DOI Heft:
Nr. 27 (10 août)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.26614#0261
N° 27 — 1874.
BUREAUX, 5, RUE LAFFITTE.
10 août.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLEMENT A LA GAZETTE VE S BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
Un au.-
PARIS ET DEPARTEMENTS:
. 12 fr. I Six mois.
' A
8 fr
CONCOURS DU SACRÉ-CŒUR
Nous ne saurions que nous féliciter d’un
concours qui a affirmé une fois de plus la vi-
talité et la force de notre école française d'ar-
cliitecture.
Ep effet, hien que le programme ne promit
pas l’exécution du monument au lauréat du
concours et malgré les primes trop peu impor-
tantes, malgré l’énorme somme de travail de-
mandé, plus de soixante-dix architectes fran-
çais ont tenu à honneur de concourir, luttant
ainsi plus encore pour la gloire de leur art,
que par espoir d’un résultat certain ou de ré-
munération suffisante.
Le jury, nommé, partie par la commission
de l’œuvre du Sacré-Cœur, partie par les con-
currents, a aujourd’hui prononcé sur ce con-
cours. Nous nous inclinerons volontiers de-
vant ses décisions, qui, à part quelques légères
nuances de classement, satisfont en somme
nos préférences, et qui d’ailleurs ont été
d’autant mieux accueillies qu’elles étaient da-
vantage indiquées et prévues.
Il nous reste à faire connaître aux lecteurs
de la Gazette et de la Chronique les œuvres
primées et celles qui, par des qualités diffé-
rentes, ont mérité des mentions honorables ou
attiré l’attention des juges et du public.
Suivant le classement fait par le jury, nous
parlerons tout d’abord du projet do M. Abadie,
qui a remporté le premier prix.
Elever sur un sommet une vaste église do-
minant une ville immense, et la présenter au
loin comme un signe de rédemption et de salut,
telle était la pensée supérieure qui semblait se
dégager du programme.
Pour traduire cette pensée, les concurrents
pouvaient choisir entre deux partis princi-
paux : le dôme, c’est-à-dire la masse élevée
dans l’espace; les tours ou flèches, c’est-à-dire
les superpositions hardies, les équilibres qui
aspirent au merveilleux.
Le dôme a justement prévalu dans l’esprit
du plus grand nombre, et c’est par un dôme
que M. Abadie accuse son sanctuaire. Rejetant
l'idée d’une église avec ses dispositions ordi-
naires, M. Abafiie élève sur un robuste plan
carré sa vastè-'e'dupole de pierre ovoïde, et l’é-
tage de quatre coupoles inférieures de même
famille. L’œuvre entière est d’allure noble et
sévère, d’une grande sobriété dans les détails,
et se rattache plus particulièrement à ce style
romano-byzantin dont l’église de Saint-Front,
à Périgueux, est en France un des plus beaux
types. Contre le plan carré vient s’appuyer
une vaste abside à chapelles rayonnantes, à
l'extrémité de laquelle s’élève, au-dessus de la
chapelle carrée centrale, un haut campanile,
qui, lui aussi, est couronné, par une haute
coupole de pierre allongée. M. Abadie a donc
tout à la fois, dans son projet, une coupole
centrale et une tour s’élançant au delà, en ar-
rière.
Rien qu’on puisse défendit ce parti qui fait
à la fois intervenir et le dômhet la tour comme
points culminants de l'œuvre, nous compre-
nons peu ce double emploi, et nous croyons
qu’un point culminant unique devait être le
caractère essentiel d’un tel monument.
Nous nous plaisons à espérer que l’autorité,
la haute expérience, le talent maintes fois af-
firmé de M. Abadie, sauront décider la com-
mission du Sacré-Cœur à confier à ce maître
reconnu l’exécution du monument, si jamais
toutefois cette œuvre considérable peut être
entreprise ; et nous sommes assuré que, sous
la savante direction de M. Abadie, l’exécution
tiendra toutes les promesses de ce beau pro-
jet.
C’est aussi par un dôme que MM. Davioud et
Lameire signalent leur église, car c’est bien
ici une vaste église, avec nef et bas-côtés, mais
de caractère moderne hardiment accentué. Le
dôme est unique, et s’élance, superbe, du mi-
lieu de quatre dômes inférieurs. Un large por-
tique s’ouvre en avant de l’église. Les disposi-
tions générales sont vastes et belles, et tout
BUREAUX, 5, RUE LAFFITTE.
10 août.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Un au.-
PARIS ET DEPARTEMENTS:
. 12 fr. I Six mois.
' A
8 fr
CONCOURS DU SACRÉ-CŒUR
Nous ne saurions que nous féliciter d’un
concours qui a affirmé une fois de plus la vi-
talité et la force de notre école française d'ar-
cliitecture.
Ep effet, hien que le programme ne promit
pas l’exécution du monument au lauréat du
concours et malgré les primes trop peu impor-
tantes, malgré l’énorme somme de travail de-
mandé, plus de soixante-dix architectes fran-
çais ont tenu à honneur de concourir, luttant
ainsi plus encore pour la gloire de leur art,
que par espoir d’un résultat certain ou de ré-
munération suffisante.
Le jury, nommé, partie par la commission
de l’œuvre du Sacré-Cœur, partie par les con-
currents, a aujourd’hui prononcé sur ce con-
cours. Nous nous inclinerons volontiers de-
vant ses décisions, qui, à part quelques légères
nuances de classement, satisfont en somme
nos préférences, et qui d’ailleurs ont été
d’autant mieux accueillies qu’elles étaient da-
vantage indiquées et prévues.
Il nous reste à faire connaître aux lecteurs
de la Gazette et de la Chronique les œuvres
primées et celles qui, par des qualités diffé-
rentes, ont mérité des mentions honorables ou
attiré l’attention des juges et du public.
Suivant le classement fait par le jury, nous
parlerons tout d’abord du projet do M. Abadie,
qui a remporté le premier prix.
Elever sur un sommet une vaste église do-
minant une ville immense, et la présenter au
loin comme un signe de rédemption et de salut,
telle était la pensée supérieure qui semblait se
dégager du programme.
Pour traduire cette pensée, les concurrents
pouvaient choisir entre deux partis princi-
paux : le dôme, c’est-à-dire la masse élevée
dans l’espace; les tours ou flèches, c’est-à-dire
les superpositions hardies, les équilibres qui
aspirent au merveilleux.
Le dôme a justement prévalu dans l’esprit
du plus grand nombre, et c’est par un dôme
que M. Abadie accuse son sanctuaire. Rejetant
l'idée d’une église avec ses dispositions ordi-
naires, M. Abafiie élève sur un robuste plan
carré sa vastè-'e'dupole de pierre ovoïde, et l’é-
tage de quatre coupoles inférieures de même
famille. L’œuvre entière est d’allure noble et
sévère, d’une grande sobriété dans les détails,
et se rattache plus particulièrement à ce style
romano-byzantin dont l’église de Saint-Front,
à Périgueux, est en France un des plus beaux
types. Contre le plan carré vient s’appuyer
une vaste abside à chapelles rayonnantes, à
l'extrémité de laquelle s’élève, au-dessus de la
chapelle carrée centrale, un haut campanile,
qui, lui aussi, est couronné, par une haute
coupole de pierre allongée. M. Abadie a donc
tout à la fois, dans son projet, une coupole
centrale et une tour s’élançant au delà, en ar-
rière.
Rien qu’on puisse défendit ce parti qui fait
à la fois intervenir et le dômhet la tour comme
points culminants de l'œuvre, nous compre-
nons peu ce double emploi, et nous croyons
qu’un point culminant unique devait être le
caractère essentiel d’un tel monument.
Nous nous plaisons à espérer que l’autorité,
la haute expérience, le talent maintes fois af-
firmé de M. Abadie, sauront décider la com-
mission du Sacré-Cœur à confier à ce maître
reconnu l’exécution du monument, si jamais
toutefois cette œuvre considérable peut être
entreprise ; et nous sommes assuré que, sous
la savante direction de M. Abadie, l’exécution
tiendra toutes les promesses de ce beau pro-
jet.
C’est aussi par un dôme que MM. Davioud et
Lameire signalent leur église, car c’est bien
ici une vaste église, avec nef et bas-côtés, mais
de caractère moderne hardiment accentué. Le
dôme est unique, et s’élance, superbe, du mi-
lieu de quatre dômes inférieurs. Un large por-
tique s’ouvre en avant de l’église. Les disposi-
tions générales sont vastes et belles, et tout