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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 3
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Lagrange, Léon: Bulletin mensuel: Février 1866
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0305

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BULLETIN MENSUEL.

293

nale. Est-il pour l’arl un stimulant plus actif que ce double privilège de la publicité et
de l’étude accordé aux maîtres vivants? Les honneurs du Luxembourg! Si l’État se
donne la mission d’encourager l’art contemporain, quel ressort dans ses mains que ce
brevet de gloire,dispensé avec discrétion! Il est permis, sans se montrer fanatique de
réglementation, il est permis, ce me semble, de solliciter pour le musée de l’École
moderne l’aumône d'un seul article prenant force de loi: — « Les honneurs du Luxem-
bourg ne seront accordés après chaque salon, à titre de récompense nationale, qu’aux
œuvres spécialement désignées par le jury; mais, une fois accordés, ils seront inalié-
nables jusque cinq ans après la mort du titulaire. »—Alors, ce principe adopté, on
pourrait inviter, non-seulement les présidents du Corps Législatif et du Sénat, mais
tous les ministres à ouvrir chez eux des succursales aux autres acquisitions de l’État :
une publicité plus restreinte récompenserait suffisamment des œuvres de moindre
portée. Le Luxembourg garderait, avec ses trésors d’art, intacts, l’inviolable dépôt des
grandes traditions de l’École française.

Les destinées de l’art contemporain préoccupent avec raison tous ses amis. Si nos
informations sont exactes, l’Académie des Beaux-Arts aurait été saisie, à ce sujet, de
quelques propositions auxquelles le caractère et le talent de leur auteur prêtent une
singulière autorité. L’artiste qui suppliait l’Académie de faire acte de vie en les
adoptant, est de ceux que n’elfrave pas la mêlée de la vie publique, et que Ton voit,
aujourd'hui encore, affronter hardiment les chances des Salons annuels. Mais ce n’est
pas sans reconnaître quels dangers court le bon grain dans ces moissons d’ivraie.
L’en séparer pour lui rendre son prix et sa puissance fécondante, tel serait l’objet de la
première proposition. Si l’État ne croit pas déroger à la liberté des théâtres en patron-
nant certaines scènes privilégiées où sa subvention maintient le niveau de l’art
dramatique, pourrait-il refuser son concours, ou tout au moins son autorisation, à
certaines expositions partielles qui seraient à l’Exposition des Champs-Élysées ce que
le Théâtre-Français est aux théâtres secondaires? En d’autres termes (et il va long-
temps qu’on Ta dit ici), pourquoi l’Académie des Beaux-Arts n’aurait-elle pas ses
expositions réservées? La réunion d’œuvres choisies, faites plus exclusivement au
point de vue de l’art par des maîtres dans la maturité de leur talent, aurait-elle moins
d’attrait pour le public que l’exhibition des premières fleurs du talent nouveau-né?
Bappelons-nous avec quel empressement la foule s’est portée à l’exposition posthume
des œuvres d’Hippolyte Flandrin. 11 en serait de même, si les salles du quai Malaquais,
évidemment prédestinées à cet usage, recevaient tous les deux ou trois ans les
œuvres des membres de l’Institut désignées par eux comme les meilleures. A côté
des tableaux et des statues viendraient se placer les ébauches, les esquisses, les études
d'après nature, les 'cartons, les dessins, tout cet élément confidentiel dont le public
apprécie aujourd’hui la saveur, où les artistes puisent de si bonnes leçons.

Mais M. Lehmann, je puis le nommer, ne voudrait pas restreindre aux seuls membres
de l’Institut le salon de l'Académie. Il y appellerait volontiers les artistes qui marchent
depuis longtemps ou qui font leurs premiers pas dans les voies sympathiques à l’Aca-
démie, méritant et désirant les témoignages de cette sympathie. Ainsi se trouverait
formée ipso facto, sous l’œil et le contrôle des académiciens actuels, une pépinière de
futurs académiciens. L’auteur du mémoire, comprenant la portée d’un tel fait, invite
l’Académie à modifier son règlement intérieur, de façon à créer pne classe d’agrégés
où elle se recruterait plus facilement, avec moins de périls pour sa dignité propre et
 
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