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La chronique des arts et de la curiosité — 1874

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Nr. 20 (16 mai)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26614#0205
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N' 20 — 1874. >

BUREAUX, 3, RUE LAFFITTE.

16 mai.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT IE SAMEDI MATIN

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PARIS ET DÉPARTEMENTS :

Un an. ......... 12 fr. | Six mois.. 8 fr.

LA DESTRUCTION DES PLANCHES GRAVÉES

Nos lecteurs se rappellent peut-être que,
il y a quelques semaines, nous exprimions
notre étonnement en apprenant qu’une société
fondée pour répandre en France l’amour des
arts en général et le goût de la gravure en
particulier, avait admis dans ses statuts un ar-
ticle par lequel elle s’engageait à détruire ses
planches, après avoir tiré le nombre d’exem-
plaires demandé par ses adhérents.

Il nous semblait — et il nous semble encore
— qu’il y a entre cet article et le but de la so-
ciété une contradiction qu’il importait de faire
cesser, et nous nous rangions hautement du
côté des personnes qui, au nom de Part,
avaient cru devoir protester contre un procédé
qui a tout l’air d’un véritable acte de vanda-
lisme.

Notre intention n’était pas~ cependant de
nous mêler davantage à ce débat. Il nous suf-
lisait d’avoir exprimé nettement notre avis.
Mais nous ne saurions admettre qu’on aille
jusqu’à nous contester le droit d’émettre une
opinion sur un point qui touche de si près aux
intérêts de l’art ; et d’un autre côté les argu-
ments qu’on met en avant pour légitimer la
destruction des planches nous paraissent si
étranges qu’il nous est impossible de les laisser
passer sans un mot de réponse.

Nous regrettons vivement qu’il se mêle à ce
débat des questions de personnes. Ce n’est pas
nous qui les avons soulevées et nous tenons à
les laisser complètement de côté.

Nous voulons simplement constater que du
moment où la discussion est devenue publique,
nous avions, comme tout le monde, -le droit
d’exprimer notre sentiment sur les opinions
alléguées de part et d’autre, tout en regrettant
que sur un point qui nous paraît aussi clair,
il puisse y avoir deux opinions différentes.

Quant aux arguments qui ont été avancés

pour prouver que c’est par amour de l’art que
l’on détruit les planches qui en reproduisent
les chefs-d’œuvre, nous n’en retiendrons qu’un
qui suffira à donner une idée des autres.

Tout le monde sait, dit-on, qu’après un cer-
tain nombre, de tirages, les planches sont,
usées, écrasées, et qu’elles ne donnent plus
que des épreuves imparfaites et bientôt détes-
tables.

Rien de plus vrai en théorie. Ii est bien cer-
tain qu’il arrive toujours un moment où les
planches s’usent et ne valent plus rien, et que
dans ce cas il n’y a pas grand mal les dé-
truire. Mais malgré la bonne apparence de ce
raisonnement, il se heurte à deux objections
de fait, qui lui enlèvent toute valeur et le ré-
duisent à n’ètre qu’un simple sophisme.

D’abord il faudrait qu’il fût prouvé qu’on
attend scrupuleusement, pour détruire ces
planches, qu’elles- ne vaillent plus rien.
Notre contradicteur pourra-t-il l’affirmer?
Evidemment non, car une planche* gra-
vée ne s’use ni ne s’écrase tout à coup ; une
- épreuve détestable ne succède pas immédiate-
ment à une épreuve excellente. Or la société
dont nous parlons ne distribue à ses adhérents
que des épreuves excellentes. Si elle faisait au-
trement, elle mentirait à sa mission et ses
adhérents auraient droit de se plaindre. Nous
dira-t-011 qu’on s’arrête à la dernière de celtes
qui sont excellentes ? huais alors par quel pro-
cédé spécial de divination peut-on s’assurer
que la suivante sera mauvaise, et que dès lors
la planche est hors de service ?

D’ailleurs, tout le monde sait bien qu’une
planche ne s’use pas si vite que cela. Nous en
connaissons qui ont fourni des milliers d’é-
preuves sans cependant mériter d’être détrui-
tes. Et puis ne sait-on pas qu’il existe
aujourd’hui des procédés par lesquels on peut
prolonger presque indéfiniment les services
d’une planche gravée? Nous n’avons pas la
prétention d’apprendre à notre contradicteur
l’existence de l’aciérage; nous nous contentons
de le lui rappeler.
 
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