DOI Heft:
Nr. 37 (5 décembre)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.26614#0365
3; - 1874-
BUREAUX, 3, RUE LAFFITTE.
5 décembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT le samedi matin
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
Un an.
PARIS ET DÉPARTEMENTS
. i2 fr. I Six mois.
8 fr.
L’Administration de la Gazette des Beaux-
Arts prie les personnes dont l’abonnement vient
d’expirer de vouloir bien le renouveler le plus tôt
possible, pour ne pas éprouver de retard dans la
réception de la livraison de Janvier.
LES FAÏENCES SUÉDOISES.
Qui connaît, en France, la céramique sué-
doise et qui s’en occupe? Bien peu d’amateurs,
je suppose. Et cependant il a paru récem-
ment, en français, à Stockholm, un beau vo-
lume, édité avec luxe et illustré de nombreuses
gravures sur bois et chromolithographies, sur
l’histoire de la faïence et de la porcelaine en
Suède au xviii0 siècle* 1. Ce livre, œuvre d’éru-
dit consciencieux et compétent, est encore in-
connu dans notre pays. Le hasard nous l’a
mis entre les mains, et nous avons pris grand
plaisir à sa lecture ; nous croyons donc de
notre devoir de le signaler aux collection-
neurs, aujourd’hui si nombreux, de la céra-
mique, et à tous les curieux de cet art char-
mant et délicat! Brongniart, Graesse, Jacque-
mart, Marryat, Chaffers, ont bien parlé des
fabriques de Stockholm, mais d’une façon
très-succincte et la plupart du temps très-
inexacte. La Suède, il est vrai, ne réclame
u’un fort petit coin dans l’histoire immense
e l’art céramique, mais ce pelit coin n’est
pas sans importance au xviii0 siècle, même
en regard de l’épanouissement splendide des
1 Rohstband et Mariebehg. Notices et recherches
sur les céramiques suédoises du xviii0 siècle, par
G. H. Strale. Stockholm, Ivar Hœggtrom, 1872,
1 vol. in-S° de 150 pages.
fabriques françaises ; il est, en tout cas, très-
intéressant à étudier.
Le titre même de l’ouvrage indique qu’il y
eut, à Stockholm, deux fabriques bien dis-
tinctes : Rorstrand et Marieberg, la première
qui produisit spécialement et presque unique-
ment de la faïence, c’est-à-dire des poteries à
pâte dure opaque et glaçure stannique ; la
seconde, de la porcelaine , c’est-à-dire des
poteries à pâte dure translucide, composée de
kaolin et de sable siliceux, qui par sa fusion
forme la couverte, et de porcelaine tendre ou
à pâte artificielle, vulgairement nommée por-
celaine française.
Jusqu’aux années qui suivirent immédiate-
ment la mort de Charles XII et, pour mieux
préciser, jusqu’en 1725, la Suède demeura
étrangère à l’industrie céramique. A cette
époque, un certain Wolf fut appelé d’Alle-
magne pour fonder la première fabrique;
mais ce n’est réellement qu’une dizaine d’an-
nées plus tard, api’ès toutes sortes de mésa-
ventures qui se trouvent relevées dans l’ou-
vrage de M. Strale, que l’industrie nouvelle,
protégée et encouragée par l’Etat, s’acclimata
dans la fabrique de Rorstrand. Puis la pros-
périté de cet établissement suit une marche
ascendante jusqu’en 1765. Son plus grand
moment de prospérité est compris entre les
années 1765 et 1773. Elle existe encore au-
jourd’hui, mais agonisante et complètement
dominée par l’importation anglaise.
Au point de vue de leur caractère artistique,
les faïences de Rorstrand trahissent une cons-
tante imitation des écoles étrangères et une
étude particulière des procédés déaoratifs de
l’art français.
Si dans les premiers temps la fabrique su-
bit l’influence allemande, à partir de 1750 le
goût français y domine presque exclusive-
ment. Rouen, Vincennes, Moustiers, Nevers,
Marseille, Strasbourg, Paris et Delft, en Hol-
lande, sont mis successivement à contribu-
tion. Mais, dans leurs réminiscences, ces
faïences conservent un je ne sais quoi d’ori-
BUREAUX, 3, RUE LAFFITTE.
5 décembre.
LA
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ET DE LA CURIOSITÉ
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. i2 fr. I Six mois.
8 fr.
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possible, pour ne pas éprouver de retard dans la
réception de la livraison de Janvier.
LES FAÏENCES SUÉDOISES.
Qui connaît, en France, la céramique sué-
doise et qui s’en occupe? Bien peu d’amateurs,
je suppose. Et cependant il a paru récem-
ment, en français, à Stockholm, un beau vo-
lume, édité avec luxe et illustré de nombreuses
gravures sur bois et chromolithographies, sur
l’histoire de la faïence et de la porcelaine en
Suède au xviii0 siècle* 1. Ce livre, œuvre d’éru-
dit consciencieux et compétent, est encore in-
connu dans notre pays. Le hasard nous l’a
mis entre les mains, et nous avons pris grand
plaisir à sa lecture ; nous croyons donc de
notre devoir de le signaler aux collection-
neurs, aujourd’hui si nombreux, de la céra-
mique, et à tous les curieux de cet art char-
mant et délicat! Brongniart, Graesse, Jacque-
mart, Marryat, Chaffers, ont bien parlé des
fabriques de Stockholm, mais d’une façon
très-succincte et la plupart du temps très-
inexacte. La Suède, il est vrai, ne réclame
u’un fort petit coin dans l’histoire immense
e l’art céramique, mais ce pelit coin n’est
pas sans importance au xviii0 siècle, même
en regard de l’épanouissement splendide des
1 Rohstband et Mariebehg. Notices et recherches
sur les céramiques suédoises du xviii0 siècle, par
G. H. Strale. Stockholm, Ivar Hœggtrom, 1872,
1 vol. in-S° de 150 pages.
fabriques françaises ; il est, en tout cas, très-
intéressant à étudier.
Le titre même de l’ouvrage indique qu’il y
eut, à Stockholm, deux fabriques bien dis-
tinctes : Rorstrand et Marieberg, la première
qui produisit spécialement et presque unique-
ment de la faïence, c’est-à-dire des poteries à
pâte dure opaque et glaçure stannique ; la
seconde, de la porcelaine , c’est-à-dire des
poteries à pâte dure translucide, composée de
kaolin et de sable siliceux, qui par sa fusion
forme la couverte, et de porcelaine tendre ou
à pâte artificielle, vulgairement nommée por-
celaine française.
Jusqu’aux années qui suivirent immédiate-
ment la mort de Charles XII et, pour mieux
préciser, jusqu’en 1725, la Suède demeura
étrangère à l’industrie céramique. A cette
époque, un certain Wolf fut appelé d’Alle-
magne pour fonder la première fabrique;
mais ce n’est réellement qu’une dizaine d’an-
nées plus tard, api’ès toutes sortes de mésa-
ventures qui se trouvent relevées dans l’ou-
vrage de M. Strale, que l’industrie nouvelle,
protégée et encouragée par l’Etat, s’acclimata
dans la fabrique de Rorstrand. Puis la pros-
périté de cet établissement suit une marche
ascendante jusqu’en 1765. Son plus grand
moment de prospérité est compris entre les
années 1765 et 1773. Elle existe encore au-
jourd’hui, mais agonisante et complètement
dominée par l’importation anglaise.
Au point de vue de leur caractère artistique,
les faïences de Rorstrand trahissent une cons-
tante imitation des écoles étrangères et une
étude particulière des procédés déaoratifs de
l’art français.
Si dans les premiers temps la fabrique su-
bit l’influence allemande, à partir de 1750 le
goût français y domine presque exclusive-
ment. Rouen, Vincennes, Moustiers, Nevers,
Marseille, Strasbourg, Paris et Delft, en Hol-
lande, sont mis successivement à contribu-
tion. Mais, dans leurs réminiscences, ces
faïences conservent un je ne sais quoi d’ori-