéros.

Cet empressement de la part des artistes,
des amateurs, et surtout des marchands d’ob-
jets d’art à se rendre à l’appel des villes actives
qui, comme Reims, savent produire et savent
dépenser, annonce peut-être une phase nou-
velle dans le développement des arts français
qu’il importe de suivre dès aujourd’hui. Qu’un
certain nombre de ces marchés périodiques
s’établissent, comme aux périodes florissantes
du moyen âge et de la Renaissance, sur divers
points du territoire, et l’on ne tardera pas à
voir, d’après la loi inévitable des transactions,
l’esprit parisien, tout en pénétrant plus vite en
province, recevoir, à son tour, le contre-coup
de l’esprit provincial. La multiplicité et la
constance de ces échanges pourraient même,
au bout d’un certain temps, faire renaître ces
rivalités locales et ces concurrences d’école
ui -manquent, par malheur, beaucoup trop
ans notre temps. L’éducation provinciale, en
tout cas, ne tarderait pas à se faire, et, peu à
peu disparaîtraient , de la part des artistes
parisiens, d’injustes dédains trop souvent ma-
nifestés par l’envoi d’ouvrages indignes ; de la
part des amateurs provinciaux, des méliances
excessives trop souvent justifiées, d’ailleurs,
par le sans-gène dont quelques artistes usent à
leur égard.

Pour former d’une façon plus générale en
province ce goût pour les arts, qui s’y éveille
de tous côtés, il suffirait que chaque année nos
artistes sérieux voulussent bien y envoyer des
morceaux sérieux, comme ont fait celte année
pour Reims, MM. Paul Baudry, Delaunay, Du-
bouchet, Carolus Duran, Corot, Daubigny.
L’esquisse d’une grande peinture allégorique
par M. Baudry, Gioventu, Primavera délia vita,

donne, en effet, dans sa petite dimension,
toute la fleur de son admirable talent. A-t-il
jamais rien conçu de plus frais, de plus prin-
tanier, de plus vif que cette fête de la jeunesse
dans le jardin de l’Amour, sous l’œil indulgent
des Grâces enlacées?

L’ordonnance générale présente quelque
lointaine conformité avec l’Age d’or d’Ingres,
comme le sujet lui-même; mais tandis que
chez Ingres tous les couples amoureux s’é-
tagent, dans leur beauté plastique, gravement
et paisiblement, comme de silencieuses sta-
tues, tous les groupes de M. Baudry, dieux et
déesses, amants et amantes, mères, et enfants,
bondissent et se mêlent dans un élan naïf de
chaste volupté et d’universelle tendresse. Le
paysage est magnifique et doux, et baigné
d’une harmonie argentée si délicate et tendre,
que la toile entière paraît un sourire. Le Mer-
cure de M. Delaunay n’a point l’importance de
cette esquisse ; ce n’est qu’une seule figure,
mais une grande et belle figure d’étude,^har-
diment posée, profondément dessinée, virile-
ment peinte, dans une gamme iière et chaude,
avec une tenue franche et solide, qui sont
celles de la peinture monumentale. Ce mor-
ceau, placé dans un musée ou une école de
province, y serait du meilleur enseignement.
A quelques pas du Mercure, se trouve une
Pileuse, peinture d’un style moins haut, dans
un goût plus moderne, où les qualités du
peintre se retrouvent partout tout entières
dans la vive intensité d’expression et la sin-
cère noblesse de poésie qu’il a su donner à
une figure réelle. Quant à la fête de San An-
tonio de M. Dubouchet, nous connaissons tous
cette excellente collection de figures nues, des-
sinées et peintes par le graveur avec la pré-
cision d’un Quattrocentista florentin, pour l’a-
voir admirée au Salon de 1872; sa place,
comme celle du Mercure de M. Delaunay,
serait dans une école de beaux-arts.

Le public rémois a-t-il apprécié à leur juste
valeur ces tableaux hors ligne? Je l’ignore.
Toujours est-il que je l’ai vu vivement et jus-
 
Annotationen