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La chronique des arts et de la curiosité — 1874

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Nr. 33 (20 octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26614#0329
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33 — 1874*

BUREAUX, 3, RUE LAFFITTE.

20 octobre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLEMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LH SAMEDI MATIN

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la Chronique des Arts et de la Curiosité.

PARIS ET DÉPARTEMENTS :

U11 an. ......... 12 fr. | . Six mois. ......... 8 fr.

LES DESSINS DE MARTIN SCHCEN AUX OFFICES
DE FLORENCE

Le Musée des Offices possède quatre dessins
à la plume (sur papier blanc) attribués à Mar-
tin Schœn, et exposés sous verre dans la gale-
rie qui traverse l’Arno. Quoique publiés à
deux reprises différentes, au moyeu de la
photographie (1), ils n’ont encore fait l’objet
d’aucune description, et les savants qui se sont
occupés du maître paraissent en avoir ignoré
l’existence.

Nous croyons utile de signaler à l’attention
des amateurs ces ouvrages, dont trois au
moins offrent tous les caractères de l’authen-
ticité, et peuvent servir de critères pour les
trop nombreux produits baptisés du nom de
Schongauer dans tant de collections publi-
ques ou privées.

Le premier d’entre eux, une Sainte Famille,
provient incontestablement de la main du cé-
lèbre chef de l’école de Colmar. Il réunit tous
les traits qui lui sont propres : physionomies
pleines d’âme, mains effilées, élégantes dans
leur maigreur, draperies profondément fouil-
lées et conservant un certain mouvement, mal-
gré leurs plis gothiques.

La scène se passe devant une étable, dont
la fenêtre laisse passer la tête des deux humbles
témoins do la nativité, Je bœuf et l’âne. Au
premier plan sont agenouillés, l’un en face de
l’autre, saint Joseph et la Vierge; ils vénèrent
l’enfant étendu devant eux, tout nu, dans les
plis du manteau maternel. Saint Joseph, vu
de profil, prie en tenant entre ses mains un
bâton recourbé ; son front vaste et dénudé

(1) Collection Braun, Galerie des Offices : nos
980-983, et Collection Philpot, fotografie dei dise-
gni originali... délia R. Galleria di Firenze, noa
1066 à 1069.

montre l’habilude de la réflexion; une barbe
grisonnante couvre son menton ; sa bouche
est souriante, l’expression générale de sa fi-
gure, douce et sereine.

La Vierge, qui seule est nimbée, adore les
mains jointes le fils qu’elle vient de mettre
au monde, et sur lequel son regard s’arrête
avec une tendresse profonde ; ses cheveux dé-
noués ilottent sur ses épaules en formant de
nombreuses boucles ; tout son être dénote la
grâce et la jeunesse ; le mouvement par le-
quel elle joint ses mains n’est même pas
exempt de coquetterie. La partie supérieure
de son corps offre la répétition presque
textuelle de la figure que l’on voit dans une
des gravures du maître, le Couronnement de la
; Vierge, avec cette différence que dans le des-
! sin la pose a plus d’abandon et la facture plus
de légèreté.

Le fond, que l’on aperçoit des deux côtés du
bâtiment, se compose, à gauche, d’un coin de
paysage assez nu; à droite, dans le lointain,
on découvre un berger et un troupeau qui
sont exécutés avec une encre beaucoup plus
pâle que le reste de la composition, et qui
peuvent par conséquent passer pour une in-
terpolation.

L’ensemble est traité avec une liberté, une
ampleur et une harmonie tout à fait extraor-
dinaires, et laisse bien loin derrière lui le
dessin du musée de Bâle (vol. U. III, n° 7) qui
représente le même sujet, et qui nous paraît
également authentique. On comprend qu’en
voyant de pareilles productions les contempo-
rains dé l’artiste alsacien l’aient comparé au
Pérugin, et même que, selon le témoignage
de Sandrart, des relations d’amitié se soient
établies entre deux génies si semblables.

La Sainte Famille mesure 0m138 de haut sur
0m205 de large. Ajoutons que dans le bas on
voit la marque M-j-S, qui dans tant de cas
forme plutôt, une présomption contre l’authen-
ticité des tableaux ou des dessins qui en sont
revêtus. Rien ne prouve que, dérogeant à ses
habitudes, Martin Schœn ait placé ici son rao-
 
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