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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 25.1882

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Nr. 3
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Clément de Ris, Louis: Le surintendant Foucquet, par Edmond Bonnaffé
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https://doi.org/10.11588/diglit.24257#0320

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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choses de l’art; mais j'appelle particulièrement leur attention sur les
preuves mêmes, sur les pièces justificatives qui viennent corroborer ses as-
sertions de la façon la plus positive. Ces huit inventaires, prisées, estima-
tions, dans leur brève et sèche nomenclature, démontrent péremptoire-
ment et sans phrases qu’après Mazarin personne ne poussa plus loin le
penchant pour les collections, personne ne le satisfit d'une façon plus
élevée et plus somptueuse, personne ne dépensa plus libéralement —
disons le mot : plus royalement — de plus larges ressources au service
de ce penchant. Les Italiens savaient déjà tout ce que des collections d'art
ajoutent d’éclat à la puissance et de charme à la fortune ; Foucquet pa-
raît être le premier à l’avoir compris chez nous. En tout cas, il l'a fait
comprendre — à ses dépens, le malheureux ! — au souverain le plus
orgueilleux qui fut jamais.

Mais ce livre a un mérite plus élevé. Au point de vue de notre his-
toire, il confirme un fait d’une importance capitale et qu’on entrevoit de
plus en plus à mesure qu’on pénètre dans l’étude du siècle de Louis XIV.
C’est que l'initiative du magnifique mouvement intellectuel qui a gardé le
nom du souverain qui y a présidé est due à Foucquet. Il en a été le pro-
moteur, il en a formé les premiers instruments, il les a mis en valeur
avec un tact incomparable. Louis XIV et Colbert n’ont fait que continuer
l’entreprise sans y rien modifier. « Versailles et les Gobelins, dit M. Bon-
naffé, à qui un pareil fait ne pouvait échapper, sont les héritiers directs do
Vaux-le-Vicomte et de Maincy; l’honneur de l’initiative appartient à
Foucquet, c’est lui qui a donné l’exemple et montré le chemin. » Louis XIV
prit à sa solde une armée admirablement organisée, qui était partie en
campagne avant lui et dont il n’avait pas formé les cadres. Le discerne-
ment dont il a fait preuve dans le maniement de cette armée, le bon
sens avec lequel il a maintenu les plans primitifs constituent un mérite
rare et qu’il ne faut pas déprécier ; mais enfin c’est un mérite secondaire
si on le compare à celui qui a présidé à la formation ,des cadres, à la
recherche des lieutenants, au développement de leurs aptitudes, au choix
du terrain et à l’engagement des premières brigades.

Plus on étudie Louis XIV, plus on sent que chez lui le souvenir du sur-
intendant fut toujours présent, qu’il fut toujours hanté par le fantôme de
sa prodigalité accueillante et habile ; plus on devine la préoccupation d’ef-
facer dans la mémoire des contemporains le souvenir des fêtes de Saint-
Mandé et de Vaux ou du moins d’en éclipser les magnificences. Je ne
blâme pas Louis XIV. Il était roi, prenait son métier au sérieux et avait
raison d’agir ainsi. Mais, je le répète, s’il a rempli si consciencieusement
les devoirs de représentation extérieure imposés à la royauté, c’est àFouc-
 
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