N° 21 — 1874.
BUREAUX, 3, RUE LAFFITTE.
23 mai.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
Un an.
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
. 12 fr. | Six mois.
8 fr.
ACTES ET DOCUMENTS OFFICIELS
RAPPORT
AXJ MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE,
DES CULTES ET DES BEAUX-ARTS
Paris, le 7 mai 1874
Monsieur le ministre,
Vous avez bien voulu approuver le rapport en
date du (> mars dernier, où je proposais à Votre
Excellence de confier à quelques-uns de nos pein-
tres et de nos sculpteurs les plus éprouvés la dé-
coration de la basilique nationale de Sainte-Gene-
viève, décoration « où la légende de la patronne de
Paris se combinerait avec l’histoire religieuse de
la France. » Je me suis appliqué, monsieur le mi-
nistre, à étudier avec M. Louvet,, architecte de
Sainte-Geneviève, les plus sages conditions d’exé-
cution de ce projet, et nous avons reconnu que,
pour le mettre d’accord avec la grandeur et l’unité
vraiment admirables du monument, il convenait
de morceler le moins possible l'ensemble des tra-
vaux et de confier à un seul artiste chacune des
parois*de la croix latine dont il affecte la forme.
Ce n’est pas que le système régulier de colonnes
engagées qui règne sans intermittence, à inter-
valles rapprochés et étroits, autour de l’édilice,
n’offrît de graves difficultés à vaincre; mais j’ai
proposé à M. l’architecte, qui a bien voulu accep-.
ter ma solution, de faire passer les compositions,
par ûne sorte d'illusion de perspective, à l'arrière
des colonnes, ce qui a permis de prolonger chacune
des compositions dans trois entre-colonnements.
Le quatrième entre-colonneinent de chaque paroi,
isolé de l’axe principal, tout en restant livré à la
même main d’artiste, sera le cadre d’un sujet spé-
cial.
Quant aux deux panneaux avec archivolte qui
sont voisins des portes, aux deux chapelles de la
Vierge et de sainte Geneviève et à l’abside, ils of-
1 fraient naturellement des places dietinctes propres
à la peinture, et qui ont pu être confiées à des
artistes différents.
Le bandeau général à la hauteur de l’imposte
des arcades dé l’entrée, qui coupe les ontre-colon-
nements aux deux tiers de leur hauteur et règne
tout autour de l’édifice, divisait forcément les pa-
rois en deux systèmes de sujets, et la zone supé-
rieure nous a paru propre à un immense déroule-
ment de processions de personnages- sacrés, pen-
sée très-convenable à une église où les reliques de
la sainte ont motivé dans tous les siècles des pro-
cessions traditionnelles. La condition essentielle
d’harmonie, plus indispensable ici que dans la dé-
coration des chapelles isolées d’une même église,
a exigé que la partie de ces processions qui domine
sur chaque paroi les grandes compositions infé-
rieures, fût confiée au même peintre que les com-
positions maîtresses.
Etant donné le thème accepté par vous, monsieur
le ministre, l’ordonnance générale des sujets à trai-
ter' découlait assez logiquement d’elle-même; et je
n’ai eu qu’à invoquer le bon aide de M. Bonnefoy,
doyen de Sainte-Geneviève, pour obtenir de lui,
dans le sens qu’il m’avait suffi de lui indiquer,
toute une série de motifs entre lesquels nous n’a-
vons eu qu’à choisir.
La prédication et le martyre de saint Denis, pre-
mier apôtre de Paris et comme introducteur du
christianisme dans les Gaules, m’ont semblé con-
venir aux deux panneaux avec archivolte qui se
trouvent à la droite et à la gauche de l’entrée de
l’église. Je vous proposerai de confier ces deux
sujets, le premier à M. Galland, le deuxième à M.
Bonnat.
La grande nef, dans tout son développement,
appartenait de droit aux traits principaux de la
vie de sainte Geneviève, patronne de l’édifice.
Le premier entre-colonnement à droite représen-
terait l’éducation de sainte Geneviève, et les trois
entre-colonnements suivants, réunis en une seule
composition, représenteraient la vie pastorale de
la jeune sainte. Je proposerai à Votre Excellence
de les confier à M. Puvis de Chavannes.
Le premier entre-colonnement à gauche repré-
BUREAUX, 3, RUE LAFFITTE.
23 mai.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
Un an.
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
. 12 fr. | Six mois.
8 fr.
ACTES ET DOCUMENTS OFFICIELS
RAPPORT
AXJ MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE,
DES CULTES ET DES BEAUX-ARTS
Paris, le 7 mai 1874
Monsieur le ministre,
Vous avez bien voulu approuver le rapport en
date du (> mars dernier, où je proposais à Votre
Excellence de confier à quelques-uns de nos pein-
tres et de nos sculpteurs les plus éprouvés la dé-
coration de la basilique nationale de Sainte-Gene-
viève, décoration « où la légende de la patronne de
Paris se combinerait avec l’histoire religieuse de
la France. » Je me suis appliqué, monsieur le mi-
nistre, à étudier avec M. Louvet,, architecte de
Sainte-Geneviève, les plus sages conditions d’exé-
cution de ce projet, et nous avons reconnu que,
pour le mettre d’accord avec la grandeur et l’unité
vraiment admirables du monument, il convenait
de morceler le moins possible l'ensemble des tra-
vaux et de confier à un seul artiste chacune des
parois*de la croix latine dont il affecte la forme.
Ce n’est pas que le système régulier de colonnes
engagées qui règne sans intermittence, à inter-
valles rapprochés et étroits, autour de l’édilice,
n’offrît de graves difficultés à vaincre; mais j’ai
proposé à M. l’architecte, qui a bien voulu accep-.
ter ma solution, de faire passer les compositions,
par ûne sorte d'illusion de perspective, à l'arrière
des colonnes, ce qui a permis de prolonger chacune
des compositions dans trois entre-colonnements.
Le quatrième entre-colonneinent de chaque paroi,
isolé de l’axe principal, tout en restant livré à la
même main d’artiste, sera le cadre d’un sujet spé-
cial.
Quant aux deux panneaux avec archivolte qui
sont voisins des portes, aux deux chapelles de la
Vierge et de sainte Geneviève et à l’abside, ils of-
1 fraient naturellement des places dietinctes propres
à la peinture, et qui ont pu être confiées à des
artistes différents.
Le bandeau général à la hauteur de l’imposte
des arcades dé l’entrée, qui coupe les ontre-colon-
nements aux deux tiers de leur hauteur et règne
tout autour de l’édifice, divisait forcément les pa-
rois en deux systèmes de sujets, et la zone supé-
rieure nous a paru propre à un immense déroule-
ment de processions de personnages- sacrés, pen-
sée très-convenable à une église où les reliques de
la sainte ont motivé dans tous les siècles des pro-
cessions traditionnelles. La condition essentielle
d’harmonie, plus indispensable ici que dans la dé-
coration des chapelles isolées d’une même église,
a exigé que la partie de ces processions qui domine
sur chaque paroi les grandes compositions infé-
rieures, fût confiée au même peintre que les com-
positions maîtresses.
Etant donné le thème accepté par vous, monsieur
le ministre, l’ordonnance générale des sujets à trai-
ter' découlait assez logiquement d’elle-même; et je
n’ai eu qu’à invoquer le bon aide de M. Bonnefoy,
doyen de Sainte-Geneviève, pour obtenir de lui,
dans le sens qu’il m’avait suffi de lui indiquer,
toute une série de motifs entre lesquels nous n’a-
vons eu qu’à choisir.
La prédication et le martyre de saint Denis, pre-
mier apôtre de Paris et comme introducteur du
christianisme dans les Gaules, m’ont semblé con-
venir aux deux panneaux avec archivolte qui se
trouvent à la droite et à la gauche de l’entrée de
l’église. Je vous proposerai de confier ces deux
sujets, le premier à M. Galland, le deuxième à M.
Bonnat.
La grande nef, dans tout son développement,
appartenait de droit aux traits principaux de la
vie de sainte Geneviève, patronne de l’édifice.
Le premier entre-colonnement à droite représen-
terait l’éducation de sainte Geneviève, et les trois
entre-colonnements suivants, réunis en une seule
composition, représenteraient la vie pastorale de
la jeune sainte. Je proposerai à Votre Excellence
de les confier à M. Puvis de Chavannes.
Le premier entre-colonnement à gauche repré-